Avec Pio Marmaï et Sofiane Zermani, "Le Roi Soleil" sonde nos petits arrangements avec la vérité
Après "Les Magnétiques" en 2021, "Le Roi Soleil" est le second long-métrage de Vincent Maël Cardona.
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Malgré son titre évocateur, Le Roi Soleil n'a rien d'un biopic en costumes au temps de Louis XIV. Même s'il commence au château de Versailles, une nuit. Un jeune blanc-bec, drogué jusqu'aux yeux, profite d'un séminaire d'entreprise pour entraîner un stagiaire dans la chambre du roi. Il lui donne alors une improbable leçon sur la pyramide sociale et sa vision de l'ordre du monde. Pour lui, c'est certain, les derniers ne seront jamais les premiers.
Surpris par la sécurité, ce personnage arrogant prend la fuite et nous conduit au Roi Soleil, un bar-PMU de Versailles qui vend aussi des tickets de loto. Tous les protagonistes du film vont, à un moment ou à un autre, se retrouver dans ce bistrot, théâtre d'un huis clos rocambolesque : Nico le patron (Xianzeng Pan), sa sœur Esmé (Lucie Zhang), deux policiers (Pio Marmaï et Sofiane Zermani), un jeune médecin (Panayotis Pascot), un client énervé (Nemo Schiffman), la propriétaire du bar (Maria de Medeiros) et un habitué, Monsieur Kantz (Claude Aufaure). Le film sort en salles mercredi 27 août, deux mois après sa projection remarquée en séance de minuit au Festival de Cannes.
Monsieur Kantz découvre qu'il a gagné le pactole au loto : 294 millions d'euros. Mais il oublie son ticket sur le comptoir et quand il vient le récupérer, la situation dégénère. Un homme est tué, un autre présent dans le bar, gravement blessé. Le conte de fées vire au cauchemar. Ce dramatique accident est le point de départ d'une réflexion sur la façon dont on s'arrange avec la vérité, et accessoirement avec sa conscience, dès lors qu'une grosse somme d'argent entre en jeu.
Le début du film, haletant, est particulièrement réussi. Pour confronter les points de vue des différents protagonistes, le réalisateur Vincent Maël Cardona et son co-scénariste Olivier Demangel ont imaginé de micro flash-backs. Ce procédé, volontairement répétitif, permet de voir les scènes sous un autre angle, en adoptant le point de vue d'un autre protagoniste et en complétant, par bribes, l'histoire qui se déroule dans le café. À chacun sa vérité, pour reprendre le titre d'une pièce de Pirandello.
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Autour du bar du Roi Soleil, une question revient de façon récurrente : "Et pour le ticket, que fait-on ?" Il reste 60 jours pour encaisser le gros lot, de quoi attiser les convoitises. Comme les auteurs du film, les rescapés du café tentent de trouver le scénario idéal, une version parfaite de l'histoire qu'il faudra raconter à la police pour masquer la bavure et pouvoir se partager le magot.
Quand ils réalisent que leur script ne tient pas la route, ils en inventent un autre, essayant à chaque fois de tout prévoir. Ils se trompent, font marche arrière, recommencent, appliquant la fameuse maxime : on n'a rien sans rien. Ils se perdent, et nous avec, dans un labyrinthe de possibilités.
La multiplication des récits devient rapidement lassante. Pas assez drôle, inutilement violente, on finit par se désintéresser de cette histoire à tiroirs. Un plan maladroit, révélant l'envers du décor, nous sort tout à fait du propos. Si l'on nous montre, en cours de film, que tout est bidon, à quoi bon se concentrer sur un énième scénario dans le scénario ?
Une formidable équipe de comédiens
Le réalisateur ose une réflexion acide et réjouissante sur nos petits arrangements avec la vérité. Pour ce faire, il a su s'entourer d'une formidable équipe de comédiens, digne d'une troupe de théâtre. Saluons notamment le jeu nuancé de Sofiane Zermani en policier à scrupules, la candeur cocasse de Pio Marmaï et le retour sur grand écran de la solaire Maria de Medeiros, en femme perfide. Composée par Delphine Malausséna, la musique aux accents baroques du film est au diapason.
Malgré tous ces atouts, Vincent Maël Cardona, dont c'est le second long-métrage, semble hésiter constamment entre plusieurs tons, comme s'il n'avait pas réussi à choisir quel type de film il voulait faire. D'abord ludique, sa farce dérive vers des considérations trop sérieuses et presque moralisatrices sur l'argent qui corrompt.
Le film s'enlise dans des scènes bien trop longues et finit par lasser. Dans le genre comédie noire, on a préféré au début de l'année le film de Franck Dubosc, Un ours dans le Jura. Il a cependant le mérite de poser une question intéressante : et si la vérité n'était qu'un scénario bien ficelé ?
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La fiche
Genre : Comédie dramatique
Réalisation : Vincent Maël Cardona
Scénario : Vincent Maël Cardona et Olivier Demangel
Avec : Pio Marmaï, Lucie Zhang, Sofiane Zermani, Xianzeng Pan, Joseph Olivennes, Panayotis Pascot, Nemo Schiffman, Maria de Medeiros, Claude Aufaure
Pays : France
Durée : 1H56
Sortie : 27 août 2025
Producteur : SRAB Films
Synopsis : Un homme est mort au Roi Soleil, un bar-PMU à Versailles. Il laisse un ticket de loto gagnant de plusieurs millions d'euros. En s'arrangeant un peu avec la réalité et leur conscience, les témoins du drame pourraient repartir avec l'argent… Et si la vérité n'était qu'un scénario bien ficelé ?
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