Dans la BD "Il Déserte", Antoine de Caunes revient sur l’éprouvante expérience de Robinson Crusoé de son père Georges
Dans ce roman graphique qui emporte le lecteur, l'animateur de télé et de radio met pour la première fois le pied dans la BD en relatant la véridique histoire de son père qui voulut vivre libre et se retrouva prisonnier d'un caillou inhabitable de l'archipel des Marquises.
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"A l’âge de 8 ans, j’ai perdu mon père". Ainsi débute ce roman graphique enlevé dans lequel Antoine de Caunes raconte un épisode oublié de la vie de son père Georges de Caunes, pionnier et vedette de la télévision, qu’il ne perdit alors que "de vue". Car en 1962, ce journaliste se lance un défi hors norme : vivre durant un an seul sur une île déserte et en tenir la chronique quotidienne à la radio.
Equipé d’un matériel radio et de quelques éléments de survie, il se fait déposer sur l’île inhabitée d’Eiao dans l’archipel des Marquises (Polynésie française) avec son chien, un berger basque baptisé Eder. En France, à des milliers de kilomètres, le petit Antoine, 8 ans, suit avec une fierté mêlée d’inquiétude l’aventure de son papa sur son transistor.
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Lecteur de Robinson Crusoé, Georges de Caunes aspirait, disait-il, à "revenir à l’essentiel". Cet homme si disert en public et si taiseux en privé voulait "vivre la vie d’un naufragé. Ressentir son désespoir, sa solitude", se "confronter à la nature, aux éléments", et ce faisant accomplir un rêve d’enfant.
Au lieu de quoi il va trouver un enfer, une véritable fournaise sans arbre ni ombre pour s’abriter, où il devient la proie de féroces moustiques. "Cette île n’a rien d’un paradis. C’est la désolation à l’état pur", le prévient d’emblée le Polynésien qui l'installe sur l'île, comme il le consigne dans son journal intime qu’Antoine de Caunes a retrouvé après sa mort.
"Un festin de couleurs et de lumière"
Si la solitude ne lui pèse pas trop moralement, l’expérience s’avère vite éprouvante physiquement. L’euphorie quitte Georges, l'abattement et la mélancolie le gagnent. Mais pas question de pleurnicher à l’antenne. Dans ses carnets intimes, il écrit pourtant : "J’ai toujours voulu être libre, à tel point que je me suis créé une prison. Ça n’a aucun sens".
Amaigri et très affaibli, il devra interrompre, contre son gré, son expérience au bout de quatre mois, sur ordre d’un médecin dépêché à son chevet depuis Paris. "Il y a urgence, sinon cette île sera votre tombeau", lui dit-il.
Soixante ans plus tard, Antoine de Caunes raconte cette histoire avec délicatesse en croisant trois points de vue : celui des chroniques de son père sur les ondes, celui, très différent, du journal qu’il tenait de son quotidien sur l’île, et celui de ses propres souvenirs de petit garçon, lui aussi perdu "sur son îlot de solitude", qui tentait d’imaginer ce que vivait son père. A ce récit mouvementé – il se passe bien des péripéties sur ce caillou inhospitalier –, l'auteur offre un contrepoint drôle et détaché en donnant la parole au chien Eder : observateur amusé, il est la voix de la raison dans cette épreuve de naufragé auto-infligée.
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Pour sublimer cette épopée, Xavier Coste, connu notamment pour son adaptation du roman de George Orwell 1984, est aux crayons. Le dessinateur, dont c’est le dixième album, alterne un noir et blanc troué de rouge pour les séquences du petit Antoine, et des couleurs éclatantes pour l’expérience du père. Il multiplie les trouvailles visuelles et sort régulièrement du cadre avec des double pages inspirées qu’Antoine de Caunes salue comme "un festin de couleurs et de lumière".
A 71 ans, Antoine de Caunes livre aussi, dans cette aventure intime de portée universelle, une réflexion sur les malentendus, les non-dits et l’incommunicabilité entre un père et son fils, malgré l’amour et l’admiration réciproques. Car s’il a percé en travaillant sur ce roman graphique certains aspects de la personnalité de son géniteur, le mystère de sa perpétuelle fuite en avant demeure.
"Il Déserte, Georges ou la vie sauvage" de Antoine de Caunes et Xavier Coste, 208 Pages (Dargaud, 30 euros)
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