Auréolé de sa Palme d'or, Jafar Panahi étreint et applaudi à son retour en Iran
Le cinéaste, récompensé de la prestigieuse distinction du Festival de Cannes pour son dernier film, a été accueilli avec enthousiasme par ses admirateurs, lundi, à l'aéroport de Téhéran.
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Le cinéaste iranien Jafar Panahi a été accueilli par ses partisans sans être inquiété, lundi 26 mai, à l'aéroport de Téhéran, après avoir remporté la Palme d'or pour son film Un simple accident, samedi au Festival de Cannes, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux.
Après des années pendant lesquelles il a été empêché de quitter l'Iran, réalisé des films clandestins et passé plusieurs séjours en prison, certains soutiens du cinéaste craignaient des difficultés à son retour en Iran.
Il est finalement arrivé sans encombre, à l'aube lundi, à l'aéroport international de Téhéran, où il a été acclamé en descendant l'escalier roulant jusqu'aux tapis de récupération des bagages, selon des vidéos publiées par l'observateur des droits de l'Homme Dadban sur les réseaux sociaux. Un cri "Femme. Vie. Liberté !", slogan du mouvement de protestation 2022-2023 qui a frontalement défié les autorités iraniennes, a été entendu dans une vidéo.
À sa sortie de l'aéroport, Jafar Panahi a ensuite été salué par une dizaine de partisans, selon des vidéos publiées sur Instagram par le réalisateur iranien Mehdi Naderi et diffusées par Iran International Channel, un média iranien basé à l'étranger.
Le cinéaste a été applaudi, étreint et gratifié de bouquets de fleurs. "Du sang neuf dans les veines du cinéma indépendant iranien", a salué Mehdi Naderi.
Le film Un simple accident raconte l'histoire de cinq Iraniens confrontant un homme en qui ils pensent reconnaître leur ancien tortionnaire, une histoire inspirée par le propre temps de Panahi en détention. Après avoir remporté la Palme, Jafar Panahi a lancé un appel retentissant à la liberté en Iran. "Mettons de côté tous les problèmes, toutes les différences. Ce qui importe le plus en ce moment, c'est notre pays et la liberté de notre pays."
Le réalisateur est conscient que son retour en Iran peut le mener à nouveau à la case prison. "Quand on fait de tels films, on sait qu'il y a un prix à payer. Ça peut être la prison ou mille autres choses", a-t-il déclaré dans une interview réalisée dimanche matin et diffusée lundi sur France Inter. Jafar Panahi se dit prêt. Il lui est d'ailleurs impossible de fuir à l'étranger car, dit-il, "je suis incapable de m'adapter à un autre pays que l'Iran".
Réaction glaciale de Téhéran
Cet accueil du cinéaste à Téhéran contrastait avec la froide réaction des médias d'État iraniens et des dirigeants du pouvoir à cette première Palme d'or iranienne depuis Le Goût de la cerise du défunt Abbas Kiarostami en 1997.
"Dans un geste de résistance contre l'oppression du régime iranien, Jafar Panahi emporte une Palme d'or qui ravive l'espoir pour tous les combattants de la liberté, partout dans le monde", a écrit sur X le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.
L'Iran a, en réponse, convoqué le chargé d'affaires français à Téhéran, dénonçant des "propos insultants et (...) allégations infondées", selon l'agence officielle iranienne Irna.
"Je ne suis pas un expert en art, mais nous pensons que les événements artistiques et l'art en général ne doivent pas être exploités (ou utilisés de manière abusive) pour poursuivre des objectifs politiques", a fait valoir lundi le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï.
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