Suicide de Kristina Rady : après avoir vu le documentaire sur Bertrand Cantat, "il m'a paru assez naturel de ressortir ce dossier", explique le procureur de Bordeaux

Renaud Gaudeul a annoncé jeudi la réouverture d'une enquête "sur d'éventuels faits de violences volontaires" commis par le chanteur Noir Désir avant la mort de son ex-compagne Kristina Rady en 2010.

Article rédigé par franceinfo
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Renaud Gaudeul, procureur de la République de Bordeaux, à Nantes, le 21 janvier 2025. (PRESSE OCÉAN-NATHALIE BOURREAU / MAXPPP)
Renaud Gaudeul, procureur de la République de Bordeaux, à Nantes, le 21 janvier 2025. (PRESSE OCÉAN-NATHALIE BOURREAU / MAXPPP)

Après avoir visionné le documentaire de Netflix sur Bertrand Cantat, condamné pour le meurtre en 2003 de Marie Trintignant, "il m'a paru assez naturel de ressortir ce dossier", explique vendredi 25 juillet sur franceinfo, Renaud Gaudeul, procureur de la République de Bordeaux. Il a annoncé jeudi la réouverture d'une enquête "sur d'éventuels faits de violences volontaires" commis par le chanteur Noir Désir avant la mort de son ex-compagne Kristina Rady, retrouvée pendue chez elle le 10 janvier 2010.

Plusieurs personnes de son entourage lui ont conseillé de regarder ce documentaire, raconte Renaud Gaudeul. "Je pense que toute personne qui le regarde se pose naturellement des questions à la fin en disant : 'effectivement, il y a quand même beaucoup de choses qui sont dites et qui vont dans le sens de l'existence de violences volontaires qui auraient été portées à l'encontre de Kristina Rady'", estime le procureur de Bordeaux. Il a donc décidé de ressortir le dossier "pour pouvoir comparer et savoir si ce qui était dit dans ce documentaire correspondait à ce qu'il y avait dans le dossier".

Quatre enquêtes classées sans suite 

Le magistrat s'est "rendu compte au fur et à mesure de [ses] recherches" que "plusieurs enquêtes ont été ouvertes de manière successive" et non une. Le suicide de Kristina Rady a donné lieu à quatre enquêtes en 2010, 2013, 2014 et 2018. Toutes ont été classées sans suite. Ensuite, il a constaté qu'un "certain nombre de choses qui figuraient dans le documentaire ne figurent pas dans ces différentes procédures". Or, poursuit Renaud Gaudeul, "de mon point de vue, elles méritent vérification".  

Le procureur de Bordeaux reste prudent : un certain nombre d'éléments, "qui n'ont jamais fait l'objet d'investigations" peuvent "a priori être vérifiés simplement". Renaud Gaudeul va se pencher notamment sur "les éléments médicaux" cités dans le documentaire de Netflix. "Il n'y en a pas dans le dossier pénal". Ainsi, "ce serait le premier élément médical dont nous pourrions disposer" et qui "a priori, ce n'est pas une certitude, peut être vérifié". Ce n'est qu'à l'issue de ces investigations, qu'il sera "fait le choix ou pas" d'entendre Bertrand Cantat, précise-t-il.  

De nouveaux témoignages ?

Avec l'émergence du mouvement #MeToo, la société a pris davantage conscience des violences faites aux femmes. Renaud Gaudeul espère que cela permettra d'obtenir de nouveaux témoignages. "Le temps joue rarement en faveur d'une enquête pénale, mais parfois ça peut l'être", déclare-t-il. Le magistrat n'exclut pas qu'un "certain nombre de personnes qui ont pu dire des choses" lors des précédentes enquêtes "souhaitent à nouveau s'exprimer".  

Le procureur de la République de Bordeaux constate aussi que le regard de la justice a évolué : "Il y a encore un certain nombre d'années que si nous avions une plainte. Là, vous observez que je n'attends pas d'avoir une nouvelle plainte. Aujourd'hui, il est extrêmement fréquent que nous ouvrions des enquêtes sur des faits de violences conjugales qui nous sont dénoncés ou qui sont constatés sans qu'il y ait de plainte."

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