Eurovision 2017 : "L'engouement des fans de l'Eurovision est le signe d'un désir d'Europe"
Alors que se tient la 62e édition de l'Eurovision à Kiev (Ukraine), franceinfo a interrogé Claire Laborey, la réalisatrice d'un documentaire consacré au concours et à son histoire.
Curieuse de comprendre l'engouement qui entoure chaque édition de l'Eurovision, la réalisatrice Claire Laborey s'est immergée dans les coulisses de la cérémonie. Dans son documentaire Eurovisions, diffusé sur Arte vendredi 12 mai (disponible en rattrapage sur le site internet d'Arte), elle revient sur la fête, mais aussi sur la dimension politique de cet événement.
>> Regardez en direct la soirée de l'Eurovision 2017
Franceinfo : Dans ce documentaire, on se rend compte que l'Eurovision, c'est bien plus sérieux qu'il n'y paraît pour nous, Français. Avec notamment une dimension politique trop souvent éclipsée.
Claire Laborey : En France, on a une image kitsch de l'événement. Mais dans le reste de l'Europe, ce qui se joue dernière la scène du concours est très fort. L'engouement est énorme dans les pays de l'Est, comme en Macédoine, en Albanie... Pour ces pays qui ont l'objectif de rejoindre un jour l'Union européenne, c'est une scène formidable. Le meilleur exemple, c'est lorsque l'Estonie a accueilli pour la première fois le concours, en 2002. Tout le budget du ministère de la Culture a été consacré à l'événement. Le Premier ministre a même fait un discours pour l'occasion. Pour ce pays, c'était historique et symboliquement très fort, trois ans avant son entrée dans l'Union européenne.
Eneda Tarif, la candidate albanaise de 2016, m'a également expliqué que si son pays essayait de répondre aux critères économiques de l'UE, participer à l'Eurovision était aussi un moyen de prouver que l'Albanie est présente culturellement sur la scène européenne. Alors, bien évidemment, on est loin de Bruxelles et de la troïka. Mais l'engouement des fans de l'Eurovision est le signe d'un désir d'Europe.
Vous rappelez, dans ce documentaire, que chaque édition, ou presque, est marquée par une polémique entre deux pays. Comment expliquer ce phénomène ?
C'est lié à l'histoire du concours. Dès sa création en 1956, il a une dimension politique. A la base, il s'agit d'une union entre sept pays (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et Suisse) autour de la musique et du chant pour tisser des liens entre anciens pays rivaux. Et cela arrive un an avant la signature du traité de Rome.
Par la suite, le concours a donc été utilisé comme une tribune. Un phénomène amplifié par son audience : 200 millions de téléspectateurs en moyenne. On se souvient notamment du bras de fer entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan en 2009, du groupe israélien qui avait pris parti pour la paix avec la Syrie en 2000, ou encore, cette année, de l'Ukraine qui a décidé d'éliminer la chanteuse russe parce qu'elle s'est rendue en Crimée pour y chanter.
Des polémiques qui interviennent alors que les organisateurs prennent toutes les dispositions nécessaires pour éviter ces crises, en vérifiant les textes des chansons ou l'utilisation des drapeaux...
Oui, mais tout ce dispositif peut être déjoué par des messages cryptés. En 2007, le groupe ukrainien Verka Serduchka avait ainsi déclenché la colère des nationalistes russes pour son refrain "I Want You to Sing Russia Goodbye". Le chanteur s'était défendu en affirmant qu'il chantait en réalité "I want you to see lasha tumbai", une expression mongole désignant du beurre baratté. Ou encore, en 2009, lorsque le chanteur géorgien a été obligé de se retirer de la compétition en raison de sa chanson We Don't Wanna Put in, qui pouvait se comprendre "We don't wanna Putin", "Nous ne voulons pas de Poutine", alors que le pays sortait d'une guerre avec la Russie.
Que retenez-vous de cette immersion dans l'univers de l'Eurovision ?
Ce qui m'a frappée, c'est l'extrême désir d'Europe, au sens très large, dans cette manifestation qui dure une semaine. Des milliers de personnes viennent pour représenter leur pays, mais elles ont envie de se sentir membres d'un tout. Evidemment, c'est festif, et peut-être futile, mais en même temps, ce qui s'y joue est très fort.
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