"Classe moyenne" : Laurent Lafitte et Élodie Bouchez dans une comédie grinçante sur la lutte des classes

Cette comédie présentée à la Quinzaine des cinéastes au Festival de Cannes 2025 met en scène Laurent Lafitte et Élodie Bouchez en bourgeois infects, à l'esprit étriqué, versus Ramzy Bedia et Laure Calamy, le couple de gardiens roublards de leur villa.

Article rédigé par Laurence Houot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Laurent Lafitte dans le film "Classe moyenne" d'Antony Cordier, sortie le 24 septembre 2025. (TANDEM FILMS)
Laurent Lafitte dans le film "Classe moyenne" d'Antony Cordier, sortie le 24 septembre 2025. (TANDEM FILMS)

Après Gaspard va au mariage (2018), Antony Cordier signe une comédie sur les rapports de classe servie par un hilarant quatuor d'acteurs et d'actrices. Le film sort dans les salles le mercredi 24 septembre.

La famille Trousselard s'apprête à couler un été tranquille dans sa maison secondaire quelque part dans le sud de la France. Au programme : piscine pour la fille, Garance (Noée Abita), apprentie comédienne, et pour Mehdi (Sami Outalbali), son amoureux, invité pour la première fois, farniente pour Laurence, la mère (Élodie Bouchez), une actrice sur le retour, et cuisine pour le père (Laurent Lafitte), avocat d'affaires féru de gastronomie et de locutions latines.

Tout ce beau monde évolue dans les espaces épurés d'une maison luxueuse dont l'entretien est réservé à un couple de gardiens, Tony et Nadine Azizi (Ramzi Bedia et Laure Calamy), à qui l'on s'adresse avec condescendance, pour ne pas dire mépris. Une condescendance également réservée à Mehdi, qui même s'il est sorti major de sa promotion et promis à une brillante carrière d'avocat, reste aux yeux de son beau-père un "petit bonhomme" de famille modeste, issu de l'immigration. Soucieux de bien faire, Mehdi se propose de jouer les médiateurs dans un conflit entre les Trousselard et leur couple de gardiens, bien décidé à tirer parti financièrement d'une brouille qui a mal tourné.

"La vie est une putain de compétition"

Avec cette nouvelle comédie, Antony Cordier creuse sa fibre sociale en braquant sa caméra sur la bourgeoisie, à travers une figure archétypale de cette classe sociale. Laurent Lafitte s'empare de ce rôle de personnage exécrable avec bonheur, qui pourrait figurer dans une pièce de Molière.

Dans une série de scènes plutôt drôles, le réalisateur s'amuse à croquer cette bourgeoisie campée dans sa tour d'ivoire, persuadée d'avoir le monopole de l'intelligence, de la culture et du bon goût, et littéralement hors sol ("Tout ce que je demande, c'est un peu de respect", ose affirmer Philippe, sans sourciller, après avoir piétiné comme des vieux paillassons tous ceux qui l'entourent). Propulsé dans ce monde et dans cette famille où on ne dit pas "bon appétit", Mehdi commet tous les impairs.

"Tu crois que tu vas obtenir un stage chez Philippe en étant gentil ?", lui dit sa belle-mère. "La vie est une putain de compétition", ajoute-t-elle. Le film montre aussi la vanité de la vie de la famille Trousselard, à travers une scène au ton plus grave dans laquelle le personnage de Garance essaie en vain de pleurer pour décrocher un rôle, coupée de ses émotions, et mise en face du néant de son existence.

Transfuge de classe

Le film, même s'il commence sur une note en leur faveur, n'épargne pas le couple de gardiens qui n'aspirent finalement qu'à "en être", eux aussi. Ils ont une revanche à prendre sur la vie, et comptent bien se servir de cette querelle pour accéder à un meilleur statut social. La question des transfuges de classe est également abordée à travers la figure du gendre, issu de l'immigration comme les gardiens des Trousselard, et qui a bien du mal à choisir son camp, alors qu'il est lui-même l'objet du mépris de classe de "monsieur" et même de sa fille.

Cette comédie réjouissante dit très clairement ce qu'est le mépris de classe, la reproduction sociale et les questions qui entourent le désir de s'extraire de sa condition, sans perdre son âme et sans rejoindre ceux qui voudraient que leur monde, ici montré comme pas très glorieux, ne change pas. Ne change jamais.

Si cette peinture de la bourgeoisie est plutôt réussie, avec des dialogues bien écrits, des décors très raccords et un casting bien choisi, l'intrigue, un peu poussive, n'a pas l'air de trop savoir où elle va, ni sur quoi elle veut conclure. Ce flottement finit par faire glisser le film dans une farce un peu forcée et par lui faire perdre sa légèreté, ses nuances et sa drôlerie, dans la dernière partie.

Affiche du film "Classe moyenne" d'Anthony Cordier, sortie le 24 septembre 2025. (TAMDEM FILMS)
Affiche du film "Classe moyenne" d'Anthony Cordier, sortie le 24 septembre 2025. (TAMDEM FILMS)

La fiche

Genre : Comédie
Réalisation : Antony Cordier
Avec : Laurent Lafitte, Élodie Bouchez, Ramzy Bedia, Laure Calamy
Pays : France
Durée : 1h35
Sortie :
24 septembre 2025
Distributeur : Tandem
Synopsis : Mehdi a prévu de passer un été tranquille dans la somptueuse demeure de ses beaux-parents. Mais dès son arrivée, un conflit éclate entre la famille de sa fiancée et le couple de gardiens de la villa. Comme Mehdi est issu d'un milieu modeste, il pense pouvoir mener les négociations entre les deux parties et ramener tout le monde à la raison. Pourtant, tout s'envenime…

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