Le créateur de mode Giorgio Armani, icône de l'élégance à l'italienne, est mort à l'âge de 91 ans

Le célèbre couturier italien Giorgio Armani, icône de la mode, est mort à l'âge de 91 ans, a annoncé son groupe dans un communiqué, jeudi 4 septembre. "C'est avec une immense tristesse que le groupe Armani annonce le décès de son créateur, fondateur et infatigable moteur : Giorgio Armani", déclare le groupe. Giorgio Armani, "comme l'appelaient toujours ses employés et collaborateurs avec respect et admiration, s'est éteint paisiblement, entouré de ses proches", précise le communiqué, cité par le Corriere della sera . "Infatigable, il a travaillé jusqu'à ses derniers jours." 

Giorgio Armani avait été contraint de renoncer à ses défilés masculins à Milan mi-juin pour raisons de santé, et il n'était pas non plus présent à Paris en juillet pour le show Armani Privé.

Chantre de la perfection dans l'épure

Le couturier italien a fondé l'une des plus grandes maisons de couture et de lifestyle au monde. Amoureux de la nouveauté mais ne jurant que par le classicisme, chantre de la perfection, il proposait une mode épurée déclinée le plus souvent dans une palette de couleurs fétiches. "Les robes, on les prend, on les jette. Je voulais faire quelque chose dont on se souvienne. Les gens verront ce que j'étais, ce que j'aimais", a-t-il résumé en 2010 dans une formule-testament après un grave problème de santé. 

Né le 11 juillet 1934 à Piacenza (nord de l'Italie), Giorgio Armani a grandi dans une famille modeste d'origine arménienne. En 1957, après deux années d'études de médecine, il décide de partir vivre sa passion pour la mode, acceptant un poste de merchandiser dans l'un des plus célèbres grands magasins de Milan : La Rinascente. Il travaille ensuite comme styliste pour Nino Cerruti, l'inventeur du "casual chic". "Nino avait un regard perçant, une vraie curiosité, la capacité d'oser", avait observé Armani après le décès de son mentor en janvier 2022. Nino Cerruti lui confie sa nouvelle ligne de vêtements masculins, Hitman, et lui permet de dessiner ses propres collections, pendant sept ans. Le style souple, minimaliste et toujours élégant d'Armani fait florès chez les hommes comme chez les femmes et, en 1974, il créé la ligne de vêtements en peaux Armani by Sicons. En 2016, il renoncera à l'utilisation de toute forme de fourrure animale dans ses collections.

Après avoir œuvré plusieurs années en tant que styliste indépendant et sur la suggestion de son compagnon Sergio Galeotti, les deux partenaires créent Giorgio Armani S.p.A. en 1975 en lançant une ligne de prêt-à-porter pour homme et pour femme. Depuis la mort de ce dernier, Giorgio Armani a dirigé seul son empire d'une main de fer avec l'aide de plusieurs membres de sa famille. Il a depuis lors toujours voulu rester indépendant, refusant d'être coté en bourse.

"Il Re Giorgio"

Présentant les changements du monde de la mode - une femme plus androgyne et déterminée, un homme moins rigide - le couturier offre à ses clients des vêtements sophistiqués et intemporels. Giorgio Armani habille rapidement les stars, de John Travolta à Lauren Bacall en passant par Diana Ross et Jack Nicholson. Avec la création de la garde-robe de Richard Gere dans le film American Gigolo (1980), il devient "Il Re Giorgio" ("Le roi Giorgio"). La populaire série américaine Deux flics à Miami, symbole des années 1980, transforme en classique le port d'un T-shirt sous une veste siglée Armani. Le 5 avril 1982, il fait la couverture de Time Magazine.

Au cours de sa carrière, il a reçu de nombreuses récompenses locales et internationales, comme par exemple Grand’Ufficiale dell’Ordine al Merito della Repubblica (la plus grande distinction du gouvernement italien). En 2008, Le Président de la République Française Nicolas Sarkozy lui a remis les insignes d'officier de la Légion d'Honneur.

En 2000, le Musée Solomon R. Guggenheim de New York a célébré l'influence sociale et culturelle de la carrière de Giorgio Armani, en soulignant son travail de création pionnier pour le cinéma lors d’une exposition.

Giorgio Armani a présenté en 2005 sa première collection de haute couture, Giorgio Armani Privé, pour répondre aux demandes de clients en quête de pièces exclusives respectant les critères de confection sur mesure.

Fondateur d'un empire

Le groupe conçoit, fabrique, distribue et commercialise directement des vêtements, des accessoires, des lunettes, des montres, des bijoux, des cosmétiques, des parfums, des meubles et des objets de décoration intérieure. 

En 2004, il s'associe avec Emaar, un géant immobilier de Dubaï, pour lancer la chaîne hôtelière de luxe Armani Hotels. Toujours méticuleux, après six ans de supervision à distance des moindres détails, il y inaugure son premier hôtel, dans la tour Khalifa, l'une des plus hautes du monde à 828 mètres. Après plusieurs réalisations aux quatre coins du monde, Armani se lance à la conquête de la Chine avec la conception de résidences de luxe à Chengdu (sud-est) et Pékin, avec l'institution culturelle Mind Group. Le "prince de la mode", au teint toujours hâlé faisant ressortir ses cheveux blancs et ses yeux bleus, a construit au fil des ans un empire comptant plus de 600 boutiques sur le globe et plus de 10 000 employés.

En 2015, Giorgio Armani célèbre le 40e anniversaire de sa maison avec l'ouverture de son espace d’exposition l'Armani/Silos. Cet événement, suivi d'un défilé des collections Giorgio Armani Privé, la ligne haute couture, a lieu en même temps que l'ouverture de l’Expo Milano 2015, le 30 avril. Le musée est dans ce qui était initialement le silo d'une grande entreprise internationale. "J'ai décidé de baptiser cet endroit Silos, car, à l'origine, ce bâtiment était utilisé pour stocker des denrées alimentaires, des produits essentiels à la vie. Et pour moi, les vêtements sont tout aussi essentiels à la vie que la nourriture", expliquait alors le créateur. 

Le bâtiment, construit en 1950, aux formes géométriques régulières uniformes, est à la fois sobre et monumental. L'intérieur est un espace ouvert de quatre étages, avec une nef à deux niveaux de chaque côté. En plus des zones d'exposition, l'espace abrite un système d'archives numériques regroupant des croquis, des dessins techniques et de la documentation concernant les collections prêt-à-porter et couture.