"Ma vie de Courgette", histoire d'un film français fabriqué à la main en lice pour un Golden Globe
"Ma Vie de Courgette" est en lice pour un Golden Globe dimanche à Los Angeles. Ce film d'animation, fabriqué à la main en région lyonnaise, fait figure d'ovni à côté des quatre superproductions américaines en compétition avec lui.
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Depuis qu'il a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, le film du Suisse Claude Barras enchaîne les prix et pourrait même être nominé aux Oscars.
Presque tout a été fait à la main
"Claude a absolument voulu garder le côté artisanal, on ne voulait pas d'un film ultra léché. On voit les empreintes sur les marionnettes, la lumière n'est pas numérique, les choses ne sont pas lisses", explique Marianne Chazelas, première assistante réalisateur qui vit à Lyon. "Sa force, qui peut être une faiblesse, est qu'il parle des choses directement, à l'opposé de certains films pour enfants où l'on enrobe tout", enchaîne Marc Bonny, à la tête de Gebeka Films, distributeur et coproducteur lyonnais qui a décollé à la fin des années 1990 avec Kirikou.Oui, Courgette tue accidentellement sa mère ; oui, il est placé dans un orphelinat ; oui, ces enfants sont maltraités et cabossés mais il en émane une incroyable justesse et délicatesse sur les sentiments de l'enfance. Ce supplément d'âme tient certainement à ces poupées dont les visages hypertrophiés en résine s'animent. Grâce à leurs gros yeux, les animateurs ont pu faire bouger leurs regards à la main, sans utiliser de petits outils, genre pince à épiler, qui désincarnent parfois les personnages.
Presque tout, d'ailleurs, a été fait main : les marionnettes dans l'atelier savoyard de Grégory Beaussart, les costumes cousus et tricotés dans les ateliers suisses Gran'Cri et Nolita, les nuages en laine de mouton, la neige en flocage de velours.
Seulement 30 secondes tournées par jour
Le tournage a débuté à Lausanne, avec les voix d'enfants amateurs. Pour plus de spontanéité, l'équipe décide de les mettre en situation et en interaction, plutôt que de les enregistrer séparément. "On les a filmés, leurs attitudes donnant ensuite de précieuses indications aux animateurs pour donner aux marionnettes les bonnes expressions", explique David Toutevoix, le chef opérateur.S'ensuit un travail titanesque en "stop motion", technique d'animation image par image. Dix mois de tournage au Pôle Pixel de Villeurbanne, en banlieue lyonnaise, lieu de création qui offre 5.000 m2 de studios. Car pour boucler une seconde de film, il faut 24 images, en bougeant les figurines millimètre par millimètre pour accomplir un mouvement. Seulement 30 secondes utiles sont tournées par jour, quatre secondes par animateur - la crème du métier, certains ayant tourné avec Tim Burton ou Wes Anderson.
Gérer 14 plateaux en même temps, "un casse-tête"
"L'ambiance était très calme : le travail est tellement minutieux qu'on ne peut pas être agité. Mais c'était tendu aussi, car gérer 14 plateaux en même temps, c'est un casse-tête humain et technique", se souvient Marianne Chazelas.L'équipe s'étale sur plus de 2.000 m2. Les décors sont construits sur place. Il y a aussi les vestiaires des poupées (54) qui disposent chacune d'une trentaine de bouches, de sourcils, de paupières et deux "docteurs" prêts à intervenir.
L'équipe regrette qu'il n'y ait pas eu de "making of" sur ces secrets de tournage, même si une exposition lève le voile sur "L'envers du décors" au Musée miniature et cinéma de Lyon jusqu'au 2 avril.
Reconnaissance mondiale
Mais avec son modeste budget de 6 millions d'euros, il y avait peu de marges de manoeuvre. Aujourd'hui, alors que le film a déjà enregistré plus de 680.000 entrées en France et doit prochainement sortir aux États-Unis, le Petit Poucet est auréolé d'une reconnaissance incroyable.Même le créateur du studio Aardman, Peter Lord, rendu célèbre pour son "Wallace et Gromit", s'est fendu d'une vidéo pour dire tout le bien qu'il pense du travail de Claude Barras.
Une prouesse d'autant plus étonnante que la Suisse restait "traumatisée" par le désastre de Max & Co en 2007 et qu'en France, le dernier film réalisé en stop motion remontait "aux années 30", rappelle Marc Bonny.
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