"Après un accident, il y a les séquelles physiques, mais la plus dégueulasse, c'est la perte de la confiance en soi", raconte Cédric Sapin-Defour, qui revient dans "Où les étoiles tombent" sur le grave accident de sa compagne
L'écrivain et alpiniste Cédric Sapin-Defour, auteur du roman à succès "Son odeur après la pluie", publie "Où les étoiles tombent", chez Stock. Un nouveau livre pour raconter l'accident de parapente de Mathilde, sa compagne, en août 2022. Une chute de 100 mètres de haut aux lourdes séquelles physiques, qui a bouleversé leurs vies.
Deux ans après le succès de son livre, Son odeur après la pluie, un roman sur le lien qui unit un maître à son chien paru chez Stock en 2023 et adapté en bande-dessinée par José Luis Munuera, ainsi qu'en pièce de théâtre et prochainement en film, Cédric Sapin-Defour revient avec Où les étoiles tombent, livre dans lequel il raconte le grave accident de parapente qui a failli coûter la vie à sa femme, Mathilde. L'écrivain, alpiniste passionné de sommets et professeur d'éducation physique, s'attarde sur cet événement qui a fait basculer leur vie, durant l'été 2022, et les mois déterminants qui ont suivi. Un nouvel opus qu'il présente à Léa Salamé sur le plateau du "20 Heures", mardi 21 octobre.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Léa Salamé : L'invité du jour est un alpiniste, un professeur de sport qui est devenu un véritable phénomène de librairie avec son livre : Son odeur après la pluie, publié il y a deux ans, où il racontait son histoire d'amour incroyable avec son chien. C'est un livre qui a été vendu à plus de 700 000 exemplaires, qui a été le coup de cœur des libraires, qui a eu un bouche-à-oreille incroyable, qui a été traduit en 17 langues et qui a inspiré une BD, une pièce de théâtre et un film à venir. Deux ans après cet immense succès, vous revenez avec ce livre-là, Où les étoiles tombent, un récit fort et vibrant sur l'accident de votre femme, Mathilde, après une chute en parapente. Mais d'abord, comment avez-vous vécu cet immense succès aussi fulgurant qu'inattendu pour un prof de sport dans sa montagne ?
Cédric Sapin-Defour : À la fois, ça change tout, parce que ça vous donne la possibilité de réorganiser votre vie, de lui donner la direction que vous voulez, puis de disposer de ce luxe qu'est le temps libre. À la fois, ça ne change rien, parce que moi, l'ossature de mon existence et puis la sève qui l'anime, c'est de vivre dans ma petite vallée de montagne avec mes proches et à m'adonner à des plaisirs tout simples. Puis vous savez, j'ai autour de moi des mesureurs incorruptibles de taille, de crâne et de cheville, qui me recadreraient immédiatement s'il y avait quelques boursoufflements. Donc non, c'est très plaisant à vivre, mais ça ne me fait pas vaciller.
Le succès a été fulgurant, mais ce qu'on ne savait pas, c'est qu'en parallèle, vous viviez un véritable drame, une véritable épreuve que vous racontez dans ce nouveau livre. Votre femme Mathilde a subi un très grave accident de parapente. Vous connaissez tous les deux très bien la montagne, vous la sillonnez, sauf que ce jour-là, c'était il y a trois ans, elle a failli mourir. Elle fait une chute de 100 mètres, 11 vertèbres cassées, 20 côtes cassées, la moelle épinière touchée et soudainement, votre vie à tous les deux va basculer. Vous racontez les sentiments qui vous traversent et qui traversent tous les aidants au moment où ils basculent, et qu'ils deviennent l'aidant d'une femme qu'ils aiment. La culpabilité, la peur, les sentiments contradictoires, pas toujours très beaux, et à la fin, quand même l'amour, la résilience et le goût de vivre…
Oui, l'amour, moi, je n'avais que ça à disposition. Je sais qu'il est plus favorable aujourd'hui d'exprimer une forme de méfiance vis-à-vis du sentiment amoureux, de sa durabilité, mais moi, j'ai ça à disposition, en forte dose, pour accompagner Mathilde, l'aider, j'en sais rien, mais en tout cas, accompagner sa vitalité. Mais comme vous le dites, l'amour, ça ne suffit pas. Et l'amour, ça vient se cogner à d'autres émotions, à d'autres sentiments, à de la culpabilité, à de la fatigue, à de l'agacement, à de la colère, à tout cela. Et c'est une gesticulation. En fait, on fait ce qu'on peut et on apprend. On apprend chaque jour.
Et c'est ça que vous racontez dans ce livre. Vous écrivez qu'à la faveur de l'épreuve et de ses abrasions, on fait connaissance avec soi-même et ce n'est pas la plus anodine des rencontres. Qu'est-ce que vous avez découvert sur vous que vous ne saviez pas face à cette épreuve avec Mathilde ?
Déjà que je l'aimais plus que tout et qu'une vie sans elle n'était pas envisageable. Déjà, ça c'est quand même un vacillement. S'il lui était arrivé au-delà de graves blessures, je ne sais pas ce que j'aurais fait. En fait, j'aurais été perdu. Dans la vie de tous les jours, on peut gesticuler, on peut se cacher un petit peu, on peut faire semblant. Là, non, on se retrouve face à soi-même. Avec ses talents, avec ses ressources, il en faut. Il en faut pour aider l'autre, pour vitaliser l'autre, pour que vos ressources ruissellent jusqu'à elle, mais avec vos lacunes, avec vos manques, avec votre inexpérience, heureusement, dans cet affrontement.
Comment va Mathilde aujourd'hui, trois ans après l'accident, et est-ce qu'elle a aimé le livre ?
Mathilde se consacre avec gourmandise à cette vie supplémentaire. Elle se resserre de brioche à la praline, de balades en forêt, enfin de ces choses qui peuvent paraître anodines. Quand on a frôlé la mort, ce sont des luxes. Et elle a lu le livre, et moi qui me posais la question de la pertinence de la publication lorsqu'elle a lu le livre, et lorsque j'ai vu ce que ça procurait comme épaississement en elle. Parce qu'en fait, dans toutes les séquelles qu'il y a après un accident, il y a les séquelles physiques, il y a le dos cassé, mais la plus dégueulasse de toutes, c'est la perte de la confiance en soi, c'est la perte de l'estime personnelle. Il me semble, d'après ce qu'elle me dit, que la lecture de ce livre et le fait que ce soit partagé par le plus grand nombre, en fait, ça vient lui donner des raisons de considérer que sa vie est estimable. Donc là, c'est suffisant pour justifier cet objet que vous avez entre les mains.
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