Basquiat à la Fondation Louis Vuitton : un génie fulgurant obsédé par le racisme et la mort
Jean-Michel Basquiat est mort à 27 ans, victime d'une overdose. Cet artiste météore a laissé près d'un millier de tableaux et plus de 2000 dessins. La Fondation Louis Vuitton, à Paris, lui consacre une exposition exceptionnelle. Sur cinq étages, une centaine de ses oeuvres, élaborées entre 1980 et 1988, sont présentées. Deux thèmes reviennent en permanence : le racisme et la mort.
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Jean-Michel Basquiat appartient au triste club des 27. Comme Jimmy Hendrix, Jim Morisson, Janis Joplin ou encore Kurt Cobain, ce peintre américain est mort à 27 ans. Il a succombé à une overdose d'héroïne et de cocaïne. Artiste météore, Basquiat est aujourd'hui l'un des peintres les plus cotés sur le marché de l'art. En 2017, un collectionneur japonais s'est offert l'un de ses tableaux pour la modique somme de 110,5 millions de dollars soit plus de 98 millions d'euros. Ce crâne sur fond bleu de près de deux mètres de haut est présenté à l'entrée de l'exposition.
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Reportage : Valérie Gaget, Alexis Jacquet, Julie Martin, Julien Cordier
Une oeuvre complexe
En moins de dix ans d'une carrière fulgurante, Basquiat a peint près d'un millier de tableaux. La fondation Louis Vuitton en présente une centaine, parmi les plus connus. On est surpris par leur grande taille. Certaines oeuvres, comme des rébus, sont composées de différents panneaux couverts de mots et de collages. La peinture de Basquiat est fondée sur un rythme, une sorte de rap visuel. Il utilise souvent des matériaux de récupération, des portes, des palettes. Il assemble plusieurs espaces, voire plusieurs toiles. Les éléments qui composent ses tableaux rebondissent d'une idée à une autre et l'ensemble fait sens. Une peinture complexe faite de multiples strates, de centaines de mots et de signes à décrypter. La petite couronne dorée, le copyright, les flèches noires réapparaissent ça et là, comme des fétiches.Le fardeau de l'homme noir
Deux thèmes reviennent constamment dans l'oeuvre de Basquiat : le racisme et la mort. Dans les années 70-80, New York était une ville particulièrement violente. Le peintre a lui-même souffert de discrimination. "Même à l'époque où il était connu et habillé de vêtements de créateur, les chauffeurs de taxi qu'il hélait dans la rue ne s'arrêtaient pas" explique le commissaire autrichien de l'exposition Dieter Buchhart. Basquiat évoque sur ses toiles l'histoire de l'esclavage. Ses têtes ont la forme de masques africains, la force brute des arts primitifs./2019/04/12/49048_jean-michel_basquiatgoldgriot1984_original.jpg)
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80% de colère
Révolté par l'absence d'hommes noirs dans l'art occidental, il décide, comme une revanche, d'en faire les héros de ses tableaux. Contre le racisme, Basquait dresse ses saints et ses martyrs. Ses idoles sont les grands personnages afro-américains : le fameux prêcheur Malcolm X, les musiciens de jazz Charlie Parker et Dizzie Gillespie, les sportifs comme Jesse Owens et Hank Aaron et surtout, les boxeurs. L'exposition présente plusieurs toiles sur ce thème: "St Joe Louis surrounded by snakes", "Cassius Clay", "Sugar Ray". La plus impressionnante, datée de 1982, représente un boxeur noir aux poings levés. Il porte une couronne d'épines et semble hurler sa fureur à travers une grille qui lui couvre la bouche. "Mon oeuvre, disait Basquait, c'est à peu près 80% de colère". Dans son langage, la boxe figure le combat contre l'oppression et le racisme./2019/04/12/ok-basquiat-boxeur.jpg)
Hanté par la mort
Deuxième thème prééminent dans l'oeuvre de Jean-Michel Basquiat : la mort. A l'âge de 7 ans, alors qu'il joue dans la rue, il est percuté par une voiture et gravement blessé. Il faut l'opérer et lui enlever la rate. Pendant sa convalescence à l'hôpital, sa mère lui offre un livre d'anatomie qui influencera toute son oeuvre : "Henry Gray's Anatomy of the Human Body" (Anatomie du corps humain par Henry Gray). Devenu peintre, il parsème ses toiles de corps découpés, de squelettes, de viscères. L'un des trois crânes qui ouvrent l'exposition est comme fendu en deux par une grande cicatrice blanche. L'oeil gauche est injecté de sang./2019/04/12/49056_jean-michel_basquiatuntitled1981_original.jpg)
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