L'IMA à Paris se transforme et ambitionne de devenir un centre mondial de l'art contemporain arabe
Prévus pour une durée de trois ans, les travaux entendent refonder l'ensemble de la collection permanente. L'IMA veut se concentrer sur l'art moderne arabe, laissant les arts de l'Islam au Louvre ou au British Museum.
"Ces travaux, ça fait des années qu'on les attend. Aujourd'hui, la mécanique est enclenchée grâce à une subvention historique du ministère de la Culture", s'est réjoui Jack Lang, son président. A la fois centre culturel et vitrine diplomatique, l'Institut du monde arabe est financé à hauteur de 12 millions d'euros chaque année par le Quai d'Orsay. L'institution va recevoir six millions d'euros, étalés sur trois ans, de la rue de Valois pour réaliser d'importants travaux de rénovation.
Cette enveloppe fait suite au don en 2018 du collectionneur Claude Lemand et de son épouse France de plus de 1800 œuvres, dont des grands noms comme l'Algérien Abdallah Benanteur, le Syrien Youssef Abdelké ou l'Américano-libanaise Etel Adnan. Des œuvres désormais propriété de la France et qui font de l'Ima "la première collection d'art moderne et contemporain arabe en Occident", insiste Jack Lang.
"Il n'y a que deux institutions qui ont des fonds plus importants que les nôtres : le Mathaf à Doha et le Sharjah aux Émirats arabes unis", complète Nathalie Bondil, directrice du département du musée et des expositions de l'institution. La mise en valeur de ce patrimoine, qui fait passer le nombre total d'œuvres dans les collections permanentes à 3400, nécessite de repenser tout le musée. Surtout, il clame haut et fort la stratégie de l'institution de se concentrer sur l'art moderne arabe, laissant les arts de l'Islam au Louvre ou au British Museum. Prévus pour une durée de trois ans, ces travaux entendent refonder l'ensemble de la collection permanente. "Ce qu'on veut, c'est créer des dialogues entre l'art ancien et l'art moderne parce que l'art arabe s'est aussi inscrit dans cette continuité historique", explique Nathalie Bondil.
4e mandat ?
Ils doivent aussi être l'occasion d'un nouveau cycle pour l'institution qui, après des temps difficiles au tournant des années 2000, connait depuis une période relativement prospère avec un boom des fréquentations (plus de 600 000 en 2022, dont près de la moitié sont des scolaires), dont se réjouit Jack Lang. En 2020, il avait été reconduit à la tête de l'institution pour un troisième mandat, qui touche à sa fin.
Les statuts de cet ovni culturel ne prévoient pas de limite d'âge ni du nombre de mandats pour son président, âgé de 83 ans. Reste que les rumeurs sur un éventuel successeur bruissent depuis plusieurs semaines. Interrogé sur ce point jeudi 2 février en conférence de presse, où se pressaient des membres de la Culture mais aussi d'ex-diplomates, Jack Lang a d'abord expliqué ne pas vouloir faire de commentaires.
"C'est le président de la République qui décidera, en temps voulu", a-t-il poursuivi, avant d'ironiser sur le fait d'avoir découvert mercredi en lisant un article du journal Le Monde "que j'étais en compétition" avec Jean-Yves Le Drian, dont le nom circule depuis quelques jours pour prendre sa succession.
« Quand je suis quelque part, j’y suis pour l’éternité »
— Le Monde (@lemondefr) February 1, 2023
« Un mandat supplémentaire, pour quoi faire ? »
A l’Institut du monde arabe, la sourde bataille pour la présidence entre Jack Lang et Jean-Yves Le Drian | par @RoxanaAzimi et @PhilippRicard https://t.co/necbjcs7dK
Pas seulement un musée
Avec son budget, compris entre 25 et 28 millions d'euros en recettes et en dépenses, l'IMA ne joue pas dans la même cour que les grands musées parisiens. Reste que, fait valoir son président, l'IMA n'est pas seulement un musée. Conférences, certification en arabe, ou encore comedie club, les activités se sont développées ces dernières années. Sans parler du succès des expositions temporaires (près de 72 000 visiteurs pour Juifs d'Orient, 65 000 pour Depardon/Daoud) dont certaines s'exportent à l'étranger comme celle consacrée à l'Orient Express en 2014, transposée à Singapour 2020.
A l'image du Louvre et de ses antennes à Abu Dhabi et à Lens, l'IMA rêve d'une antenne à New York. C'est avec cette ambition que Nathalie Bondil a été nommée en 2021, elle qui jusque-là était directrice du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).
⏳ Prolongation exceptionnelle de l’exposition « Habibi, les révolutions de l’amour », à découvrir en ce moment à l’IMA pic.twitter.com/OQPsjSVCb6
— Institut du monde arabe (@imarabe) January 26, 2023
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