"Maria" : Pablo Larraín imagine les derniers jours de la Callas dans un biopic à huis clos

Le film a été présenté à la Mostra de Venise en août 2024 et la prestation d'Angelina Jolie a reçu un bel accueil.

Article rédigé par Zoé Ayad
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Image du film "Maria" de Pablo Larraín (PABLO LARRAIN)
Image du film "Maria" de Pablo Larraín (PABLO LARRAIN)

Une figure ovale, un trait d'eye-liner impeccable et un chignon volumineux. Si l'opéra avait un visage, ce serait celui de Maria Callas. La cantatrice d'origine grecque a fait rêver une génération de mélomanes et continue de fasciner pour sa maîtrise inégalée du chant et ses talents d'actrice. Pas étonnant de constater qu'elle fascine les réalisateurs qui lui ont consacré de nombreux films. C'est au tour d'Angelina Jolie d'incarner à l'écran la célèbre chanteuse d'opéra, sous la direction de Pablo Larraín. Présenté à la Mostra de Venise en septembre, Maria sort en salles mercredi 5 février.

Après Diana Spencer et Jackie Kennedy, le réalisateur chilien s'attaque à Maria Kalogeropoulos. Avec ce biopic intime, il clôt un triptyque consacré aux "femmes qui ont bouleversé le XXe siècle". Il raconte dans son film les derniers jours de celle qui a réalisé l'exploit de briser les frontières d'un art jugé élitiste.

Recluse dans son appartement parisien du XVIe arrondissement, Maria Callas, âgée de 53 ans, ne monte plus sur scène, ni ne chante. Elle vit une existence solitaire avec, pour seuls compagnons, son majordome (Pierfrancesco Favino) et sa gouvernante (Alba Rohrwacher). La chanteuse déambule dans les rues de Paris, à la recherche de sa voix, mais aussi de sa vie perdue.

Maria et Angelina au diapason

Lorsqu'il s'agit de biopic, les passionnés placent la barre haute, impatients de voir qui incarnera leur idole à l'écran, encore plus impatients de relever les erreurs. Pour ce qui est des biopics musicaux, la pression est démultipliée. Il faut reconnaître qu'au vu de la difficulté de l'exercice, Angelina Jolie incarne une Maria Callas convaincante qu'elle doit à la sincérité de son jeu d'actrice.

Le film débute par un gros plan où l'actrice chante durant plusieurs minutes, un pari risqué, mais réussi grâce à Angelina Jolie qui chante réellement sur le plateau afin de ne pas donner l'impression d'un playback. La comédienne s'est prêtée au jeu avec une vulnérabilité déconcertante, car c'est en partie sa voix que nous entendons au montage final, mixée avec celle de la vraie Maria.

"Dois-je vous appeler Maria ou la Callas ?" La question martèle l'esprit de la cantatrice, constamment partagée entre sa vie de femme et sa carrière d'artiste. Elle-même affirmait en interview : "Il y a deux personnes en moi, Maria et la Callas", revendiquant cette identité duale. Pourtant, beaucoup disent de la vie de la chanteuse qu'elle est indissociable de l'opéra, comme intoxiquée par le destin tragique de ses rôles. C'est en tout cas le parti adopté par le réalisateur du film, Pablo Larraín.

Nous découvrons lors de flash-back en noir et blanc, la vie mouvementée de Maria rythmée par des airs d'opéra choisi en conséquence. Elle apparaît malade d'amour, lorsque Onassis la quitte pour épouser Jackie Kennedy comme Violetta dans La Traviata, elle est éjectée de la scène par un homme puissant comme dans Tosca ou encore orgueilleuse comme Norma. Reste que son plus grand rôle est d'avoir incarné la grande Callas, devant un public passionné qui a déversé sur elle son amour, comme sa haine, allant jusqu'à la punir de s'être arrêtée de chanter.

Le réalisateur choisit justement de situer le récit à Paris, dans les années 1970, et raconte la diva alors que sa carrière est terminée. Privée de sa voix, Maria se veut désormais libre et maîtresse de son destin. Elle apparaît surtout privée de son identité, sans repères, prisonnière d'une quête infernale pour retrouver sa voix, mais surtout sa vie. C'est une Maria vulnérable et mélancolique que nous découvrons dans cette adaptation, loin de l'imposante et charismatique Callas. Hantée par ses rôles, Maria vit dans l'absence de la Callas, comme amputée de la meilleure partie d'elle-même, et lutte pour survivre face au mythe.

Affiche du film "Maria" de Pablo Larraín. (PABLO LARRAIN)
Affiche du film "Maria" de Pablo Larraín. (PABLO LARRAIN)

La fiche

Genre : Biopic
Réalisateur : Pablo Larraín
Acteurs : Angelina Jolie, Pierfrancesco Favino, Alba Rohrwacher
Pays : États-Unis/Chili/Italie/Allemagne
Durée : 2h03
Sortie : 5 février 2025
Synopsis : La vie de la plus grande chanteuse d’opéra du monde, Maria Callas, lors de ses derniers jours, en 1977, à Paris.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.