"La Vie heureuse" de David Foenkinos, une fable optimiste sur le thème de la seconde chance
Une réflexion tendre et loufoque sur les injonctions sociales et le sentiment de culpabilité par l'auteur de "Charlotte" et de "La Délicatesse".
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Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une. Si cet aphorisme constitue déjà le titre d’un roman à succès, il pourrait bien servir aussi de pitch au dernier livre de l’écrivain et réalisateur David Foenkinos, La Vie heureuse qui vient de paraître chez Gallimard.
L’histoire : A 40 ans, divorcé et père d’un adolescent qu’il voit peu, Eric Kherson est directeur commercial d’une grande enseigne de sport. S’il a réussi socialement, il est au bord de la dépression, rongé par un drame familial que rien n’apaise. Quand il est recontacté par Amélie Mortiers, vieille camarade de lycée, pour rejoindre son cabinet au secrétariat d’État au commerce extérieur, il fonce. Mais l’embellie n’est que temporaire. Alors qu’ils s’envolent tous deux pour Séoul où ils doivent arracher un marché, Eric se sent de plus en plus mal. Au hasard d’une rue, il tombe sur une boutique, Happy Life, qui propose de faire vivre à ses clients le temps de quelques heures un "faux" enterrement afin de leur redonner goût à la vie. Une expérience dont il va ressortir transformé…
Retrouver goût à la vie
Que signifie avoir une vie heureuse ? Est-ce cocher toutes les cases de la longue liste des injonctions sociales ou tenter d’être à peu près en paix avec soi-même ? C’est l’équation que tente de résoudre David Foenkinos dans cette histoire dont l’idée de départ, assez drôle, repose sur une pratique qui existe réellement en Corée du Sud. À savoir les fausses funérailles qu’on s’offre à soi-même, organisées comme autant de thérapies dans un pays aux taux de suicide inquiétants.
À travers l’histoire de cet homme au bout du rouleau qui parvient à reprendre sa vie en main, l’auteur démontre très bien les mécanismes destructeurs de la culpabilité, poison lent qui contamine les choix et le rapport aux autres, et rappelle combien il est nécessaire d’accepter de se pardonner, préalable à tout apaisement.
Tyrannie des apparences
Le livre appuie aussi sur la tyrannie des apparences et la vanité de notre époque. Le personnage d’Amélie apparaît comme un concentré d’égoïsme, tellement obsédée par sa réussite sociale qu’elle ne se rend même pas compte du naufrage de son couple du moment qu’elle présente aux autres une image "instagrammable". Peut-être aurait-on aimé que David Foenkinos pousse plus à fond encore son côté sombre et en fasse une vraie méchante. Il y avait la matière pour. L’histoire s’emballe ensuite du côté du conte de fées où il sera question d’amour et de réconciliations tous azimuts. La satire gagne alors en légèreté ce qu’elle perd en intensité, mais cela reste un joli roman pour commencer l’année.
"La Vie heureuse" de David Foenkinos, Gallimard, 205 pages, 19 euros.
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Extrait : "Le hasard avait donc porté les pas d’Éric jusqu’à cette improbable boutique de Séoul. Pourquoi ne pas tenter l’expérience ? La formule express et individuelle ne durait qu’une heure. Au moment de payer, la femme lui expliqua : 'La plupart du temps, les cérémonies sont collectives. En s’unissant les uns aux autres, on cultive davantage encore le goût de vivre. Mais certains préfèrent mourir seuls. Cela accentue peut-être le vertige et le désarroi… '. Elle enchaîna quelques phrases sur le moment à venir, moment de la plus haute intensité spirituelle, sur un ton étonnamment mécanique. Elle n’aurait pas vendu des assurances différemment."
("La Vie heureuse", page 101)
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