"Écrire en caressant dangereusement le soleil ou les ténèbres" : le questionnaire de Proust du chanteur Cali, depuis les routes des festivals

Il est un aventurier de la chanson française. Un fils des Clash et de Léo Ferré. Ce n'est pas un hasard si ce petit-fils de résistant à la dictature franquiste et fils d'un catalan soit né en 1968. Depuis, les mots lui trottent dans la tête. Bruno Calicuiri les dépose en chanson, en littérature et pour franceinfo Culture en réponse à notre questionnaire de Proust. Plus de vingt ans après la sortie de son premier album L'Amour parfait, Cali est en tournée cet été et cet automne, et sûrement cet hiver. C'est bien un aventurier de la scène.

Franceinfo Culture : Cet été, êtes-vous plutôt travail ou sieste, tournée ou vacances ? Et si l'été est au travail, quel sera-t-il ?
Cali : Cet été, je suis plutôt travail, appelons ça un travail, même si je compare plutôt ma tournée à une colonie de vacances avec des grands enfants qui comme moi n'ont pas plus de 12 ans.

En vacances, êtes-vous montagne ou plage ? Nord ou sud ? Marche ou "lézardage" ?
En vacances, même si la montagne me fascine – j'ai grandi au pied du mont Canigou – je suis plus proche de l'abandon nu dans les vagues. J'ai joué en Bolivie il y a quelques jours, j'aime l'exotisme.

Parlons création : êtes-vous du matin ou du soir ?
Aucune recette pour composer, aucun lieu, aucun moment propice dans une journée. Égarer des mots n'importe où, n'importe quand, pour ne jamais retrouver le chemin. Écrire en caressant dangereusement le soleil ou les ténèbres et avoir assez de prétention pour imaginer que les gens vont m'écouter ou me lire. N'avoir aucune explication. Pourquoi Dieu nous embrasse-t-il parfois sur la bouche ? Encore une phrase pleine d'humilité…

Votre préférence : live ou studio ?
Cet été, c'est du live. Je préfère brûler sous le soleil d'un festival que de respirer la climatisation d'un studio.

Quel est le disque que vous n'avez toujours pas écouté et qui manque à votre playlist ?
Les Suites de Bach interprétées par ma fille Coco.

Votre meilleur souvenir de musicien ?
Le partage, rien de plus beau en musique. Avec Patti Smith, avec les Simple Minds à Taratata, et puis cette fois où Yoko Ono m'a demandé d'enregistrer un bout de chanson de John Lennon pour la conserver dans une capsule et la ressortir quand il aurait eu 100 ans. Quand j'ai reçu la voix de Mike Scott des Waterboys. Il l'avait posée sur ma chanson Pas la guerre dans une chambre d'hôtel de New York. Je l'ai reçue à 3 heures du matin dans un studio d'enregistrement à Carpentras. Quand nous caressons le sommet de la grâce avec Steve Nieve au piano. Quand je chante Léo Ferré. Il n'est pas là, mais je peux le toucher. Ma rencontre avec Maria Galindo, magnifique féministe libertaire qui a créé le groupe Mujeres Creando en Bolivie, une association de femmes de toutes les identités sexuelles ayant pour but d'affronter le machisme et l'homophobie.
Mon meilleur souvenir sera la chanson que je partagerai avec U2 et Springsteen.

Votre pire cauchemar de musicien ?
Mourir étouffé dans cette époque sans éducation, dans ce règne de barbares et d'intelligence artificielle que nous applaudissons. Ne jamais plus arriver à atteindre le micro, à quatre pattes, en train de chercher la goutte que j'ai déjà bue…

Si vous vous réincarniez en disque, lequel serait-il ?
Pourquoi ne pas me fondre dans le vinyle du premier album des Clash ? Entendre battre au plus près le cœur de Joe Strummer. Lui, il m'a sauvé la vie.

Quelle phrase de chanson vous bouleverse ?
"À quoi sert une chanson si elle est désarmée" (Étienne Roda-Gil).

Une chanson que vous ne supportez pas ?
Ah oui, celle-là m'énerve, elle me donne envie de tuer… Qui c'est déjà ? J'ai oublié son nom.

Et celle qui vous a toujours accompagné ?
"The Pan Within" des Waterboys.

Quel est le lieu estival de rêve ?
Iona, une presqu'île dans l'ouest de l'Écosse, l'Irlande sous toutes ses sublimes coutures.
Gotland, au large de la Suède. Marretimo, au large de la Sicile. Et puis tous les endroits où je ne suis pas encore allé.

Quel est le lieu qui vous inspire ?
Le cœur d'un perdu, la chair et le sang, les bras d'une amoureuse, les yeux d'un enfant, le lasso qui essaye d'attraper la Lune, une tombe oubliée… Les lieux les plus arides possèdent aussi leurs coins fleuris.

Quelle est la question qui vous horripile ?
…

Et celle qu'on ne vous a jamais posée ?
"Alors, Cali, c'est quand le bonheur ?". Je vous jure, on ne me l'a jamais posée.

En concert avec "20 ans d'amour parfait" Fullband

le 23 août au Mascarock à Vayres (33)

Le 24 août au V and B Fest' à Château-Gontier (53)

le 30 août au O'Tempo Festival à Boigny-sur-Bionne (45)

le 26 septembre à l'Onde Théâtre centre d'art de Vélizy-Villacoublay (78)