"On dirait le sud" T. 2 : Rassat et Gauthey chroniquent un suffocant été 1976
« La fin des coccinelles », c’est le titre du deuxième tome de la série BD « On dirait le sud » signée des lyonnais Cédric Rassat (scénario) et Raphaël Gauthey (illustration). Publié en ce mois d’avril chez Delcourt, ce nouvel opus vient clore un diptyque à l'univers graphique très travaillé, marqué par la solitude de personnages pris au piège de l'été caniculaire de 1976.
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C’est en effet le même malaise qui s’installe dans le Tome 1 et 2. Le premier plantait le décor et les personnages, prenant le temps d’installer les ambiances, parfois sur plusieurs pages. Un temps nécessaire pour montrer à travers des détails, des dialogues, le caractère et les relations entre les personnages.
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Quant aux personnages, nombreux, ils sont attachant car fragiles, et surtout, seuls. Les deux albums dégagent en effet un profond sentiment de solitude. Au milieu des autres et face à une actualité qui touche tout le monde (canicule, plan social, meurtres d'enfants, débat sur la peine de mort), chacun est confronté à ses propres questions, à ses doutes, certaines paraissant dérisoires.
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Rencontre avec Cédric Rassat
Et là , bonne nouvelle ! Si la série s’arrête là, la collaboration entre Raphaël Gauthey et Cédric Rassat va se poursuivre, comme le confirme le scénariste dans une interview réalisée le 4 avril à Lyon, où les deux hommes résident et travaillent.
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Cédric Rassat : Non j’avais le scénario et sa fin dès 2003, des détails sont venus se rajouter en cours de route mais tout était là. Ce temps, c’est Raphaël. Il a réalisé des crayonnés pendant plus d’un an avant de passer encore une année sur les couleurs (NDLR : Raphaël les travaille sur ordinateur). C’est quelqu’un qui travaille dans la durée, en apportant beaucoup de soin à la mise en scène, au découpage… Pour le Tome 2, il a simplifié la mise en scène et épuré le scénario.
C.C.: Et ça ne vous embête pas en tant que scénariste ?
C. R. : Non. Moi ça me va très bien. Je trouve intéressant de voir qu’un illustrateur s’approprie la dimension graphique à partir des éléments que je donne : langage, tempo, récit, informations sur la mise en scène…
C.C. Comment avec vous travaillé ?
C. R. L’idée, ce n’était pas de coller mon univers + le sien mais qu’on fasse un truc ensemble. On ne se connaissait pas avant 2003. La rencontre a eu lieu par l’intermédiaire du dessinateur Emre Orhun avec qui j’ai réalisé plusieurs albums chez Glénat ("Erzsebet" et "La Malédiction du Titanic", voir lien ci contre). Venant du monde de l’illustration, Raphaël voulait se mettre à la BD. Il avait déjà des bribes d’histoire, des idées de personnages (le grand-père et la petite fille), le décor d’une ville ouvrière (ses parents sont du Creusot) et l’époque, la fin des années 70…
Comme nous étions en pleine canicule de l’été 2003, on a décidé de poser l’ histoire dans un contexte similaire, la canicule du XXè siècle, en 1976. Et le soir même de notre rencontre, j'ai visionné un documentaire autour de Christian Ranucci, appelé aussi « l’affaire de l’homme au pull-over rouge » qui remonte à 1974. Tous ses éléments sont venus se rajouter et l’histoire a pris forme.Mais ça a pris du temps ! En 2006, on a pu présenter quelques planches à Delcourt (qui a très bien réagi) et la publication du Tome 1 s'est faite en 2010.
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C. R. Je m’en suis rendu compte en relisant les deux tomes : tous les personnages sont isolés, avec des trajectoires qui vont se croiser. Et finalement, le vrai sujet de l’album, c’est la chaleur, comment elle va peser, comment elle va créer le drame. Cette canicule neutralise les codes sociaux, les personnalités, uniformise les lieux.
Elle fige aussi le temps ?
Oui et il a fallu trouver une manière de créer de la durée et le sentiment du temps qui passe, qui s’éternise (exemple, la scène de la piscine dans le Tome 1 qui "s'étale" sur 8 pages : il ne se passe rien ou pas grand-chose mais toute l’atmosphère du récit se crée ici et va accompagner le lecteur. C’est très cinématographique…Ensuite, le nombre de personnages et les regards croisés aident à créer une diversité qui compense le manque « d’action ». Le Tome 2 est ainsi plus dense et plus rythmé, on a créé des dérèglements, des choses qui n’ont de logique que dans le récit mais pas dans la réalité.
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C. R. On a porté une attention énorme à l’ambiance et aux personnages qui ont été très travaillés mais ça n’empêche pas les ellipses. Il y a la part d’incertitudes, les non-dits qu’on laisse. Ca va permettre aux lecteurs de s’approprier l’histoire, de remplir les vides...Et puis il y a un équilibre à conserver entre toutes ces trajectoires de vie pour ne pas en favoriser une en particulier au détriment des autres.
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C. R. Oui et notamment un livre sur les chanteurs soul des années 60 (Cédric est un passionné de musique et a longtemps écrit pour Rock & Folk). Mais aussi 3 scénarios BD dont un avec Raphaël. On a les mêmes envies et les mêmes idées en tête. Il s’agira d’un one shot (un seul album) dont l’action se situera dans les années 60. Mais ça va prendre du temps car on veut vraiment faire un truc différent de « On dirait le sud ». On ne veut pas devenir les spécialistes de la nostalgie !
"On dirait le sud" de Rassat et Gathey chez Delcourt
Tome 1 "Une piscine pour l'été" - 64 pages / Tome 2 : "La fin des coccinelles" - 64 pages - 14,95 euros
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