"Dis-moi comment tu marches, je te dirai qui tu es" : au musée des Arts décoratifs de Paris, une exposition dévoile la chaussure sous toutes ses coutures
L'exposition "Marche et démarche" explore l'histoire de la chaussure, des souliers inconfortables du XVIIIe siècle aux sneakers d'aujourd'hui.
/2019/11/15/phpjnPtwr.jpg)
Dans le petit salon spécialement aménagé au milieu des vitrines du musée, Charlotte a enlevé ses chaussures pour essayer un modèle exposé, datant du XVIIe siècle. Il s'agit bien sûr d'une copie mise à disposition des visiteurs. Et ce n'est pas très pratique. "Là, j'ai pris d'un coup une vingtaine voire une trentaine de centimètres. Je vais essayer d'avancer avec mais c'est très périlleux. Je préfère me tenir", confie Charlotte, avant de faire quelques pas. "On se rend vraiment compte que tout est fait pour empêcher les femmes de bouger. C'est très très contraignant, il faut s'appuyer sur quelqu'un, autrement c'est pas possible, je pense qu'on se casse la jambe."
/2019/11/15/phprys2F7.jpg)
Jusqu'au 23 février 2020, le musée des Arts décoratifs de Paris raconte l'histoire de la chaussure, avec une exposition intitulée "Marche et démarche". Près de 500 exemplaires sont rassemblés, de la fin du XIVe siècle à nos jours, mais ils ne sont pas rangés par ordre chronologique. Les chaussures sont présentées des plus plates jusqu'aux plus hautes, de 20 à 50 centimètres.
Des chaussures très inconfortables
Premier enseignement de cette exposition : les chaussures n'ont pas été faites pour marcher. "L'aristocratie au XVIIIe siècle et la grande bourgeoisie au XIXe siècle portaient des chaussures avec lesquelles il était difficile, voire impossible, de marcher", explique Denis Bruna, commissaire de l'exposition. "Ils considéraient que la rue n'était pas faite pour eux donc les chaussures n'étaient même pas conformes à la forme du pied. D'ailleurs, les femmes françaises se bandaient les pieds pour pouvoir les glisser dans les escarpins les plus étroits, qui faisaient parfois 4 à 5 centimètres de large maximum. Par exemple, si on regarde Cendrillon, elle a un tout petit pied parce que c'est signe de haute aristocratie."
Pendant plusieurs siècles, les classes supérieures de la société ne marchaient pas.
Denis Brunaà franceinfo
Même les sabots étaient un peu plus confortables, du moins ils autorisaient la marche. Pendant trois siècles, on a donc vraiment souffert dans nos chaussures. "L'exposition montre qu'on a travaillé sur des chaussures singulières pour des marches et des démarches particulières", continue le commissaire de l'exposition. "Pour le sport, pour la danse et pour l'armée, ce sont des chaussures de ville d'abord, au XVIIIe siècle, on utilise exactement les mêmes chaussures. Progressivement, on va travailler pour les rendre de plus en plus performantes. Par exemple, la chaussure de marche pour l'armée va apparaître à la fin du XIXe siècle avec Alexis Godillot. Aujourd'hui, c'est la mode qui a repris la chaussure de danse pour en faire la ballerine. Autre exemple, les chaussures de sport, les sneakers, sont devenues des chaussures très quotidiennes."
Des chaussures pour tous les jours ou bien pour marcher sur la lune, pour un numéro de clown, pour entretenir le fétichisme, ou plus simplement pour séduire... "Dis-moi comment tu marches, je te dirai qui tu es", c'est la promesse de Denis Bruna pour cette exposition au musée des Arts décoratifs de Paris.
À regarder
-
Robert Badinter : une vie de combats
-
La tombe de Robert Badinter profanée à Bagneux
-
Accord Hamas-Israël, la joie et l’espoir
-
"Qu’on rende universelle l'abolition de la peine de mort !"
-
Guerre à Gaza : Donald Trump annonce qu'Israël et le Hamas ont accepté la première phase de son plan
-
Les "MedBeds, ces lits médicalisés qui affolent les complotistes
-
Robert Badinter : le discours qui a changé leur vie
-
Nouveau Premier ministre, retraites : les temps forts de l'interview de Sébastien Lecornu
-
Lennart Monterlos, détenu en Iran depuis juin, a été libéré
-
Charlie Dalin : sa course pour la vie
-
La mère de Cédric Jubillar se dit rongée par la culpabilité
-
Le convoi du président de l'Équateur attaqué par des manifestants
-
Le discours de Robert Badinter pour l’abolition de la peine de mort en 1981
-
Pourquoi les frais bancaires sont de plus en plus chers ?
-
Oui, en trois ans, le coût de la vie a bien augmenté !
-
Pas de Pronote dans ce collège
-
Robert Badinter : une vie de combats
-
Disparition dans l'Orne : la petite fille retrouvée saine et sauve
-
"L’antisémitisme est devenu une mode", déplore Delphine Horvilleur
-
"Une pensée de l'espoir" nécessaire pour Delphine Horvilleur
-
Ils ont le droit à l’IA en classe
-
"Il y a un monde politique qui est devenu dingue. Il est temps que ça s’arrête. Ça va rendre fou tout le monde"
-
Pouvoir d'achat : les conséquences d'une France sans budget
-
Emmanuel Macron : le président lâché par les siens
-
Sébastien Lecornu : "Les ministres (...) n'auront pas le droit à des indemnités"
-
7-octobre : la douleur des Israéliens
-
Élection presidentielle anticipée ? La réponse de B. Retailleau
-
Tirs de kalachnikov : la balle frôle la tête d'une fillette
-
La dépénalisation de l'homosexualité, l'autre combat de Robert Badinter
-
Des mineures pr*stituées issues de l’ASE
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter