"L'Enfer" : l'extraordinaire adaptation en BD du film inachevé d'Henri-Georges Clouzot

Nicolas Badout, bédéiste lyonnais de 33 ans, s'est lancé dans l'adaptation du film éponyme d'Henri-Georges Clouzot avec Romy Schneider et Serge Reggiani. Résultat : un roman graphique intense.

Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Couverture du roman graphique "L'Enfer" de Nicolas Badout. (EDITIONS SARBACANE)
Couverture du roman graphique "L'Enfer" de Nicolas Badout. (EDITIONS SARBACANE)

Une évidence, d'abord : Nicolas Badout réalise un coup de maître avec sa première BD. L'Enfer (Sarbacane) est une réussite totale, aussi bien sur le plan graphique que sur le plan du scénario ou de la narration. Le résultat est d'autant plus époustouflant que le sujet semble a priori ardu. Le jeune bédéiste lyonnais de 33 ans s'est lancé dans l'adaptation du film éponyme inachevé d'Henri-Georges Clouzot avec Romy Schneider et Serge Reggiani, partiellement tourné en 1964.

Extrait de la BD "L'Enfer" de Nicolas Badout. (EDITIONS SARBACANE)
Extrait de la BD "L'Enfer" de Nicolas Badout. (EDITIONS SARBACANE)

Nicolas Badout s'est immergé dans l'ensemble de l'œuvre du cinéaste pour réaliser ce roman graphique. "Soixante ans après ce projet avorté, l'ouvrage que vous tenez entre les mains est le fruit de nombreuses recherches, comme un pont entre tous les écrits, films, documentaires, qui ont été réalisés sur le sujet", explique-t-il. Un roman graphique à la fois fidèle au scénario originel et aussi personnel. Un hommage aussi à Henri-Georges Clouzot. 

Film maudit

L'histoire, ensuite. Celle du chef-d'œuvre inachevé de Clouzot dont le tournage a viré au drame. Le réalisateur avait envie de changer de registre, de tourner une œuvre d'un genre nouveau. La grande maison de production Colombia, impressionnée par les premiers essais et notamment les effets visuels, ici très bien rendus dans la BD, a dégagé un budget "illimité" pour ce film. Clouzot souhaitait procéder à des expérimentations visuelles novatrices inspirées par l'art cinétique. Le film devient une obsession pour lui. Le budget explose, les acteurs sont surmenés. Serge Reggiani, qui tient le rôle principal, quitte le tournage en ambulance. La production vire au cauchemar. Clouzot engage 150 techniciens. Tout s'arrête soudainement, en juillet 1964, après un infarctus du réalisateur.

Extrait de la BD "L'Enfer" de Nicolas Badout. (EDITIONS SARBACANE)
Extrait de la BD "L'Enfer" de Nicolas Badout. (EDITIONS SARBACANE)

L'Enfer est l'histoire d'un homme qui, sous la pression, sombre dans une forme de folie en projetant sur sa femme ses fantasmes. Le couple, Marcel et Odette, prend la gérance d'un hôtel dans le Cantal, au pied du viaduc de Garabit, qui surplombe le lac Grandval. Les jeunes mariés vivent heureux avant que Marcel ne commence à perdre le sommeil et à alterner les moments de lucidité et de folie. Il en est convaincu : Odette le trompe. Sa jalousie le dévore et prend des proportions alarmantes. Une descente aux enfers. Nicolas Badout, en passant du noir et blanc à la couleur, accentue cette atmosphère oppressante. L'Enfer, un roman graphique intense.

"L'Enfer", Nicolas Badout, éditions Sarbacane, 172 pages, 26 euros

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