A la Fondation Louis Vuitton, le fabuleux destin de la Collection Morozov
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Cinq ans après l’exposition Chtchoukine, 200 chefs-d’œuvres de la Collection Morozov arrivent de Russie et s’installent pour cinq mois à la Fondation Louis Vuitton, à Paris. Retour sur l’histoire fascinante et mouvementée du fabuleux héritage artistique laissé au début du XXe siècle par ces riches industriels moscovites…
Moscou, au tout début du XXe siècle, le somptueux palais d’Ivan Morozov se visite comme un musée d’art dit "moderne", car il accueille non seulement l’avant-garde des jeunes peintres russes, mais aussi et surtout, toutes les futures grandes stars parisiennes de l’art "en train de se faire"...
Des collectionneurs visionnaires
Touche à touche sur les murs des différents salons, il y a ces artistes qui se vendent déjà très cher, ces impressionnistes reconnus comme Manet, Monet, Degas ou Renoir… Et puis il y a les petits nouveaux de la scène d’avant-garde comme Cézanne, Gauguin, Matisse, ou Picasso… Et leurs oeuvres sont encore très abordables : seulement 300 francs pour Les deux saltimbanques de Pablo Picasso (qui figure aujourd’hui sur l’affiche de l’exposition). Ce jour -là Yvan Morozov a fait une belle affaire.
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Riches industriels dans le textile, les frères Mikhaïl et Yvan Morozov sont des collectionneurs visionnaires, particulièrement bien conseillés par les marchands français de l’époque, Ambroise Vollard ou Paul Durand-Ruel. Et à Moscou, ces collectionneurs-mécènes font des paris osés, comme de demander au peintre Maurice Denis d’orner l’ensemble du salon de musique avec d’immenses panneaux roses flashy et sensuels ! Cela va choquer la bonne société moscovite, mais contribuer à créer leur légende.
Dans la tourmente de la Révolution
Philanthropes, progressistes convaincus et soucieux du bien-être au quotidien de leur personnel, les Morozov vont pourtant subir de plein fouet la Révolution russe de 1917. Dès 1918, les bolchéviques vont nationaliser le palais moscovite des deux frères, de même que l’ensembles des collections, qui s’élèvent à l’époque à près de 600 chefs- d’œuvres, tableaux, sculptures.
Au début, l’ancien hôtel particulier d’Yvan Morozov, devenu Musée d’art moderne occidental se visite, et il reçoit même des soldats de l’Armée Rouge. Mais ça, c’était avant que Staline ne déclare la guerre à la culture bourgeoise venue d’occident. Rapidement, l’art moderne français est considéré comme un Art "dégénéré" - le terme apparaît en Russie dès 1927- 10 ans avant que les nazis ne l’utilisent. Et alors que les Morozov sont exilés depuis longtemps en Europe, Staline ordonne que les tableaux soient décrochés des cimaises pour les détruire.
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Finalement, ils seront roulés, et expédiés en Sibérie où ils resteront entreposés pendant plusieurs décennies dans des conditions catastrophiques, par moins 40 degrés. Avec ce froid terrible, les peintures vont énormément souffrir et certaines ne seront jamais restaurables. C’est le cas de la plupart des tableaux de Van Gogh et de Gauguin qui, faute d’argent, travaillaient tous les deux de mauvais pigments sur des supports ultra-fragiles.
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Une collection devenue mythique
Après Staline et le dégel de l’URSS, ce qui reste de la légendaire collection Morozov va être réparti entre le musée de l’Ermitage à Saint Petersbourg, et à Moscou, les Musées d’Etat Pouchkine et Trétiakov. Rescapées du froid et du communisme, ces œuvres sont devenues un trésor d’état, et demeurent unanimement considérées comme l’une des plus belles collections au monde.
Aujourd’hui, cinq ans après avoir prêté la remarquable collection Chtchoukine, (grâce à d’excellents contacts et au mécénat pro-actif de LVMH), ces grandes institutions russes consentent à nouveau le prêt extraordinaire de 200 chefs-d’oeuvres à la Fondation Vuitton.
Une exposition aussi émouvante qu’historique. C’est la première fois en effet, depuis la Révolution Russe, que les œuvres de cette fabuleuse collection sont rassemblées dans un même lieu, comme à l’époque d’Yvan et de Mikhaïl Morozov. Et c’est en France, à Paris, que ce petit miracle artistique a lieu.
"La Collection Morozov. Icônes de l'Art Moderne"
Fondation Louis Vuitton
8 avenue du Mahatma Gandhi, 75016 Paris
01 40 69 96 00
Du 22 septembre 2021 au 22 février 2022
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