Festival d'Ambronay 2025 : le jeune ensemble La Palatine bouleverse le public avec un brillant et méconnu "Stabat Mater" de Scarlatti
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L'ultime œuvre de Scarlatti est donnée à l'occasion du tricentenaire du compositeur baroque italien.
Autour de l'Abbaye d'Ambronay, dans l'Ain, l'agitation a repris depuis quelques jours. C'est reparti pour une nouvelle édition, la 46e, du Festival de musique ancienne et baroque, l'un des plus capés dans ce domaine. L'un des plus populaires aussi, grâce à la fidélité des gens d'ici et de la région. Et une atmosphère réputée pour son étrange mélange d'exigence et de simplicité.
Anniversaire oblige, le compositeur Alessandro Scarlatti, dont on célèbre les 300 ans de la mort (le 24 octobre 1725) est à l'honneur. Vendredi soir 12 septembre avec un Te Deum proposé par l'ensemble italien Ghislieri. Samedi après-midi le grand concert à l'Abbatiale était consacré au Stabat Mater, œuvre testamentaire et pourtant méconnue du célèbre compositeur baroque. Aux manettes, un jeune et très prometteur ensemble français "d'ici", La Palatine.
"Retour aux sources"
"C'est grâce à Ambronay qu'on existe. On a fondé notre ensemble ici" (en 2021), s'amuse Marie Théoleyre, soprano remarquée et co-directrice de la formation, que nous rencontrons dans l'ancienne abbaye quelques heures avant le concert. L'attachement de La Palatine est fort à "ce festival qui est le seul où on a l'impression qu'on a une proximité avec un public qui nous connaît et que l'on croise", poursuit l'autre co-directeur et claveciniste, Guillaume Haldenwang,
Le festival qui démarre ce week-end et s'achève le 28 septembre, est leur cinquième édition. "Revenir à chaque fois c'est un retour aux sources mais aussi une manière de voir comment on évolue d'année en année", dit Marie Théoleyre.
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Le Stabat Mater est justement pour eux une étape de taille, un sacré morceau. Écrit vers 1724, c'est une commande d'une confrérie religieuse napolitaine qui, quinze ans plus tard, en demandera un autre au compositeur Pergolèse, jugeant celui de Scarlatti démodé.
Triste et banale histoire d'ingratitude : "c'est amusant de voir à quel point Pergolèse a utilisé les motifs et les idées de Scarlatti pour les intégrer dans son propre Stabat", sourit Guillaume Haldenwang.
Duos bouleversants
Le Stabat se base sur un texte liturgique évoquant la douleur de Marie devant son fils crucifié. Scarlatti en fait une œuvre d'une richesse infinie, mais aussi d'une redoutable difficulté. "En général, quand je chante cette œuvre, il y a comme un bouton warning, parce qu'on ne sait jamais où il va aller harmoniquement", avoue Marie Théoleyre avec sa casquette de soprano. "On ne peut pas se laisser chanter, il y a toujours une partie de moi qui est très attentive, concentrée".
L'Abbatiale d'Ambronay est bondée pour accueillir le programme attendu. Passée une introduction faite d'autres œuvres de Scarlatti, le Stabat – composé de 18 étapes chantées – éblouit dès les premières mesures. "Elle se tenait dans la douleur, près de la croix, en larmes, tandis que son Fils était suspendu", dit le premier texte en latin. Le public est suspendu aux lèvres de Marie Théoleyre et du contre-ténor Rémy Brès-Feuillet dans un duo au contrepoint bouleversant.
Un bis en clin d'œil
Plusieurs autres duos vont faire le même effet – le quatrième aux accents opératiques, ou l'adagio de Tui nati vulnerati (De ton Fils blessé) -. La limpidité de la voix de la soprano rencontre la souplesse et l'expressivité de la voix d'alto (le contre-ténor ici en medium réussi) dans une parfaite complicité avec les musiciens de l'ensemble.
La virtuosité et l'ornementation de Scarlatti font leur effet dans le solo de Marie Théoleyre (Pro peccatis suae gentis - Pour toutes les fautes humaines), et même les deux récitatifs du contre-ténor au timbre boisé touchent le public. L'un des moments clef de l'œuvre est un air d'alto (Fac me vere tecum flere – Donne-moi de pleurer) où le chanteur est volontairement en contre-temps par rapport à l'orchestre à la manière d'une coquetterie de jazz.
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Mais tant de beauté ne rend pas l'œuvre plus légère. "Scarlatti est toujours très torturé", selon Guillaume Haldenwang. "Il est dans l'affliction, mais de manière plus noire qu'un Pergolèse qui voit la religion comme un réconfort. Chez Scarlatti, c'est comme chez Caravage, il y a une sorte de violence".
Le public d'Ambronay a fait une ovation à "son" ensemble La Palatine. Avant de quitter la scène, celui-ci a voulu le gratifier d'un clin d'œil presque attendu : quelques notes du Stabat Mater de Pergolèse en guise de bis.
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