L'écrivain américain Philip Roth entre dans la Pléiade
L'un des plus grands écrivains américains vivants entre dans la plus prestigieuse collection des lettres françaises. Snobé par le Nobel mais récompensé par les autres grands prix littéraires, Philip Roth est désormais dans la Pléiade.
Cinq romans et nouvelles de jeunesse de l'écrivain aujourd'hui âgé de 84 ans, dont "La plainte de Portnoy" (connu aussi sous le titre de "Portnoy et son complexe"), roman clef dans l'œuvre de Philip Roth, figurent dans ce volume de la Pléiade, édité par Gallimard, à paraître le 5 octobre 2017.
"La plainte de Portnoy", roman-clé et succès foudroyant
Lors de sa publication aux États-Unis, en février 1969, le livre (dont la traduction française de Henri Robillot a été revue pour l'occasion par Paule Lévy), a connu un succès foudroyant avec quelque 275.000 exemplaires vendus les deux premiers jours suivant sa parution. Ce récit des séances d'analyse d'un certain Alexander Portnoy, avocat juif new-yorkais, obsédé par le sexe, défini par Roth comme un "véritable Raskolnikov de la branlette", reste scandaleusement drôle avec son langage d'une crudité assumée (on s'amuse de lire dans la vénérable Pléiade des mots jusqu'alors tabous).Ce roman constitue "un tournant déterminant et libérateur dans la carrière de l'écrivain", affirme Paule Lévy. Mais ce livre fut aussi celui des premiers malentendus entre Philip Roth et le monde littéraire. Bien des années plus tard, l'écrivain devra expliquer que le roman n'était pas une confession.
Témoin lucide de la société américaine, parfois accusé d'antisémitisme
Philip Roth, justement considéré aujourd'hui comme un témoin lucide et implacable des travers de la société américaine, fut accusé de véhiculer avec le personnage de Portnoy les pires clichés antisémites.Roth antisémite ? Pour balayer cette accusation aussi absurde qu'injurieuse il suffit de lire la nouvelle "Eli le fanatique", un des textes du recueil "Goodbye, Columbus" (1959), son premier ouvrage publié, qui ouvre le volume de la Pléiade. Un jeune avocat juif, Eli Peck, est chargé par ses coreligionnaires, tous juifs "assimilés", de convaincre un vieux religieux juif (qu'on imagine rescapé de la Shoah et venant de débarquer en Amérique) de ne plus se promener dans les rues de leur petite ville avec le caftan noir et le chapeau à larges bords traditionnels.
À son contact, Eli Peck va s'engager dans une "contrevie" (un thème cher à Roth qui a intitulé ainsi un de ses romans paru en 1986). Il se glisse littéralement dans la peau du vieux juif s'habillant lui aussi de noir. Eli, devenu "l'homme en noir", est capturé, mis sous sédatif. "La drogue apaisa son âme, mais ne parvint pas jusqu'à l'endroit où le noir était descendu", écrit Roth. Le noir c'est évidement la couleur de l'habit mais aussi, note Paule Lévy, "le trou noir de la Shoah".
Dans la préface qu'il a signée pour ce volume, Philippe Jaworski rappelle un dialogue publié dans "La contrevie". Un des personnages du roman, Maria, demande à Nathan Zuckerman, personnage récurrent de l'œuvre et double de Philip Roth : "Tu ne peux pas les oublier un peu, tes juifs ?"
Spécialiste de l'œuvre de Roth, Philippe Jaworski se charge de répondre à la question. "Non, ce serait trop facile, ils sont inoubliables (...) Ils sont les fantômes de la fiction - d'éternels revenants dans des romans dont les intrigues sont construites comme le dialogue jamais conclu d'un écrivain (juif américain) avec lui-même sur le sens de sa pulsion - ou de sa passion - judéographique."
Le premier volume de la Pléiade court de 1959 à 1977
"Pourquoi les juifs ? Autant demander Pourquoi la fiction ?", souligne Philippe Jaworski. Les œuvres rassemblées dans ce premier volume de la Pléiade consacré à Philip Roth qui ne publie plus depuis 2010, vont de 1959 à 1977.Outre "La plainte de Portnoy" et "Goodbye, Columbus", on trouve "Le sein" (1972), livre écrit à la première personne et premier texte où apparaît le personnage de David Kepesh, un autre double de l'auteur, "Ma vie d'homme" (1974), premier texte avec Nathan Zuckerman et "Professeur de désir" (1977) où l'on retrouve David Kepesh.
Les traductions ont été révisées
Toutes les traductions originales ont été révisées. Le volume fort de 1.280 pages est mis en vente au prix de 64 euros (jusqu'au 31 mars 2018).Trois extraits d'un entretien dans "La Grande Librairie" (France 5, mars 2015)
À propos des biographies :Sur sa démarche intellectuelle au moment d'aborder la carrière d'écrivain :
Sur "son exubérance comique" et sa "témérité littéraire" perdues
À regarder
-
Les pièces ultra-rares du futur musée du jeu vidéo
-
Compléments, vitamines sont-ils vraiment utiles ?
-
Des serruriers dénoncent leurs collègues arnaqueurs
-
Attentat de la rue des Rosiers : un suspect arrêté 43 ans après
-
Un café Friends à Times square
-
Drones : des manifestants sous surveillance
-
Picasso : le chef d'œuvre retrouvé
-
Plongée dans la ligne 1, la plus ancienne du métro de Paris
-
Boire de l'alcool, c'est à cause des singes ?
-
Reconnaissance de l'Etat de Palestine à l'Onu : "Nous méritons de vivre comme tout le monde"
-
Des physiciens américains battent le record de l’horloge la plus précise du monde
-
Un homme armé d'une machette a été abattu près d'un établissement scolaire à la Seyne-sur-Mer
-
Il retrouve la vue grâce à une dent
-
Paul Dena s'explique sur son patriotisme
-
Cinq fruits et légumes par jour : comment ça marche ?
-
"La reconnaissance d'un État palestinien est le meilleur moyen d'isoler le Hamas", avance Emmanuel Macron
-
Le drapeau palestinien sur ta mairie ce lundi ?
-
Les tours de Notre-Dame sont à nouveau ouvertes au public
-
Albanie : la ministre est une intelligence artificielle
-
"Casse toi !", Les policiers ont le droit de faire ça ?
-
Voyage organisé : 300 familles victimes d'une arnaque ?
-
Télévision américaine : Donald Trump zappe les humoristes
-
Grève : jour de colères
-
Violences conjugales, aux côtés des policiers spécialisés
-
Un pipi à 260 000 euros
-
Paul Dena : “J’ai dû quitter ma famille pour le MMA”
-
Les Talibans autorisent la chirurgie esthétique aux Afghanes
-
Etudiants américains : les universités britanniques affichent complet
-
Sophie Binet, première femme à la tête de la CGT, est-elle traitée comme ses prédécesseurs ?
-
Pourquoi la collab Pimkie/Shein inquiète
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.