Festival de bande dessinée d'Angoulême : pourquoi l'exposition programmée sur Bastien Vivès provoque une levée de boucliers
L'auteur controversé pour des ouvrages érotiques mettant en scène des enfants doit faire l'objet d'une exposition à Angoulême. Mais des pétitions et des personnalités réclament sa déprogrammation et accusent Bastien Vivès de faire l'apologie de la pédophilie et de promouvoir la culture du viol.
Mercredi 14 décembre, le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême a annoncé annuler l'exposition consacrée au dessinateur Bastien Vivès en raison des "menaces physiques" qui ont été proférées à son encontre. "Il n'est dès lors pas possible pour l'événement d'envisager que sa programmation puisse faire peser de tels risques sur un auteur et, potentiellement, dans quelques semaines, sur ses festivaliers", a écrit la direction du Festival dans un communiqué.
La rétrospective "Dans les yeux de Bastien Vivès" va-t-elle voir le jour ? Bastien Vivès ne fait, à ce jour,l'objet d'aucune accusation ni plainte pour violences sexuelles. Mais l’auteur de bande dessinée programmé cette année au 50e Festival international de bande dessinée d’Angoulême, du 26 au 29 janvier 2023, fait face à un véritable déchaînement sur les réseaux sociaux car son œuvre l'accuse, selon ses détracteurs.
>> Festival de la BD d'Angoulême : une cure de jouvence pour célébrer son demi-siècle
Au point que deux pétitions ont été lancées à son encontre, l’une sur la plateforme Change.org par des professeurs et des étudiants de l’école d’art d’Angoulême, l’autre par le collectif Prévenir et Protéger et du mouvement #BeBraveFrance sur mesopinions.com pour que soit déprogrammée la "carte blanche" de l’auteur, deux fois primé à Angoulême, au Musée du Papier à Angoulême, prévu dans le cadre du festival, du 26 janvier au 12 mars.
PROGRAMMATION
— Festival d'Angoulême (@bdangouleme) November 28, 2022
Exposition Dans les yeux de #BastienVivès @CastermanBD pic.twitter.com/VJZ4twljlW
Les pétitionnaires qualifient Les Melons de la Colère (2011) et Petit Paul (2018), d’ "ouvrages ouvertement pédo-pornographiques" et accusent l’auteur de véhiculer "des propos problématiques et une image dégradante des femmes" dans son travail comme dans Le Chemisier (2018) ou The Lesbians, une série de dessins qualifiés de "lesbophobe". La réalisatrice des Chatouilles, Andrea Bescond, s'en prend au festival d'Angoulême et dénonce sur Instagram, une "culture du viol".
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Bastien Vivès nie tout fantasme pédopornographique. L’auteur de 38 ans, qu’on qualifie de prodige de la BD, a reçu en 2009 le prix révélation du Festival d’Angoulême pour Le goût du chlore et s’est également distingué en 2011 par son roman graphique Polina, qui parle des relations entre une jeune danseuse et son professeur, adapté au cinéma sous le titre Polina, danser sa vie et chorégraphié par Angelin Preljocaj. La même année, Bastien Vivès a publié un album de bande dessinée érotique, Les Melons de la colère. Fantasme, transgression, pédopornographie ? Le fait est que les magasins Cultura et Gibert retirent l'ouvrage de leurs rayons, ce qui représente une première en France pour une bande dessinée.
"Mon fantasme, c’est l’hypertrophie des corps, masculins comme féminins", précise-t-il dans une interview à Libération où il se dit "dégoûté mais aussi effrayé que certains dessinateurs entretiennent publiquement l’ambiguïté entre ses dessins et ses actes réels". Lui et son éditeur y voient un lien de cause à effet après #metoo et l’attentat de Charlie Hebdo mais "c’est trop grave", soulève Bastien Vivès. L’auteur, qui a également cocréée la manga à succès Lastman.a dénoncé, dans une série de strips sur Instagram, être victime de harcèlement. Selon Libération, il a déposé une main courante et n’exclut pas de porter plainte.
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Se repose, de fait, l’éternelle question : "Est-il désormais impossible de représenter les tabous ?" , interroge le directeur éditorial du catalogue de bandes dessinées de Casterman, Benoît Mouchart dans Libération. Également interviewé par le journal, Fausto Fasulo, le codirecteur artistique du FIBD exclut lui toute déprogrammation de l’exposition consacrée à Bastien Vivès. Pour lui, "ce serait une défaite philosophique énorme".
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