Léonard fête ses 50 ans de B.D. avec un nouvel album et une exposition vente à Paris

Léonard, inventeur de génie, souffle ses cinquante bougies. Toujours du gag cartoonesque à la sauce franco-belge, le personnage continue honorablement de trouver son public avant la fin annoncée par son dessinateur Turk dans deux petites années.

Article rédigé par Francis Forget
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Léonard dessiné par Turk fête ses cinquante ans avec une exposition et un nouvel album. (Turk & De Groot / Editions du Lombard)
Léonard dessiné par Turk fête ses cinquante ans avec une exposition et un nouvel album. (Turk & De Groot / Editions du Lombard)

Dans la galerie Huberty & Breyne à Paris, les planches exposées de Turk, le seul et unique dessinateur de la série Léonard, raviront les nostalgiques d’une bande dessinée qui fit les grandes heures de la production franco-belge. De l’humour essentiellement en une ou deux planches dans un album de 48 pages avec une récurrence du ressort gaguesque.

Turk, le dessinateur des 2500 planches de Léonard (Paris, septembre 2025). (Francis Forget)
Turk, le dessinateur des 2500 planches de Léonard (Paris, septembre 2025). (Francis Forget)

En l’occurrence un inventeur égocentré et obsessionnel, Léonard, parodie du célèbre peintre de la Joconde, qui maîtrise plus ou moins bien ses découvertes. Il finit toujours par maltraiter son disciple, Basile, au demeurant fainéant et crétin. Il y a beaucoup de « blam », de « bang » et autre « pif paf ». Ajoutez une galerie de personnages secondaires récurrents comme Raoul, le chat, ou Mathurine, la cuisinière, qui gagnent en substance au fil des albums.

Bon an, mal an, chaque album se vend maintenant autour de 30 000 exemplaires. La nouveauté cette année est le 56e album, Eclair de génie, aux éditions du Lombard avec Zidrou au scénario. Après 9 millions d’albums vendus, c’est bien mais les années fastes sont derrières. Turk le sait. Jusqu’en 2001, la série s’écoulait à environ 110 000 exemplaires la nouveauté. "J’ai déjà dessiné le prochain album. Il devrait y en avoir un autre après et puis ce sera terminé. La série s’arrêtera là. Je ne veux pas qu’il y ait de reprise. J’ai 78 ans, je pense que j’ai assez travaillé", conclut l’auteur.

Léonard aussi vieux que Mathusalem

Philippe Liègeois dit Turk au dessin et Bob de Groot au scénario, deux Belges, deux amis, ont créé sur les conseils du rédacteur en chef Michel Greg, le génial inventeur dans les pages d’Achille Talon Magazine en 1975. Léonard est à l’origine un personnage secondaire d’une autre de leur belle série, Robin Dubois. Il portait d’ailleurs le nom de Mathusalem dans cette bande dessinée avant de s’envoler pour ses propres aventures. Cinquante-six albums plus tard, ce sont plus de 500 inventions que prêteront les auteurs à leur Léonard. De la fondue au fromage au char d’assaut, de l’angliosplatie transluminale à la télévision 3D.

Léonard apparaît pour la première fois en 1974 dans la série "Robin Dubois" en inventant le parcmètre. Léonard s'appelait alors Mathusalem. (Turk & De Groot / Editions du Lombard)
Léonard apparaît pour la première fois en 1974 dans la série "Robin Dubois" en inventant le parcmètre. Léonard s'appelait alors Mathusalem. (Turk & De Groot / Editions du Lombard)

« Nos références étaient, à Bob et à moi, les cartoons américains, Tex Avery en tête. J’avais d’ailleurs fait au début un dessin plus proche des cartoons pour Léonard. Et Greg nous a conseillé de revenir à un style plus classique, comme celui que j’utilisais dans Robin Dubois. Je ne le regrette pas, ça m’a simplifié la vie ! », raconte Turk.

Tex Avery, Franquin et Charlie Chaplin

Zidrou, autre belge et cocréateur de L’élève Ducobu, a repris la série au scénario en 2016 quand Bob de Groot, affaibli et malade, ne pouvait plus en assurer la production. "Léonard est avant tout visuel. C’est d’ailleurs une des dernières BD européennes à être aussi visuelle, typique du genre slapstick", explique Zidrou. Le "slapstike", ce sont les gags façon Buster Keaton, Laurel et Hardy ou Charlie Chaplin. "Bob et moi aimions les mêmes BD, celles de Franquin, Peyo et Macherot. L’humour que nous partagions est basé sur le burlesque, le non-sens et l’anachronisme", ajoute le dessinateur.

Léonard invente l'électrocardiogramme avec plus ou moins de succès. (Turk & De Groot / Editions du Lombard)
Léonard invente l'électrocardiogramme avec plus ou moins de succès. (Turk & De Groot / Editions du Lombard)

L’exposition à la galerie Huberty & Breyne ne s’adresse pas qu’aux nostalgiques d’un âge d’or. Le talent graphique de Turk est bien là. Son trait précis et clair est totalement au service du gag. Il n’accompagne pas le gag, il le sublime avec un dessin tout en mouvement parfaitement maîtrisé. Les planches exposées, sans la mise en couleur, renforcent cette impression de limpidité et d’efficacité.

Le tromblon est encore très souvent utilisé par Léonard à l'encontre du disciple dans le nouvel album de Zidrou et Turk, "Eclair de génie". (Turk & Zidrou / Editions du Lombard)
Le tromblon est encore très souvent utilisé par Léonard à l'encontre du disciple dans le nouvel album de Zidrou et Turk, "Eclair de génie". (Turk & Zidrou / Editions du Lombard)

  

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