Festival d'Avignon 2025 : Israel Galvan et Mohamed El Khatib racontent le rapport difficile à leurs pères
"Israel & Mohamed" est le fruit d'une première collaboration à Paris, où les deux artistes ont découvert une complicité inattendue.
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L'un est une figure incontournable du flamenco contemporain, l'autre un auteur reconnu de théâtre documentaire. À Avignon, l'Espagnol Israel Galvan et le Français Mohamed El Khatib conjuguent leurs sensibilités artistiques dans une création intime autour de la figure paternelle, une œuvre qu'ils décrivent comme une véritable "mise à nu".
Le spectacle, intitulé Israel et Mohamed, prend l'affiche au Cloître des Carmes, dans le cadre du Festival d'Avignon et se jouera jusqu'au 23 juillet. Cette création est le fruit d'une première collaboration à Paris, où les deux artistes ont découvert une complicité inattendue.
"Beaucoup en commun"
Au-delà de leur intérêt commun pour le football, une proximité plus profonde est vite apparue : "Nous nous sommes rendu compte que nous avions beaucoup en commun. En particulier, tant mon père que le sien étaient très autoritaires quand nous étions jeunes. Ils voulaient que nous fassions ce qu'ils avaient choisi pour nous", confie Israel Galvan à l'AFP.
Depuis la fin des années 1990, ce chorégraphe de 51 ans n'a eu de cesse de bouleverser les conventions du flamenco traditionnel, en s'émancipant de l'héritage de ses parents, José Galvan et Eugenia de los Reyes – une prise de distance qui lui a souvent valu les critiques des puristes.
Voyage en terre paternelle
Mohamed El Khatib, quant à lui, évoque aussi une relation complexe : des "figures paternelles aimantes d'une certaine façon, mais encombrantes", appartenant à "une génération de pères plutôt taiseux, très durs, et qui tous deux partagent une forme d'indifférence envers le travail de leurs enfants". Il ajoute que son père, Marocain installé à Orléans, n'a jamais assisté à l'un de ses spectacles.
À 45 ans, le metteur en scène a surtout consacré son travail antérieur à la mémoire de sa mère, disparue, comme en témoigne récemment sa rétrospective Le Grand-Palais de ma mère, à Paris. Pour cette nouvelle pièce, les deux artistes ont croisé leurs démarches : chacun a longuement interviewé le père de l'autre, entre Orléans et Séville. El Khatib est même allé jusqu'à suivre pendant un an des cours de flamenco auprès du père d'Israel Galvan.
Un duo entre archives, danse et mémoire
Ensemble, ils ont rassemblé des éléments de leurs histoires personnelles : un tapis de prière, des ballons de football dégonflés, des chaussures de flamenco, des enregistrements de cours du maître de danse d'Israel... Autant de fragments qui, combinés à des images d'archives, du texte, de la musique et de la chorégraphie, composent une forme hybride.
"Ce pourrait être une nouvelle Lettre au père à la (Franz) Kafka, littéraire, musicale et dansée", estime Mohamed El Khatib, en référence à l'œuvre du célèbre écrivain tchèque, qui analysait dans une lettre la relation conflictuelle avec son père. "Nous plaçons un peu le public dans la position d'un psychanalyste", ajoute Israel Galvan, qui s'est déjà inspiré de Kafka, notamment de La Métamorphose. Dans cette création, il propose ce qu'il nomme une "danse documentaire", une manière pour lui de "documenter ma propre danse", explique-t-il. Très jeune, il a dû se construire "une sorte de bulle" pour se libérer du carcan du flamenco familial.
"Une vraie mise à nu"
Fait rare, le danseur prend ici la parole sur scène, en étant traduit en direct par Mohamed El Khatib, car son mode d'expression "le plus fluide" demeure le corps en mouvement. "Pour nous deux, il y a une vraie mise à nu, qu'on n'a jamais faite dans nos précédents spectacles", affirme Mohamed El Khatib.
Candidat à la direction du Centquatre, lieu culturel parisien, il précise par ailleurs vouloir bientôt faire une pause dans la production théâtrale pour se tourner vers "des actions artistiques en dehors des murs des théâtres", comme le développement d'un centre d'art dans un Ehpad à Avignon, qui ouvrira dans les jours à venir.
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