Exposition : Rodin s'invite chez Bourdelle pour un corps à corps spectaculaire entre les deux sculpteurs
Ces deux artistes fascinés par le corps et la matière sont confrontés dans une exposition particulièrement riche au musée Bourdelle à Paris.
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Du 2 octobre au 2 février 2025, le musée Antoine Bourdelle à Paris accueille en ses murs un autre grand nom de la sculpture, Auguste Rodin, pour une exposition baptisée Corps à corps. Elle réunit quelque 160 œuvres dont 60 prêtées par le musée Rodin.
Auguste Rodin est né en 1840 à Paris. Émile-Antoine Bourdelle à Montauban en 1861. 21 ans les séparaient mais au début du XXe siècle, chacun contribua à sa manière à une "révolution du regard". La confrontation de leurs œuvres permet de souligner ce qui les rapprochait et ce qui, dans leur travail, divergeait fondamentalement.
Pas de maître, pas d'élève
Ophélie Ferlier Bouat, la directrice du musée commence par expliquer que "le premier cliché à déconstruire est celui-ci : Bourdelle n'a jamais été l'élève de Rodin. Il a travaillé pour lui entre 1893 et 1907". Elle précise qu'"il a taillé une dizaine de marbres pour le maître en embauchant à son tour des aides". Leur relation est forcément dissymétrique, Rodin étant déjà un artiste reconnu quand Bourdelle cherche encore à l'être.
Dans la section baptisée "L'âme du matériau", l'exposition dévoile comment Bourdelle devint les "mains" de Rodin, transcrivant dans la pierre des modèles en plâtre créés par le maître. Il avait repéré l'habileté de son cadet au Salon de la Société des Beaux-Arts de 1892. Assailli de commandes, il l'avait alors sollicité pour l'aider. "Tous deux préféraient l'éclat de la pierre calcaire au marbre plus brillant", explique l'une des commissaires.
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En 1902, des tensions apparaissent entre les deux sculpteurs. Le jeune Bourdelle voudrait ajouter sa marque à ces créations et propose de le seconder auprès des fondeurs. Auguste Rodin le remet alors à sa place de simple exécutant, de praticien.
Leur collaboration durera encore quelques années mais en mars 1908, Bourdelle écrit ces lignes : "J'ai en ce moment beaucoup de travaux. Je n'ai plus besoin de travailler pour Rodin, je vends beaucoup". L'une des plus belles pièces de l'exposition est la statue d'Ève au rocher. Pressé par Rodin, Bourdelle y travaille ponctuellement à partir de 1901 et restitue jusqu'aux imperfections de la peau, quelques grammes de cellulite sous l'épiderme translucide de la jeune femme. "C'est un hymne à la chair", s'enthousiasme Jérôme Godeau, l'un des cinq (oui, cinq) commissaires de l'exposition.
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L'exposition propose ensuite une confrontation étonnante : un face à face entre la collection personnelle de Rodin et celle de Bourdelle. Dans sa villa des Brillants à Meudon, Rodin avait réuni plus de 6 000 œuvres. Moins à l'aise financièrement, Bourdelle lui, aimait chiner auprès des antiquaires à Paris et en province. Les œuvres acquises ont très certainement été une source d'inspiration, pour l'un comme pour l'autre.
Les commissaires ont choisi au sein de ces collections privées des pièces qui traduisent des goûts et des références communes. Les deux sculpteurs admiraient par exemple tous les deux l'art antique, les figures hindoues et japonaises ou encore les sculptures médiévales. Protégée dans une petite vitrine, un merveilleux ex-voto conçu par Bourdelle en 1916 : une statuette représentant Sainte-Barbe. Il l'a conçue à la demande de son beau-frère qui souhaitait protéger son jeune frère envoyé au front pendant la Première Guerre mondiale.
Le corps en morceaux
Le visage, la main, le torse... Rodin est le premier sculpteur à conférer une légitimité à ces fragments. Un morceau pour dire le tout. L'exposition met en regard ces corps morcelés avec le traitement propre à chacun des deux artistes.
Ce que l'on pourrait appeler "la galerie des torses" impressionne par la force qui se dégage de ces pièces monolithiques. Le torse du Grand guerrier de Bourdelle est le plus radical. Brut et synthétique.
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Leur réflexion commune sur le socle des statues, leur travail dans le domaine de l'architecture et de la sculpture monumentale, leurs dessins... il faut prendre le temps de s'attarder dans chacune des pièces de cette présentation extrêmement riche. À la manière de ces hommes qui marchent, point d'orgue et point final de l'exposition.
Elle sera ensuite présentée à La Piscine, le musée de Roubaix, du 1er mars au 25 juin 2025.
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