"Madame Ose Bashung" au théâtre du Rond-Point : l'œuvre de l'artiste revisitée dans la démesure d'un cabaret "foldingue"
Trois créatures queer, un quatuor à cordes et à perruques, une pianiste revêche et virtuose, un guitariste cuir et Stetson : si vous aimez follement Alain Bashung, vous aimerez divinement "Madame Ose Bashung".
Le théâtre du Rond-Point, pour les fêtes de fin d'année et jusqu'au samedi 28 décembre, se transforme en cabaret. Un cabaret sauvage, pour un hommage au plus poétique des chanteurs, "Monsieur Alain Bashung", comme le clame la meneuse de revue Corrine.
De son vrai nom Sébastien Vion, Corrine depuis trente ans voue un culte irrévérencieux au chanteur. En une heure et quinze minutes, concocté par Vion et la Cie Le Skai et l'Osier, le spectacle Madame Ose Bashung offre une cavalcade effrénée des mots et des grooves de Bashung.
Un cabaret "folle"
Il fallait oser tout pour raconter Bashung sur scène, quinze ans après sa mort. Osez Joséphine, de l'album éponyme sorti en 1991 et écrit par Jean Fauque, ouvre le bal et le ton est donné. Madame Ose Bashung est un récital. Définition de récital : interpréter une œuvre et de manière exceptionnelle. Les mots de cet hymne à la liberté féminine résonnent. Brenda Mour, panthère noire à talons hauts et faux cils, clame : "À l'arrière des Dauphines/Je suis la reine des scélérates/Plus rien ne s'oppose à la nuit."
Si le répertoire de Bashung ne s'oppose en rien à ce show de paillettes et de boule à facettes, mais aussi de mélancolie sombre, c'est bien qu'en 16 albums, le chanteur avait bâti un univers aussi poétique que désespéré. Sébastien Vion, initiateur et metteur en scène, dans l'avant-propos du spectacle, explique son admiration datant de ses 16 ans. Il découvre Bashung en concert à Châlons-sur-Saône où il étudie le cirque. "Ce fut une expérience incroyable, à la fois violente et poétique, bruyante et irrévérencieuse, métallique et sensible." Le compte est bon pour aligner les qualificatifs "bashungiens".
Complice de Corrine dans le spectacle, Patachtouille, alias Julien Fanthou, aussi nommée la "Madonna ardéchoise", enchaîne Les Vertiges de l'amour et ses "J'ai crevé l'oreiller/J'ai dû rêver trop fort". Ainsi, allongée dans des draps de satin et avec sa voix de baryton, c'est la poésie de Boris Bergman au saut du lit.
On se surprend ensuite à entendre un Bashung revenu des limbes quand la meneuse de revue Corrine, voix grave et mâle à souhait, en fourreau de dentelle et spencer de cuir, récite avec seul compagnon, les cordes du quatuor, Venus. Le long poème écrit par Gérard Manset pour l'ultime Bleu pétrole en 2008 prend là toute son ampleur. Bashung, déjà malade, portait sa voix des ténèbres, Corrine semble en revenir.
Un hommage aux paroliers
Ce spectacle a été créé sur la petite scène de Madame Arthur, de la rue des Martyrs à Paris, cabaret transformiste et "100% musique en français" comme l'indique l'affiche du lieu. Revisiter les classiques de la chanson française, détournée "mode drag queen" est la spécialité de Madame Arthur. Dalida, Clara Luciani ou Joe Dassin font partie de ses proies. Mais s'attaquer à Alain Bashung s'apparentait à un pari audacieux. Le chanteur est loin des paillettes de la variété. C'est la force de ce show : extravagance et rock'n'roll sont deux mots qui vont très bien ensemble.
Parmi les quinze titres de la soirée, il y a les chansons culte de Bashung et elles sont nombreuses, mais aussi quelques pépites oubliées des années 1970. Et à chaque morceau, c'est l'écriture qui jaillit et qui surprend. Les textes d'un Boris Bergman pris en étau entre surréalisme et bons mots un brin potaches : "Quand Gisèle clape dehors/J'aurais pas dû ouvrir/À la rouquine carmélite/La mère sup' m'a vu v'nir/Dieu avait mis un kilt", ou les récitatifs de Jean Fauque de La nuit, je mens, "J'ai dans les bottes des montagnes de questions/Où subsiste encore ton écho", auraient très bien pu être écrits pour les trois grâces à hauts talons et perruques démoniaques.
"Les mots de Bashung me correspondent", disait Sébastien Vion au micro de Frédéric Pommier. "Chacun fait son propre chemin avec les chansons de Bashung et ce sont des résumés de là où je suis. C'est le phare dans la nuit."
Mention spéciale pour les perruquiers à rendre jaloux l'ensemble de la cour de Versailles et pour Quentin Signori, voltigeur sur Volutes dans les airs et main dans la main avec Corrine. "Vos luttes partent en fumée/Sous les yeux embués/D'étranges libellules", dit la chanson toujours et encore d'actualité.
"Madame Ose Bashung", conception et mise en scène par Sébastien Vion, est à découvrir au théâtre du Rond-Point, à Paris, jusqu’au samedi 28 décembre, puis en tournée.
À regarder
-
Vagues, rafales : la tempête Benjamin a battu des records
-
Tempête Benjamin : sauvetage en pleine mer
-
Nouvelle-Calédonie : 50 détenus attaquent l'État en justice
-
Cancer : grains de beauté sous surveillance grâce à l'IA
-
La langue des signes est-elle en train de mourir ?
-
Un malade de Parkinson retrouve l'usage de ses jambes
-
Ils crient tous ensemble (et c'est ok)
-
Obligée de payer une pension à sa mère maltraitante
-
Maison Blanche : Donald Trump s'offre une salle de bal
-
Musée du Louvre : de nouvelles images du cambriolage
-
Traverser ou scroller, il faut choisir
-
Manuel Valls ne veut pas vivre avec des regrets
-
Nicolas Sarkozy : protégé par des policiers en prison
-
Piétons zombies : les dangers du téléphone
-
Tempête "Benjamin" : des annulations de trains en cascade
-
Femme séquestrée : enfermée 5 ans dans un garage
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Aéroports régionaux : argent public pour jets privés
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Cambriolage au Louvre : une nacelle au cœur de l'enquête
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter