Prix Nobel de littérature 2025 : Christian Kracht, Gerald Murnane... Quelques favoris et beaucoup d'incertitudes avant le verdict jeudi

Jeudi 9 octobre à 13 heures, l'Académie suédoise décernera l'un des prix les plus convoités par les écrivains au monde, le Nobel de littérature. Après avoir couronné en 2024 la Sud-Coréenne Han Kang, première femme asiatique à recevoir le prix, elle pourrait opter cette année pour un auteur occidental, selon les critiques littéraires. Le Suisse Christian Kracht, considéré comme l'un des plus grands auteurs germanophones, et l'Australien Gerald Murnane figurent parmi les favoris.

Au salon du livre à Göteborg, qui se déroule quelques semaines avant la saison des Nobel, "l'Académie suédoise était là au grand complet, assise au premier rang" du colloque de Christian Kracht, relève Björn Wiman, rédacteur en chef culturel du quotidien Dagens Nyheter. "Et ça, en général, c'est un signe qui ne trompe pas", dit-il aussi à l'AFP. La même chose s'était produite lorsque la dramaturge autrichienne Elfriede Jelinek avait décroché le prix en 2004.

Deux écrivains se démarquent

Né dans le canton de Berne en 1966, Kracht a remporté en 2016 le Prix suisse du livre et le prix littéraire Hermann Hesse (Hermann-Hesse-Literaturpreis) avec Die Toten (Les Morts), tandis que Imperium a été un gros succès en Suisse et l'un des livres les plus vendus en Allemagne en 2012.

Le dernier roman de l'écrivain, Air (non traduit en français, contrairement à la plupart de ses autres livres), oscille entre réel et fantastique, mêlant critique du consumérisme et quête existentielle. De l'avis de Björn Wiman, après Han Kang, "c'est au tour d'un homme blanc issu de la sphère linguistique anglo-saxonne, allemande ou francophone" d'être récompensé.

Le nom de Gerald Murnane, auteur australien, et de sa compatriote aborigène Alexis Wright font partie des plus cités. Né en 1939 dans une banlieue de Melbourne d'un père porté sur les courses de chevaux, Gerald Murnane a grandi dans un foyer catholique. Son livre Les Plaines (1982), qui plonge le lecteur dans le monde des propriétaires terriens australiens, a été décrit par le New Yorker comme un "chef-d'œuvre bizarre", ressemblant plus à un rêve qu'à un livre. "J'espère qu'il gagnera, je veux que davantage de gens découvrent son œuvre merveilleuse", confie Josefin de Gregorio, critique littéraire au journal SvD. Elle parie également sur l'Américain George Saunders.

Un auteur sud-américain ?

D'autres noms régulièrement cités sont de nouveau considérés comme "nobélisables", et figurent sur les sites de pari : le Roumain Mircea Cartarescu, le Hongrois Laszlo Krasznahorkai, la Canadienne Anne Carson, le Chilien Raul Zurita, l'Indien Amitav Ghosh, la Mexicaine Cristina Rivera Garza ou encore l'Argentin César Aira. Le choix pourrait ainsi se porter vers l'Amérique du Sud, qui n'a pas eu de lauréat depuis 2010 avec le sacre du Péruvien Mario Vargas Llosa, mort en avril 2025.

Depuis sa création, le Nobel de littérature est dominé par les hommes et les lettres occidentales. Parmi les 121 lauréats, seules 18 femmes ont obtenu le prix et une minorité des auteurs récompensés sont de langues asiatiques ou moyen-orientales. Aucune langue africaine n'est représentée. Difficile de connaître les ressorts des sélections : les délibérations du jury sont gardées secrètes pendant cinquante ans. Le suspense sera bientôt levé avec, à la clef pour le lauréat, 11 millions de couronnes suédoises, équivalentes à près d'un million d'euros.