Charlie Hebdo reçoit un prix à New York
Applaudis par 800 convives debout, deux journalistes de Charlie Hebdo ont reçu mardi à New York un prix célébrant la liberté d'expression, quatre mois après l'attentat qui avait ensanglanté l'hebdomadaire satirique à Paris.
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Le prix de la société littéraire américaine PEN, qui a vocation à défendre les écrivains à travers le monde, a été remis à Gérard Biard, rédacteur en chef, et Jean-Baptiste Thoret, critique de cinéma du journal, lors d'un dîner de gala au Musée d'Histoire naturelle, en bordure de Central park.
Un dispositif de sécurité draconien a entouré la cérémonie. Des policiers avec des armes semi-automatiques étaient postés devant le bâtiment, d'autres surveillaient avec des chiens. Tous les invités devaient passer sous des détecteurs.
Parmi les convives, les écrivains Salman Rushdie, auteur des Versets sataniques, Alain Mabanckou, prix Renaudot 2006, l'actrice Glen Close, le journaliste du New Yorker Adam Gopnik, le dessinateur du même hebdomadaire Bob Mankoff, ainsi que Dominique Sopo, président de SOS Racisme, venu spécialement de France.
Tous les écrivains américains ne sont pas Charlie
Le prix décerné à Charlie Hebdo, quatre mois après l'attentat qui avait fait 12 morts dont cinq dessinateurs du journal à Paris, n'était pas du goût de tous. Six écrivains, dont l'Australien Peter Carey, deux fois lauréat du Booker Prize, avaient boycotté la soirée, voyant en Charlie Hebdo un journal islamophobe et intolérant.En outre, quelque 200 des 4000 membres du PEN avaient également signé une lettre protestant contre ce choix. Mais pour Salman Rushdie, il était "très important" d'être là. "Car des artistes ont été tués pour leur art, et le PEN est une organisation qui défend le droit des artistes de parler de tout", a-t-il expliqué.
"Nous sommes obligés d'être là, c'est une question de courage, on va célébrer le courage exceptionnel de Charlie Hebdo", confiait aussi Adam Gopnik. "C'est important de continuer à défendre le principe de la libre expression", a aussi déclaré Salman Rushdie à l'AFP. Et il a vivement critiqué ceux hostiles au choix de Charlie Hebdo. "Ils sont fous, idiots et ignorants. Ils ne connaissent pas le français, ils n'ont jamais vu Charlie. Je suis très déçu, car plusieurs sont mes amis."
Anti-charlisme, "ignorance" ou "confusion" ?
Jean-Baptise Thoret a voulu y voir une simple "confusion". "C'est le principe de la liberté d'expression qui est honoré ici, pas le contenu de Charlie Hebdo", a-t-il expliqué à l'AFP, ne se disant pas choqué par une controverse qui selon lui reflète "une ignorance de ce qu'est le journal, et de la tradition satirique en France".Cette remise de prix est intervenue 48 heures après une attaque au Texas, visant un concours de dessins du prophète Mahomet organisé par une activiste anti-islam, Pamella Geller. "On n'a pas grand chose en commun avec elle", a déclaré Gérard Biard. Elle avait "organisé un concours de dessins anti-islamiques pour dénoncer l'islamisation du monde occidental. Nous on fait notre boulot, quand l'islam est dans l'actualité on en parle, autrement on parle de Sarkozy, de Le Pen, etc."
Et il a évoqué une étude de 500 couvertures de Charlie Hebdo par des sociologues, selon laquelle seulement sept de ces couvertures avaient été consacrées au prophète. Avant qu'il ne prenne la parole devant les 800 convives du PEN, Dominique Sopo avait insisté, auprès du public largement américain, sur l'engagement de Charlie Hebdo, de tout temps, contre toute les formes de racisme.
Garard Biard s'est dans son discours dit "très fier", de la récompense du PEN, à un "petit journal satirique, qui jusqu'au 7 janvier était inconnu dans la plus grande partie du monde" et luttait pour sa survie. "En une demi-heure de violence sanglante, nous sommes devenus un symbole international. L'incarnation de la liberté d'expression et de conscience. Nous sommes devenus des héros (..) Mais nous ne pouvons pas être les seuls à symboliser des valeurs qui appartiennent à tous. Tous les citoyens du monde devaient les défendre pour lutter contre l'obscurantisme politique et religieux".
"Plus nous sommes nombreux, plus ils sont faibles", a-t-il ajouté sous les applaudissements.
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