"Lumineux", "modeste", avec "un vrai don" d'écriture : chanteurs et écrivains rendent hommage à Jean-Loup Dabadie
Après la mort ce dimanche 24 mai à l'âge de 81 ans de Jean-Loup Dabadie, les nombreux artistes pour lesquels il a écrit, et ceux qui l'ont admiré, lui rendent hommage sur franceinfo.
Parolier, dialoguiste, auteur de livres et de pièces de théâtre. Jean-Loup Dabadie, disparu ce dimanche 24 mai à l'âge de 81 ans, a porté de nombreux titres du monde des lettres, y compris d'un des plus prestigieux : membre de l'Académie française. Académicien lui-aussi, l'auteur Erik Orsenna se souvient d'un parolier exceptionnel. "Il a mis des paroles sur nos vies, sur nos sentiments, sur nos déchirures, sur nos espérances, c'est incroyable", déclare-t-il sur franceinfo.
Un parolier adoubé par les académiciens
Erik Orsenna se souvient de l'hésitation au moment d'accepter Jean-Loup Dabadie, un parolier, au sein de l'Académie française : "C'est justement ce dont on a besoin aujourd'hui, c'est d'aller au-delà des frontières, au-delà des gens. C'est l'unité, essayer d'être humains et Dieu sait s'il l'a été." Assis de l'autre côté du bureau de la présidente, ils ne se voyaient pas, mais s'entendaient, se souvient-il. "Je suis orphelin de ses paroles, de lui, d'un homme que j'aimais."
Jean-Marie Rouart, académicien lui aussi, rend hommage à Jean-Loup Dabadie, en le décrivant comme "quelqu’un vraiment de lumineux" qui "avait ce sourire qui faisait du bien". "Jean-Loup Dabadie avait toujours l'air d'une bonne nouvelle", témoigne-t-il.
"C’est un homme qui était vraiment très doué pour beaucoup de choses. Mais dans la vie, il était aussi très doué, avec ce charme, ce sourire permanent et c'était un peu ironique. Dans l'Académie, ça apparaissait très nettement. Ce n’est pas un lieu folichon, il apportait ce grain de sel, cette forme d’humour, de gentillesse", raconte-t-il en lui prêtant le même esprit que Molière, de Musset ou d’Ormesson.
Cet esprit qui consiste à avoir de l'intelligence sans la lourdeur, de l'humour très fin et ne jamais s’appesantir. Il ne donnait jamais le sentiment d'être un savant qui impose sa vision aux autres.
Jean-Marie Rouart, académicienfranceinfo
Autre académicien Frédéric Vitoux, a fait part de sa tristesse après la mort de Jean-Loup Dabadie, malade depuis plusieurs mois et revenu de l'île de Ré à Paris pour être hospitalisé. "J'étais au téléphone avec lui il n'y a même pas une semaine, on a parlé très longuement et il se sentait un peu fatigué", témoigne Frédéric Vitoux
"Ce que je retiens de Jean-Loup Dabadie, c’est la grande palette avec laquelle il s’est exprimé, les sketchs, les dialogues de films, les scénarios de films, les chansons parmi les plus merveilleuses de notre époque moderne, le théâtre, les adaptations théâtrales aussi. Ce que je retiens, c’est cette grande variété, cette souplesse et aussi cette humanité", témoigne l’écrivain, décrivant "un énorme travailleur", un "modeste qui cherchait à donner voir les autres".
"Chaque mot était étudié, chaque mot était travaillé"
"J’ai perdu un très grand ami, il m’appelait mon frère jumeau parce qu’on est nés la même année. Vraiment j’ai beaucoup de peine", a lui réagi le chanteur Enrico Macias après l’annonce de la disparition de Jean-Loup Dabadie. "C'est vraiment un frère que j'ai perdu", ajoute Enrico Macias, qui n’était pas au courant de la maladie de Jean-Loup Dabadie.
Ce dernier lui avait notamment écrit la chanson Le Voyage, sortie en 2003, qui évoquait sa relation avec l’Algérie. "C’était un homme de grand talent, l’auteur le plus extraordinaire qui existait", estime Enrico Macias, qui le compare "à un bijoutier" quand il écrivait des chansons. "Chaque mot était étudié, chaque mot était travaillé."
"Il a su se glisser dans tous nos personnages et faire croire que c’était nous", raconte sur franceinfo la chanteuse et actrice Jane Birkin. Elle avait joué dans l’adaptation sur scène du texte Quelque part dans cette vie en 1990 et se souvient d’un homme qui savait "écrire sur mesure" pour chacun des comédiens. "Pour cette pièce de théâtre, le succès était grâce à lui à son adaptation qui était si merveilleuse, si parfaitement collé à Pierre [Dux] et moi."
"Je ne sais pas du tout comment il faisait. Il avait un don incroyable d’écrire pour les personnes qui interprétaient. Il collait aux artistes", se souvient Jane Birkin. Même chose pour les chanteurs estime-t-elle, en citant la chanson Ma préférence écrite pour Julien Clerc. "C’était un vrai don."
Un talent aussi pour le cinéma
"C’était simplement mon plus vieil ami", a réagi le journaliste et écrivain Philippe Labro, après la mort de Jean-Loup Dabadie. "Je l’ai connu à 15 ans, sur les bancs du lycée en culotte courte", raconte-t-il. Il décrit alors "une amitié sans aucun nuage" et se souvient de "la brillance de son talent, son choix des mots, son humour extraordinaire".
Sur sa carrière, Philippe Labro salue "un talent inouï" pour le cinéma d’abord. "Les grands films de Sautet, c’est Jean-Loup !", affirme-t-il, en citant Les choses de la vie, César et Rosalie ou Vincent, François, Paul… et les autres. Du côté des chansons, "il a écrit pour la France entière, Yves Montand, Serge Reggiani, Julien Clerc bien entendu, mais aussi pour Jean Gabin". Philippe Labro évoque "une simplicité dans le choix des mots", marque des poètes selon lui. Mais il "bossait aussi comme un dingue".
Philippe Labro parle également d’un ami très proche, "toujours souriant, élégant, humble, il savait très bien la puissance de son talent mais il ne la ramenait pas". "C’était un copain et je pleure son absence. C’est terrible pour moi."
À regarder
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
-
Décès d'une femme : les ratés du Samu ?
-
Louvre : cambriolages en série
-
Grues effondrées : tornade meurtrière dans le Val d'Oise
-
De nombreux sites paralysés à cause d'une panne d'Amazon
-
Hong Kong : un avion cargo quitte la piste
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter