Oscars 2024 : "20 jours à Marioupol" de Mstyslav Chernov remporte l'Oscar du documentaire en montrant les images "indélébiles" des premières heures de l'invasion de l'Ukraine par la Russie
Le journaliste reporter d'images ukrainien Mstyslav Chernov, correspondant de l'Associated Press, a filmé au quotidien les vingt premiers jours du siège de Marioupol par l'armée russe.
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Sidération, incompréhension, peur, douleur, résignation, désolation et dévastation. En captant l'état des habitants et la destruction progressive de la ville bombardée, le documentaire du journaliste ukrainien Mstyslav Chernov, 20 jours à Marioupol, est déjà un témoignage historique de la guerre en Ukraine. Le film, qui a déjà reçu plusieurs récompenses, a obtenu l'Oscar 2024 du meilleur documentaire.
24 février 2022, le journaliste vidéo de l'Associated Press (AP), son collègue photographe Evgueniy Maloletka et la productrice vidéo Vasilisa Stepanenko sont les derniers correspondants internationaux à Marioupol, ville portuaire et industrielle du sud de l'Ukraine. Pont vers la Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, Marioupol est une cible évidente pour le président Vladimir Poutine, qui a déclaré la guerre à son voisin quelques heures plus tôt en annonçant "une opération spéciale".
Tous les visages de la résilience
Derrière la caméra, Mstyslav Chernov narre, à la première personne, vingt jours illustrant d'emblée le type de guerre que le Kremlin compte mener : les civils sont directement visés. Ciblée par les avions et canons russes, Marioupol sera privée d'électricité, d'eau courante et d'internet. Tous les repères des habitants volent en éclats : ils fuient leurs maisons, se débrouillent pour rester en vie dans des abris de fortune, s'entraident et se pillent parfois. À Marioupol, la résilience a de multiples visages face à la mort qui plane.
Face à la première victime de l'offensive russe qu'il croise, Mstyslav Chernov est tout de suite confronté à un dilemme : filmer ou réconforter. L'habitante de Marioupol est en larmes, elle est sortie de sa maison à la rencontre de son fils, qui doit revenir du travail, et elle se demande où elle peut se cacher. Le journaliste lui conseille de trouver refuge chez elle, en lui assurant que les civils ne sont pas des cibles. Il ne s'imagine pas alors, un seul instant, qu’il pourrait se tromper : le quartier sera bombardé par les Russes.
Au fur et à mesure que s'égrène le documentaire, son réalisateur démontre, par la portée des témoignages recueillis et des situations filmées, que son dilemme apparent n'en est pas un. Au cœur de cette tragédie humaine, la profession de journaliste fait des verbes "aider" et "faire son métier" des synonymes. Rester à son poste à tout prix. Comme les secouristes, les forces de sécurité, les médecins et tous les soignants de l'hôpital de la ville qui lui demandent de filmer leurs patients mortellement blessés ou encore les morgues de fortune où s'entassent des corps, enterrés plus tard dans des fosses communes.
"Je ne veux pas vivre en Russie"
Avec 20 jours à Marioupol, on (re)découvre des images qualifiées d'"indélébiles" par un commentateur et qui ont fait le tour de monde grâce à l'équipe de l'agence Associated Press. Difficilement acheminées, elles disent l'ampleur des atrocités perpétrées par l'armée russe à Marioupol. La destruction de la maternité de la ville et l'image d'une future maman, gravement blessée, transportée sur un brancard, en constituent l'indiscutable paroxysme. À tel point que les Russes, désormais rois de la désinformation, font tout pour discréditer cet épisode, une réalité pourtant fixée à jamais. De quoi s'interroger encore, avec effroi, sur ce qu'il se serait passé si ces images irréfutables, qui ont permis la mise en place d'un couloir humanitaire, n'avaient pas été immortalisées.
Au quinzième jour du récit de Mstyslav Chernov, l'armée russe rentre dans Marioupol et encercle l'hôpital n°2 où beaucoup d'habitants ont trouvé refuge, y compris l'équipe d'AP. Cette dernière est devenue une cible, car sa présence gêne dorénavant le Kremlin. De fait, 20 jours à Marioupol illustre la vocation même de l'exercice documentaire, capter sur le vif la réalité. Le siège de Marioupol a duré 86 jours et fait au moins 25 000 morts. "Je ne veux pas vivre en Russie", avait confié une jeune femme à l'équipe d'Associated Press, récompensée par un Pulitzer du service public en 2023 pour son travail. C'est ce que tous les Ukrainiens ne cessent de crier à la face du monde depuis deux ans maintenant.
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