"Deux pianos" : "Ce film, c'est un blockbuster de l'émotion", assure François Civil, à l'affiche du nouveau drame d'Arnaud Desplechin avec Charlotte Rampling

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Article rédigé par France 2 - Édité par l'agence 6Medias
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Invités du "20 Heures", mardi 30 septembre, Charlotte Rampling et François Civil présentent "Deux pianos", le nouveau drame d'Arnaud Desplechin, dans lequel les deux comédiens interprètent un duo de musiciens aux rapports complexes.

À l'affiche de "Deux pianos", le dernier film en date du cinéaste Arnaud Desplechin, Charlotte Rampling et François Civil reviennent dans le "20 Heures" du mardi 30 septembre sur leur collaboration inattendue dans ce drame habité, qui sortira le 15 octobre prochain. Un mélange de thèmes et une partition intense entre "deux monstres", que les acteurs présentent à Léa Salamé.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Léa Salamé : Les invités du 20 Heures sont le plus beau duo de la rentrée au cinéma. Elle est une icône fascinante, mystérieuse, que vous avez vue chez Visconti, François Ozon ou Patrice Chéreau, lui est l'un des meilleurs acteurs de sa génération, il a joué dans les derniers films qui ont cartonné en salle : Les Trois Mousquetaires, L'Amour Ouf, BAC Nord. Ils sont à l'affiche du nouveau film d'Arnaud Desplechin, Deux Pianos, qui sort le 15 octobre prochain. Un film profond, intense, sur l'amour impossible, sur la liberté, sur le mensonge, sur la transmission. Charlotte Rampling et François Civil. Quelle affiche ! Vous deux ensemble dans un même film. François Civil, ça fait quoi de jouer avec l'icône Charlotte Rampling ?

François Civil : Bonne question. Je crois qu'en l'occurrence, le terme d'icône n'est pas galvaudé à son sujet. Charlotte, c'est tout simplement une immense actrice. Charlotte nous a bouleversés à travers les années avec des rôles inoubliables, des personnages incroyables. Chez François Ozon, je me souviens de Swimming Pool, Sous le Sable, ce sont des films qui m'ont beaucoup marqué...

Charlotte Rampling : On joue du piano ensemble. Ça, c'est formidable. Et déjà, je suis ravie d'être avec ce jeune homme, qui est extraordinaire.

Pourquoi, il incarne quoi dans la jeune génération ?

Parce que, quand on le voit, il est ce qu'il est. C'est comme s'il ne jouait pas. Je pense qu'il ne joue pas. Moi, je ne joue pas non plus, peut-être. C'est pour ça peut-être qu'on est un petit peu compatibles.

Ce côté très naturel que vous avez tous les deux ?

On a un côté naturel, mais je sens que quand je joue, je ne joue pas. Donc c'est peut-être ça aussi que je sens en lui, cette sincérité.

Vous jouez du piano tous les deux. Vous êtes deux pianistes dans ce film qui s'appelle Deux pianos. Vous Charlotte, vous êtes virtuose, reconnue, célébrée, et vous décidez d'arrêter votre carrière et de lui demander, à lui, qui a été votre élève, vous le mentor, de vous succéder parce que vous êtes malade. Le film commence comme ça, et vous ne voulez pas vous montrer vulnérable. Vous êtes une femme forte, puissante, aride, dure aussi, et vous préférez tout quitter pour ne pas montrer vos faiblesses. Vous l'avez comprise, cette femme ?

Quand on est vraiment impliqué dans quelque chose, créativement, c'est là où la vie côtoie la mort, on ne peut pas détacher. C'est une souffrance, mais c'est une sublime souffrance. Il n'y a pas de possibilité de faire à demi-mesure, à demi-temps. C'est pour ça qu'elle dit dans le film qu'elle est un monstre. Et elle a compris que Mathias était de la même trempe. L'histoire, ce sont des couches et des couches avec Arnaud Desplechin.

"Il y a un morceau dans le film que je suis assez content de jouer moi-même. C'est un morceau de Bach"

Vous avez raison, c'est un des cinéastes les plus sensibles, les plus complexes. François Civil, vous êtes cet élève, ce jeune homme tourmenté, ce jeune homme qui fuit. Vous avez 35 ans et vous fuyez votre vie, vous fuyez l'amour, vous partez, vous fuyez votre destin, vous pourriez être un immense pianiste, mais non, vous préférez fuir, partir à l'étranger. Ce rôle, c'est sans doute l'un des plus beaux que vous ayez joués. Vous avez joué dans des gros blockbusters, mais celui-là, chez Desplechin, c'est sans doute peut-être le plus fort. Est-ce qu'il vous a remué, ce jeune homme ? Est-ce que le tournage a été intense ?

Déjà, merci. Et je crois que c'est un blockbuster de l'émotion, ce film-là. Et les films d'Arnaud, de manière générale, je ne fais pas trop le distinguo, c'est vrai, entre les différents types de films, mais je dirais que j'ai eu énormément de chance de rencontrer Arnaud et qu'il me propose ce rôle. L'intensité, en fait, elle émane tout simplement des personnages et des histoires qui, dans ses films, sont toujours grandioses. Les personnages sont dans des situations tout à fait inextricables. Ça nous permet de plonger dans des thèmes qui lui sont chers : les origines, la filiation, la création. En l'occurrence, on a affaire à deux monstres dans le film. Et ça, c'était en effet les couches dont parlait Charlotte, juste avant. Ça donne en fait une profondeur telle à ce qu'on raconte, que cette intériorité, on est obligé de la saisir.

D'ailleurs, Charlotte Rampling, vous dites : "Moi, je n'ai jamais fait de plan de carrière, je ne choisis mes films qu'en fonction du voyage intime qu'ils me font faire et de la complexité de l'âme humaine qu'ils disent." Évidemment, avec Desplechin, vous êtes servie.

Je suis complètement servie. C'est magnifique cette rencontre. C'est l'un des tournages, d'ailleurs, qui m'a... J'en ai fait des très beaux, mais celui-là était très, très spécial avec Arnaud, parce que c'est comme si on dansait avec lui. Il est tellement impliqué dans la profondeur de trouver ce qu'il veut de ses acteurs et de son histoire, parce que ce sont toujours des histoires à lui, qui sont très proches de lui-même, donc il raconte à travers les films toute une diversité d'émotions qui sont extraordinairement personnelles.

Et qui nous parlent. Est-ce qu'on accepte notre destin ou est-ce qu'on le refuse ? Est-ce qu'on préfère fuir pour ne pas souffrir, pour ne pas être seul ? Est-ce qu'on refuse l'amour pour ne pas souffrir aussi ? La paternité, la transmission... Il y a tout ça dans ce film. Il y a plein de thèmes qui lui sont extrêmement chers. Et puis il y a le piano, qui est l'autre personnage du film. Est-ce que c'est vous qui jouez, François Civil ? Parce que j'ai vu que vous étiez musicien.

Oui, je suis un piètre instrumentiste, pas comme le personnage que j'interprète là. Mais c'est vrai que j'ai eu tellement de temps de préparation que je me suis adonné à la pratique du piano. Il y a notamment un morceau dans le film que je suis assez content de jouer moi-même. C'est un morceau de Bach pendant une audition, et c'était assez magique.

C'est vous qui le jouez ?

Oui.

Et vous, Charlotte, vous avez fait des albums dans une autre vie. Là, est-ce que c'est vous qui jouez ?

Non, ce n'est pas moi. Je fais semblant de jouer, je ne jouais pas. Lui jouait vraiment. Il a vraiment appris. C'est un vrai travailleur.

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