"Hiver à Sokcho" : le cinéaste Koya Kamura met en scène avec poésie l'introspection identitaire d'une jeune métisse franco-coréenne
Ce premier film est l'adaptation du roman éponyme d'Élisa Shua Dusapin.
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Avec Hiver à Sokcho, en salles mercredi 8 janvier, le cinéaste franco-japonais Koya Kamura invite à une virée dans une ville portuaire du nord-est de la Corée du Sud, dans les pas de la jeune Soo-ha en mal de son énigmatique père français. Le film s'ouvre sur elle et ses yeux dans le vague alors qu'elle se réveille aux côtés de son petit ami, Jun-ho, aspirant mannequin. La vie de cette jeune Sud-Coréenne francophone et francophile va prendre des couleurs quand l'écrivain français Yan Kerrand débarque dans la petite pension où elle travaille.
Le français, langue qu'ils ont en partage, attire la jeune femme vers cet écrivain un peu bourru et solitaire, résolument venu chercher l'inspiration. L'album que ce dessinateur, qui a un étonnant rapport gustatif avec ses instruments – papier, pinceaux et encre –, pourrait être le long-métrage lui-même. Singulière mise en abyme : Hiver à Sokcho est l'adaptation du livre de la romancière Élisa Shua Dusapin qui partage le métissage de son héroïne. Son premier ouvrage a été "écrit entre (ses) 17 et 21 ans en plein questionnement identitaire entre (ses) origines françaises et coréennes".
La venue de l'écrivain déclenche chez Soo-ha, interprétée par Bella Kim, le désir de ce père absent. Le sentiment se transpose peu à peu sur Yan Kerrand qui le nourrit, malgré lui, quand il lui demande de lui montrer sa ville. Sur ce parcours touristique se greffent les espoirs ambivalents et flous d'une femme qui, peu à peu, développe une relation ambiguë avec l'artiste. Sa francité et son talent de dessinateur fascinent la jeune femme qui a étudié la littérature française et coréenne. Yan Kerrand, incarné par Roschdy Zem, est loin d'être dupe.
Kamura aborde les états d'âme de Soo-ha avec une nonchalance et une douceur exquises. Les séquences animées qui ponctuent le film sont un formidable relais narratif, inspiré par la profession de Yan Kerrand. Ces belles et poétiques respirations, conçues et réalisées par Agnès Patron, s'insèrent parfaitement dans le récit filmé, en prenant le relais des images ou en explicitant les dialogues et les pensées. Les graphismes traduisent bien l'indicible, les rêves et les traumas enfouis dans les replis du corps de Soo-ha.
Parenthèse initiatique
Koya Kamura offre également de superbes séquences de son héroïne face à ses miroirs : elle a furtivement les yeux de La Joconde ou le corps de l'une des Baigneuses de Courbet. Il explore ainsi par petites touches le rapport au corps de Soo-ha, cuisinière émérite, qui apparaît complexe au fil du récit. La mise en scène est fluide et Soo-ha n'a aucun secret pour qui la voit évoluer à l'écran. Yan Kerrand, non plus d'ailleurs.
En les regardant flâner dans Sokcho ou s'offrir un tour à la frontière nord-coréenne, dans la célèbre zone démilitarisée (DMZ) qui divise les Coréens depuis 1953, on se prend d'affection pour ces personnages qui en ont gros sur leur cœur. On aime aussi les moments complices que partage Soo-ha avec sa mère poissonnière, spécialiste de la préparation du fugu, poisson dont l'ingestion peut être mortelle s'il n'est pas bien préparé. L'expérience introspective et initiatique qu'offre ce premier film est lumineuse, même si l'hiver n'est pas la saison qui sied le mieux à la beauté de la pittoresque Sokcho.
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La fiche
Genre : Drame
Réalisateur : Koya Kamura
Distribution : Roschdy Zem, Bella Kim, Mi-yeon Park, Tae-ho Ryu, Doyu Gong et Kyung-soon Jung
Pays : France
Durée : 1h44
Sortie : mercredi 8 janvier 2025
Distributeur : Diaphana Distribution
Synopsis : À Sokcho, petite ville balnéaire de Corée du Sud, Soo-Ha, 23 ans, mène une vie routinière entre ses visites à sa mère, marchande de poissons, et sa relation avec son petit ami Jun-oh. L'arrivée d'un Français, Yan Kerrand, dans la petite pension dans laquelle Soo-ha travaille, réveille en elle des questions sur sa propre identité et sur son père français dont elle ne sait presque rien. Tandis que l'hiver engourdit la ville, Soo-Ha et Yan Kerrand vont s'observer, se jauger, tenter de communiquer avec leurs propres moyens et tisser un lien fragile.
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