Baisse de la lecture : "C'est évidemment très inquiétant", mais "il faut rester optimiste", lance l'auteur Michel Bussi

"C'est évidemment très inquiétant", notamment "la rapidité" à laquelle on perd des lecteurs, "la dernière enquête remontait à 2023", réagit mardi 8 avril dans franceinfo soir Michel Bussi, écrivain et géographe, après les résultats du baromètre bisannuel du Centre national du livre, "Les Français et la lecture". Il voit s'accélérer la tendance à la réduction du temps consacré au livre. "On a perdu quasiment dix minutes de lecture par jour, c'est inquiétant par la rapidité du phénomène qui se traduit par le fait que les jeunes, les moins de 30 ans, lisent moins que leurs aînés", poursuit Michel Bussi.  

Par rapport à 2023, "le temps passé à lire chaque semaine dans le cadre des loisirs diminue de dix minutes par jour, soit plus d'une heure par semaine", selon cette étude. Il est estimé par les sondés à 3 heures 40 par semaine, soit 31 minutes par jour (contre 41 minutes deux ans auparavant). Ce temps est le plus faible chez les 35-49 ans (22 minutes par jour) et le plus élevé chez les 65 ans et plus (46 minutes par jour). 

Le conseil que donne Michel Bussi, "c'est de lire les livres dont on a envie. Paradoxalement il n'y a jamais eu autant de livres publiés, il y a un choix énorme dans le domaine de la jeunesse, du roman policier. On a aujourd'hui la new romance, qui est très en vogue chez les jeunes, détaille l'écrivain. Il ne faut surtout pas avoir honte de ce qu'on lit."  

"Il faut lire ce qu'on a envie sans forcément suivre les critiques ou les commentaires qu'on peut entendre de-ci de-là."

Michel Bussi, écrivain et géographe

dans franceinfo soir

Il reconnaît tout de même qu'"il y a un effort, un ticket d'entrée sur les 30 premières pages d'un livre pour avoir ensuite un plaisir décuplé", mais il appelle à persévérer. Selon Michel Bussi, "la grande concurrente des livres, ce sont les séries avec le même plaisir qu'on aura à découvrir des personnages" que lorsqu'on lit. "Il y a une concurrence directe entre la lecture et les séries, sauf que quand on se plonge dans la lecture d'un livre, on en retire un plaisir bien supérieur à celui de l'addiction à une série. Il y a beaucoup plus de choix dans les livres qu'il n'y en a dans les séries", estime l'auteur. 

"Dire qu'on n'a pas le temps de lire, c'est faux"

Chez les lecteurs, comme raison qui empêche de lire plus, 68% répondent qu'ils n'ont "pas le temps", mauvais prétexte selon Michel Bussi : "Dire qu'on n'a pas le temps de lire, c'est faux, alors qu'on peut passer des heures à regarder 4-5 saisons d'une série et passer 50 heures sur une série addictive, ce temps pourrait être consacré à la lecture", argumente l'écrivain. "Tous les grands lecteurs sont des gens très actifs qui travaillent et prennent le temps de lire. Dire que je n'ai pas le temps de lire, ce n'est pas un bon argument", d'autant que "les plus gros livres s'avalent presque plus vite paradoxalement que les livres courts".  

Malgré tout il faut, selon lui, "rester optimiste notamment en France. On n'est sans doute pas le pays le pire, on est peut-être le pays qui résiste le plus à cette chute de la lecture, notamment parce qu'on a un maillage de bibliothèques et de médiathèques extrêmement puissant", affirme Michel Bussi. "On a un nombre de salons littéraires extrêmement nombreux. Je ressors de Quai du polar à Lyon où on a dépassé les 150 000 visiteurs. Il y a un engouement autour de la lecture. On a des jeunes qui viennent à Quai du polar. Il faut que la lecture soit fun, festive. Il faut passer du temps à lire avec ses enfants, en leur lisant ou en lisant à tour de rôle le soir".