"La première défaite" d'Amigorena, sa plus belle victoire
Pourquoi le fabuleux roman de Santiago Amigorena a-t-il à ce point échappé aux jurys littéraires ? Mystère, dont eux seuls détiennent la clé. Sur six cents pages, La Première Défaite raconte quatre ans de chagrin d'amour et une douleur promenée de Paris à Patmos et de Rome en Amérique latine. Six cents pages de reconquête du temps perdu, et de plaisir pur.
Dans Le Premier Amour, paru en 2004. le narrateur décrivait sa passion flamboyante pour Philippine (Leroy-Beaulieu), actrice connue au lycée Fénelon. La Première Défaite retrace son désespoir quand elle le quitta, et un chagrin d'amour qui dura quatre ans.
C'est une histoire à haute teneur autobiographique, car le romancier Santiago Amigorena n'a jamais rien fait d'autre que conter sa vie : sa vie d'enfant sud-américain exilé à Paris et longtemps mutique, ses amours, son métier de scénariste (entre autres pour Cédric Klapisch), et le rôle vital de l'écriture.
A la façon d'un Marcel Proust, il se remémore ici le "temps perdu" de sa douleur, dans cette première moitié des années 80, ses errances dans l'île Saint-Louis, où il habitait, ses étés dans l'île grecque de Patmos - celle de saint Jean de l'Apocalypse, et son retour en Amérique latine, après des années d'exil .
D'obsédant, le chagrin se délite, s'étire, se transforme. La perte de l'autre devient quête de soi. De ce cheminement habituel, Santiago Amigorena tire un roman magique. Une suite d'instants suspendu par la grâce d'une écriture où la phrase se fait récit, émerveillement ou complainte sans jamais perdre le fil des souvenirs. Sans jamais perdre de vue l'"Ithaque" intérieur où il faudra revenir, comme à une terre promise.
Homère, Marcel Proust ou James Joyce sont ici convoqués, non comme des ombres écrasantes, mais comme des dieux tutélaires. C'est peu dire que le pari est réussi : voilà un livre dont le lecteur sort heureux et comblé. Entre Le Premier Amour et La Première Défaite, huit ans se sont écoulés : le temps d'accoucher d'un chef d'oeuvre.
La Première Défaite, Santiago H.Amigorena (POL, 25 euros)
Extrait :
"Tout au long de la première année de la première défaite, les sentiments alternaient dans un présent encore plus insaisissable une suite irrationnelle d'instants où les revirements étaient aussi violents, aussi radicaux, que les changements climatiques des quarantièmes rugissants. Je marchais seul dans la nuit , à Paris, à Rome, à Venise, à Patmos et un pas je l'aimais à en mourir, un pas je la détestais à la tuer".
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