Le musée Tate Britain de Londres va rendre un tableau spolié par les nazis

La loi du 22 juillet 2023 permet la restitution d'œuvres spoliées pendant les persécutions antisémites. En mai 2024, deux tableaux de Renoir et Sisley ont été rendus aux ayants droit de Grégoire Schusterman, un galeriste juif spolié.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Le Tate Britain de Londres, Royaume-Uni. (CLAUDIODIVIZIA / ISTOCKPHOTO)
Le Tate Britain de Londres, Royaume-Uni. (CLAUDIODIVIZIA / ISTOCKPHOTO)

La Tate Britain, l'un des musées les plus importants du Royaume-Uni, a annoncé samedi que l'œuvre d'Henry Gibbs, Énée et sa famille fuyant Troie brûlante, serait restituée aux ayants droit d'un collectionneur d'art juif spolié pendant la Seconde Guerre mondiale, comme l'a révélé le ministère de la Culture britannique. 

Cette peinture à l'huile de 1654 représente Énée, héros troyen, tentant de sauver sa famille de la ville en flammes. Elle avait été volée à Samuel Hartveld, un collectionneur juif qui avait dû fuir sa maison d'Anvers en mai 1940, lors de l'invasion allemande.Le Spoliation Advisory Panel, un comité spécial créé par le gouvernement britannique, a confirmé que l'œuvre avait été spoliée et qu'elle devait être retournée aux descendants de Samuel Hartveld.

Une spoiliation méthodique

Aucune date de restitution n’a encore été précisée."Cette décision reconnaît clairement la terrible persécution nazie qu’a subie Samuel Hartveld", a déclaré le trust représentant ses héritiers dans un communiqué, saluant également la réponse du musée. "Hartveld a survécu à la Seconde Guerre mondiale mais n'a jamais retrouvé la collection d'art qu'il avait dû abandonner", a ajouté Maria Balshaw, directrice du musée, également citée dans le communiqué, en exprimant sa joie de recevoir les héritiers "dans les prochains mois" pour la restitution de l'œuvre.

Le musée avait acquis cette peinture en 1994 auprès de la Galerie Jan de Maere à Bruxelles, sans savoir qu’il s’agissait d’une œuvre spoliée. La demande formelle de restitution avait été lancée par le trust des héritiers de Hartveld en mai 2024.Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis ont méthodiquement pillé les collections d'art juives, revendant ou conservant ces œuvres pour des dignitaires ou pour leur projet de musée "Führermuseum" destiné à Hitler.

Un restitution encadrée par la loi

Avant la fin de la guerre, les États-Unis avaient envoyé en Europe des équipes de directeurs de musées, de conservateurs et d'experts pour sauver des trésors culturels. Leurs efforts ont permis de restituer de nombreuses œuvres, mais parmi les 650 000 pièces volées, environ 100 000 n’avaient pas été rendues en 2009, selon les chiffres d’une conférence internationale à Terezin, en République tchèque.En France, une loi-cadre du 22 juillet 2023 a permis des exceptions au principe d'inaliénabilité des œuvres dans les musées, à condition qu'elles aient été spoliées pendant les persécutions antisémites.

Depuis, plusieurs restitutions ont eu lieu, dont celle en mai dernier de deux tableaux d'Auguste Renoir et d'Alfred Sisley, rendus aux ayants droit de Grégoire Schusterman (1889-1976), un galeriste juif spolié pendant l’Occupation.

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