Sur les traces de Cezanne à Aix-en-Provence : les carrières de Bibémus
À l'occasion de l'exposition événement organisée au musée Granet jusqu'au 12 octobre, nous avons choisi de vous entraîner dans les pas de Paul Cezanne avec une série d'articles consacrée à l'illustre peintre provençal.
À 30 minutes de marche d'Aix-en-Provence, les anciennes carrières de pierre de Bibémus ont l'allure d'un jardin d'Eden. Entre 1890 et 1904, par tous les temps, Paul Cezanne vint y poser son chevalet, à la recherche du meilleur point de vue sur la montagne Sainte-Victoire qui émerge au loin, dominant ce chaos de roches. En contrebas, on peut également apercevoir le barrage conçu par François Zola, le père de l'écrivain, mort au début des travaux en 1847.
Ce grand plateau, situé entre la route de Vauvenargues et celle du Tholonet, est un terrain de jeu infini pour sa palette. Les couleurs chaudes, ou plus froides, des pierres lui ont inspiré certaines de ses toiles les plus connues. Sept motifs emblématiques sont encore repérables, pour qui sait s'attarder, sur ce site naturel protégé. Pour voir avec les yeux de Cezanne, en 2025 comme en 1900.
Michel Fraisset, président de l'office de tourisme d'Aix-en-Provence, connaît l'endroit comme sa poche et nous guide dans ses méandres. Sur un rocher, il nous fait observer une date "sans doute gravée par un carrier" : 1784. Ici, l'extraction des pierres de grès calcaire a commencé dès l'époque romaine pour s'arrêter définitivement à la fin du XVIIIe siècle.
Le nom de ces carrières, propriété de la ville d'Aix-en-Provence, vient du latin "boire". Bibémus est la pierre qui boit. Il y a très longtemps, des plages de sable couvraient la zone comme en témoignent les fossiles trouvés par des géologues. Cette pierre dorée, utilisée pour bâtir les bâtiments les plus anciens, donne sa couleur unique à la ville d'Aix-en-Provence, attirant des touristes du monde entier.
Un panorama exceptionnel
Cezanne venait sur le plateau de Bibémus à pied, sa besace pleine de pinceaux et de tubes de couleur et son chevalet sur le dos. À la fin de sa vie, il louait les services d'un cocher qui le déposait. Un belvédère en bois, orné d'osier par un vannier de Cadenet, a été aménagé au-dessus du vide. Il offre un panorama exceptionnel sur le paysage resté tel que Cezanne le voyait : la montagne Sainte-Victoire, le plateau du Cengle, la chaîne de la Sainte-Baume, le Mont Aurélien.
"C'est un site magique facilement 'géométrisable' pour Cezanne, estime Bruno Ély, spécialiste de sa peinture. On se demande toujours si c'est lui qui fait le paysage ou si c'est le paysage qui a fait Cezanne. Un peu les deux sans doute."
Nous nous sommes amusés sur ce site préservé à mettre nos pas dans ceux de Cezanne pour le suivre à la trace. L'office de tourisme, qui organise des visites guidées, a jalonné les chemins de reproductions de tableaux, à l'endroit même où il les a peints. On observe l'image placée au sol, on lève la tête et on retrouve les mêmes rochers, la même végétation. Un étonnant jeu de piste artistique. Une application gratuite intitulée Dans les pas de Cezanne permet de géolocaliser les points exacts où il a placé son chevalet.
Il faut visiter ce site de cinq hectares pour comprendre que les couleurs de Cezanne ne copient pas la nature. Elles l'expriment. "Je peins ce que je vois, ce que je sens", disait-il, "et j'ai des sensations fortes." Un superbe cabanon [photo en tête de cet article], parfaitement conservé, trône sur une petite éminence. Paul Cezanne le louait à un ami, Eugène Couston. À partir de 1895, il le transforme en atelier pour stocker son matériel et peindre in situ, au plus près du motif. Cezanne y passe ses journées et une partie de ses nuits jusqu'en 1904. L'intérieur du cabanon ne se visite pas hélas.
L'héritier de Cezanne
À la croisée des chemins de Bibémus, nous découvrons l'atelier de plein air d'un autre artiste, lui aussi installé sur ce site, dans un autre cabanon. Il s'appelle David Campbell. Il est canadien et ermite. Cet artiste, tombé amoureux du lieu dès son premier séjour, a passé un accord avec la ville : il assure une présence sur le site, en échange de quoi, il est autorisé à vivre ici, sans eau ni électricité, depuis 1981.
David a deux métiers : tailleur de pierre, notamment pour les monuments historiques, et sculpteur d'art. Il travaille la pierre du Pont du Gard et vend ses œuvres aux visiteurs de passage. Il explique que même s'il n'a pas de machines chez lui, "ce n'est pas tout à fait le Moyen-Age". Il a installé des panneaux solaires et possède une voiture qui lui permet d'aller chercher de l'eau à la fontaine. "Je n'ai pas besoin de beaucoup", sourit-il. Un homme dédié à son art qui fait corps avec la nature environnante, cela ne vous rappellerait pas quelqu'un ?
Programmation des visites guidées et des excursions disponible auprès de l'Office de tourisme d'Aix-en-Provence (au +33 (0)4 42 16 11 61 pour les individuels) et sur Cezanne2025.com
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