Deux ans après, Charlie Hebdo envisage d'être "plus offensif"
Deux ans après l'attaque qui a fait 11 morts au siège de Charlie Hebdo, "les gens sont devenus bien plus frileux", souligne Riss dans un entretien avec l'AFP. Le directeur de la rédaction du journal satirique ne désarme pas et se demande même si son équipe ne devrait pas être plus offensive politiquement.
Le journal continue-t-il de recevoir des menaces?
Ca révèle un climat de susceptibilité voire d'intolérance plus grand qu'avant. Avec le développement des médias sociaux, tout est viral, tout prend une dimension hystérique. Vous faites un dessin sur un tremblement de terre en Italie, et c'est la guerre civile. Alors que des dessins comme ça on en a fait plein avant et tout le monde s'en foutait.
Avant, on était emmerdés en France par deux ou trois associations rétrogrades, maintenant on a l'impression que le monde entier surveille ce qu'on fait. Comme si la liberté de Charlie, même exercée modestement, était de trop."
Vous disiez il y a un an que Charlie se sentait seul, c'est encore le cas?
On se fait tirer dessus. On relève la tête, puis on nous remet la tête au fond de la baignoire en nous disant qu'on est islamophobes. C'est une accusation malhonnête, stalinienne, révoltante. Non seulement c'est faux, mais on sait très bien que ça vient d'une espèce de gauche pour qui on n'entre pas dans son cadre idéologique.
On revendique le droit de ne pas croire, de l'exprimer et de formuler des critiques contre les religions. Mais même ça, ça paraît suspect."
La ligne éditoriale de Charlie Hebdo va-t-elle évoluer en 2017?
J'ai parfois l'impression que depuis deux ans les gens s'intéressent à Charlie Hebdo uniquement sous l'angle de l'émotion, du drame, plutôt que de voir les problèmes politiques très difficiles que posent tous ces attentats. C'est toujours la même histoire : l'intolérance religieuse, etc. Ce sont des sujets qui s'effacent du débat public. Est-ce qu'on n'a pas un peu oublié les raisons pour lesquelles ils se sont faits tuer le 7 janvier?" (Propos recueillis par Taimaz Szirniks pour l'AFP)
Devenu un symbole, le journal se sent isolé
Il y a deux ans, le 7 janvier 2015, deux hommes armés, les frères Kouachi, faisaient irruption dans les locaux de "Charlie Hebdo" lors de la conférence de rédaction hebdomadaire et décimaient ses équipes, un invité, un garde du corps, un agent de maintenance et, en sortant, un policier. Cabu, Elsa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, Tignous, Georges Wolinski, Franck Brinsolaro et Frédéric Boisseau avaient péri.
Devenu un symbole, le journal désormais installé dans des locaux ultrasécurisés provoque quasiment à chaque numéro une levée de boucliers quelque part dans le monde, et continue à recevoir des menaces de mort.
Le président russe Vladimir Poutine s'est demandé début décembre si "ces caricaturistes avaient besoin d'infliger une insulte aux représentants de l'islam". Charlie est régulièrement attaqué en justice, par une association de défense des handicapés ou par une ville italienne touchée par un séisme dont les victimes ont été dessinées en pâtes.
"Le rire vous fait peur"
Dans le numéro de mercredi, la rédaction attaque férocement les intellectuels qui critiquent ses prises de position sur le terrorisme et l'islam. "Le rire vous fait peur, car il libère l'esprit comme aucune autre artillerie humaine", leur lance le journaliste Fabrice Nicolino dans un article intitulé "Cette gauche qui s'est toujours couchée devant les despotes".
"Le problème, c'est tous les croyants musulmans qui pensent que, malgré tout, il ne faut pas rire de la religion. Ces gens, de fait, même s'ils ne sont pas terroristes, pensent comme eux", lance Riss dans un dessin de Coco.
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