Des migrants aux aveugles, le jeu vidéo à message se développe
Les jeux vidéo "à message" se multiplient : se mettre dans la peau d'un migrant, d'un civil en guerre, d'un aveugle. De petits studios de création indépendants, comme le français DOWiNO, cherchent à donner du sens à la première industrie culturelle mondiale.
"C'est un peu une évolution normale pour un média. Prenez la BD, dans les années 1950 elle était cantonnée à un loisir pour enfant ou adolescent. Puis il y a eu 'Maus', où les juifs sont des souris et les nazis des chats. En jeu vidéo, on vit la même évolution", explique Florent Maurin, un ancien journaliste qui s'est lancé à Paris dans la création de "jeux du réel".
Les joueurs ont vieilli
C'est une "tendance de fond", confirme Julien Villedieu, secrétaire général du Syndicat national du jeu vidéo (SNJV), en France. Car les joueurs ont vieilli (41 ans en moyenne) : ils cherchent aussi du fond dans un jeu et pas seulement à appuyer sur la gâchette ou conduire des karts.En témoignent les succès récents de certains jeux comme "This war of mine", où le joueur n'est plus dans la peau d'un guerrier mais d'un civil sous les bombes; "Papers, please", l'histoire d'un garde-frontière dans la République imaginaire d'Arstotzka ou "That Dragon, cancer". Bouleversant, ce dernier raconte le combat d'un petit garçon, Joël, atteint d'une leucémie incurable. Il est basé sur l'histoire du fils d'Amy et Ryan Green, les concepteurs américains de ce jeu.
"A Blind Legend", l'histoire d'un chevalier aveugle
Dans ce nouveau paysage, la France n'est pas en reste avec quelques pépites comme "A Blind Legend", l'histoire d'un chevalier aveugle. Initialement conçu pour les personnes malvoyantes, le jeu a finalement été téléchargé plus d'un demi-million de fois. "Dans ce jeu sur mobile en 'free to play', tu te diriges uniquement au son 3D", raconte Pierre-Alain Gagne, cofondateur de DOWiNO, un studio de création basé à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon (centre-est), qui a conçu cette application. Ce studio est un ovni dans le secteur : c'est une société coopérative fondée fin 2013 par trois trentenaires dont l'objectif unique est de faire des jeux à intérêt général.Les seuls à avoir poussé la démarche aussi loin. Installés sur le "Pôle pixel" de Villeurbanne, ils ont pour clients une marque de papier éco-responsable, une association de protection de l'enfance, etc. Mais ils auto-produisent aussi des jeux grâce au financement participatif. Leur prochain gros projet : "Smokitten", un jeu pour arrêter de fumer. "Il y a un petit chat qui a arrêté la clope et il va falloir l'occuper pour qu'il ne rechute pas. Il y a aura des actions de défoulement et de relaxation. Au fil du jeu, si le chat (et donc le joueur) tient, l'île sur laquelle il est va petit à petit se régénérer", explique Pierre-Alain Gagne.
"Pas de modèle économique"
A Paris, Florent Maurin prône lui les "jeux du réel" avec The Pixel Hunt. Après avoir conçu des jeux pour des sites de journaux ou des chaînes de télévision, il compte lancer en juin son premier produit payant. "Enterre-moi, mon amour", un nom inspiré d'une expression arabe pour dire à la personne qu'on aime qu'on préfère mourir avant elle. "Ce jeu s'inspire d'un papier du Monde.fr 'Le voyage d'une migrante syrienne à travers son fil WhatsApp'. Un couple de Syriens est séparé : lui reste, elle part vers l'Europe car toute sa famille est morte. Le joueur va se mettre dans la peau de celui qui reste et va tenter de donner les meilleurs conseils à sa fiancée pour qu'elle puisse rejoindre l'Europe", détaille Florent Maurin qui espère pouvoir financer ce jeu sur ses fonds propres avec l'aide du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC).Pour l'heure, aucun grand nom de l'industrie ne s'est positionné sur ce créneau car "il n'y a pas encore de modèle économique", observe-t-on au SNJV. Certes, "A Blind Legend" a dégagé une marge nulle. Mais pour ces trentenaires engagés, l'objectif est d'avoir de quoi se développer et se rémunérer, rien de plus.
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