Festival de Cannes 2025 : avec "Résurrection", le jeune réalisateur chinois Bi Gan raconte le XXe siècle dans un songe cinéphilique et remporte le Prix spécial
"Résurrection" était présenté au Festival de Cannes jeudi soir, avant-dernier jour de la compétition. Il a reçu le Prix spécial à l'issue de la compétition.
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Cet article a été mis à jour le 24 mai après le verdict du jury. Résurrection a reçu le Prix spécial du Festival de Cannes.
Après La Nouvelle Vague, délicieux long-métrage de Richard Linklater sur la révolution Godard, voici en compétition un deuxième film hommage au cinéma, dans un registre complètement différent, avec le nouveau film du jeune prodige chinois Bi Gan. Dans Résurrection, présenté en compétition jeudi soir 22 mai, Bi Gan parvient dans un tour de passe-passe ultra-créatif à raconter le XXe siècle à travers un voyage dans la fantastique imagerie du cinéma depuis ses origines.
Difficile de raconter l'histoire de ce film qui ressemble à un rêve (ou un cauchemar) de cinéphile. Mais essayons. Une femme nous raconte l'histoire d'un "rêvoleur". Cette femme, photographe, maquilleuse, cheffe d'orchestre, metteuse en scène ou magicienne (sa "mère" ?) est là quand tout commence. Elle sera là quand tout s'achève, de l'autre côté de l'écran.
Le "rêvoleur", cet étrange personnage, sorte d'homme "monstre", un projecteur dans les entrailles, traverse le temps et perd au fil de son existence tous les sens, en commençant par l'ouïe. Il fait des rencontres, répond à des devinettes, traverse des décors, côtoie la beauté, flirte avec la violence. Ce voyage dans le temps est aussi un voyage dans les rêves, et dans les illusions.
"Le monde s'est déjà effondré"
Parfois proche de l'éveil, notre "rêvoleur" à tête de voyou saute d'une époque à l'autre, tandis que le temps accélère sa course. Les décors qu'il traverse sont comme des embrassades visuelles au cinéma. Rien de précis, mais des atmosphères qui nous replongent dans la magie des films qui ont traversé le siècle, de Méliès à Murnau, en passant par Tarantino, Kurosawa ou Wong Kar-wai. On pense aussi à Dali, à Cocteau, à Lewis Carroll.
Ce film littéralement hallucinant, bercé par des airs de Chopin, de Bach, de rock ou de musique traditionnelle chinoise, emprunte à tous les genres, du muet au polar, en passant par le film de vampire. Il nous embarque dans une rêverie à épisodes, parfois un peu longs, mais toujours d'une beauté saisissante. Le réalisateur chinois, au-delà de cette plongée dans les entrailles du 7e art, dessine d'un trait l'histoire du XXe siècle.
"Le monde s'est déjà effondré", nous dit le "rêvoleur" après un dernier baiser de la mort. Portes dérobées, ombres projetées, miroirs, perspectives déformées, démultipliées, mises en abyme... Cet imaginaire sans limites offre à chacun, comme dans les rêves, la liberté d'interpréter et de donner un sens à ce conte fantastique. Résurrection est assurément le film le plus mystérieux et le plus fou de cette compétition cannoise.
La fiche
Genre : Policier, Drame, Science-Fiction
Réalisation : Bi Gan
Avec : Jackson Yee, Shu Qi, Mark Chao
Pays : Chine
Durée : 2h40
Sortie : prochainement
Distributeur : Les films du Losange
Synopsis : Dans un monde où les humains ne savent plus rêver, un être pas comme les autres perd pied et n'arrive plus à distinguer l'illusion de la réalité. Seule une femme voit clair en lui. Elle parvient à pénétrer ses rêves, en quête de la vérité…
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