Oscar Niemeyer, le grand architecte brésilien, est mort
Le grand architecte brésilien Oscar Niemeyer s'est éteint mercredi à l'âge de 104 ans à l'hôpital Samaritano de Rio où il était hospitalisé depuis le 2 novembre. Il aurait dû fêter ses 105 ans le 15 décembre prochain. En 70 ans de carrière, il a participé à la réalisation de plus de 600 ouvrages dans le monde. Une vingtaine sont encore en cours de réalisation dans divers pays.
Niemeyer "est décédé à 21h50" (locales, soit 23h50 GMT), a déclaré la porte-parole de l'hôpital Samaritano. L'architecte "a présenté une aggravation de son infection respiratoire, qui a provoqué son décès", a précisé l'hôpital.
Une veillée mortuaire sera organisée à Brasilia jeudi après-midi dans le Palais du Planalto, siège du gouvernement fédéral, un bâtiment construit par Niemeyer. Le corps sera ensuite rapatrié à Rio pour les obsèques vendredi.
Une figure majeure de l'architecture
Oscar Niemeyer est une figure majeure de l'histoire de l'architecture moderne. Il a conçu les bâtiments phare de la capitale Brasilia, inaugurée en 1960, un travail pour lequel il a été récompensé par le Pritzker (le Nobel de l'architecture) en 1988.
L'architecture internationale
Né en 1907 dans une famille bourgeoise d'origine allemande, portugaise et arabe, Oscar Niemeyer étudie l'architecture aux Beaux Arts à Rio, un enseignement qu'il juge trop classique. Il s'intéresse à l'architecture moderne internationale, européenne et nord-américaine, de Walter Gropius à Frank Lloyd Wright en passant par Ludwig Mies van der Rohe ou Le Corbusier. Il fait un stage dans l'agence de l'architecte Carioca. En 1936, il participe au groupe ayant oeuvré à la conception du nouveau siège du ministère de l'Education et de la Santé à Rio de Janeiro pour le gouvernement de Getúlio Vargas. En 1952, il travaille avec Le Corbusier sur le projet du siège de l'ONU à New York.
En 1956, Niemeyer participe à la création de la nouvelle capitale administrative du Brésil. Il conçoit les principaux équipements publics de la ville, dont la cathédrale, le Congrès National du Brésil, les ministères, où il allie la légèreté du verre et la brutalité du béton. Brasilia, inaugurée le 21 avril 1960, lui assure une notoriété internationale.
Son style en rondeurs était inspiré, disait-il, par les courbes des Cariocas, des plages où elles prennent le soleil et des pains de sucre qui les entourent. "Voilà l'architecture que je fais: la recherche de formes différentes et nouvelles. La surprise est la clé de tous les arts. Le potentiel artistique du béton armé est tellement fantastique. C'est la voie à suivre", disait-il, dans un entretien accordé en 2006 à Reuters.
Homme engagé, Niemeyer choisit l'exil en France lorsque le Brésil bascule dans la dictature militaire en 1964. Proche du PC, il construit le siège du parti à Paris, et celui du journal "L'Humanité" à Saint-Denis. Arrivé en 1967 en France, il donne à sa terre d'accueil près de vingt édifices, comme la Bourse du travail à Bobigny, ou le centre culturel Le Volcan du Havre.
Il avait aussi dessiné le Musée d'art contemporain de Niteroi (1996), près de Rio, célèbre pour sa forme de soucoupe volante.
Oscar Niemeyer avait obtenu en 1988 le Pritzker (Nobel d'architecture).
Le petit homme frêle au regard vif aimait se rendre tous les jours dans son atelier aux grandes baies vitrées donnant sur la plage de Copacabana. Depuis quatre ans, il ne se déplaçait plus qu'en chaise roulante, après une fracture du bassin. Au cours des dernières années, il avait été hospitalisé à plusieurs reprises, la dernière le 2 novembre en raison d'une déshydratation et pour la pose d'une sonde gastrique. Depuis, sa fonction rénale s'était détériorée, d'après son médecin.
Lors du dernier carnaval de Rio, l'architecte avait encore visité les travaux de rénovation du sambodrom qu'il avait construit il y a trente ans et où auront lieu certaines compétitions des Jeux Olympiques de 2016.
A plus de 100 ans, Niemeyer éditait encore la "Revista Nosso Caminho", trimestriel consacré à l'architecture, la littérature et l'art, avec sa femme Vera Lucia, 66 ans, qu'il a épousée à l'âge de 98 ans.
Hommages au Brésil et dans le monde
"Le Brésil a perdu un de ses génies et c'est un jour pour pleurer", a déploré la présidente Dilma Roussef, qualifiant aussi Niemeyer de "révolutionnaire" qui a toujours "rêvé d'une ,société plus égalitaire".
"Il est parti, mais restera toujours parmi nous, présent dans les lignes des bâtiments qu'il a plantés au Brésil et dans le monde", a écrit l'ex-président Lula.
Le gouverneur de Rio, Sergio Cabral, a décrété un deuil de trois jours dans l'Etat en hommage "au génie de l'architecture mondial, ferme dans ses convictions et aimé du peuple brésilien".
A Paris, la ministre de la Culture française, Aurélie Filippettei, a salué "un des très grands bâtisseurs de notre temps". "Courbes libres et sensuelles, malléabilité et poésie du béton armé, refus du fonctionnalisme comme du rationalisme : sa signature reconnaissable entre toutes est gravée dans le paysage institutionnel des grandes capitales et particulièrement en France, où il avait choisi de vivre dans les années 1970", rappelle-t-elle.
Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault lui a aussi rendu hommage, rappelant qu'Oscar Niemeyer n'avait jamais renié ses idéaux qui l'avaient conduit en exil en France.
Le maire de Paris Bertrand Delanoë a salué un "architecte immense, un travailleur infatigable, un grand témoin du siècle dernier".
À regarder
-
Maison Blanche : Donald Trump s'offre une salle de bal
-
Musée du Louvre : de nouvelles images du cambriolage
-
Traverser ou scroller, il faut choisir
-
Manuel Valls ne veut pas vivre avec des regrets
-
Nicolas Sarkozy : protégé par des policiers en prison
-
Piétons zombies : les dangers du téléphone
-
Tempête "Benjamin" : des annulations de trains en cascade
-
Femme séquestrée : enfermée 5 ans dans un garage
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Aéroports régionaux : argent public pour jets privés
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Cambriolage au Louvre : une nacelle au cœur de l'enquête
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter