Cecilia Bartoli, une « Norma » furieuse et superbe
Bartoli vient de triompher en Norma à Salzbourg et nous en avons fait l’écho. Un double CD sort en même temps. C’est une première : Norma chantée par une mezzo. Révolutionnaire ?
/2019/04/12/bartoli_4783517_norma_12.jpg)
Quand on pense à « Norma » on pense évidemment à Callas et à cette image : Callas, dans un improbable noir et blanc, chignon impeccable, étole blanche enroulée autour de son cou de cygne, distille « Casta Diva », un des plus beaux airs de tout le répertoire.
Une Norma plus humaine, moins hiératique
Avec Bartoli j’ai évidemment commencé par là. Surprise : ce sont les mêmes notes, la même ligne de chant… que Bartoli assume. Bien sûr les graves sont superbes et on la sent plus précautionneuse dans les aigus (le début en parait presque timide). La fameuse note haute (le « la » au-dessus de la portée) que Callas tient en la chantant sur le souffle, Bartoli la répète, lui redonnant à chaque fois de la violence… et c’est d’ailleurs ainsi que Bellini l’a écrite. Cette différence de conception rend Norma plus humaine, moins hiératique. Et l’on n’a jamais l’impression, je vous rassure, tout au long de l’écoute, d’entendre une chanteuse qui s’est trompée de tessiture. Bartoli a d’ailleurs à son répertoire l’Elvire ou la Suzanne de Mozart, distribuées à des sopranos.
Un retour aux traditions romantiques
Cette nouvelle « Norma » se veut donc d’abord un retour aux traditions romantiques. Le commentaire, au-delà de son côté «c’est la première fois que vous allez entendre la vraie Norma » assez agaçant, insiste sur une évolution qui a figé le « bel canto » dans des habitudes de solennité, magnifiques musicalement mais à côté de la plaque d’un point de vue dramatique (Caballé, au chant sublime, en est l’exemple). Or Bellini, quand il écrivait Norma pour Giuditta Pasta, le faisait dans la villa de la cantatrice sur le lac de Côme, s’adaptant à ses possibilités… ou plutôt à son style de jeu, sans s’occuper des questions de tessiture. Pasta incarnait alors une approche plus classique et la Malibran, autre grande Norma de l’époque, le vrai romantisme. Le classement dans des emplois corsetés –soprano, mezzo, colorature, etc- s’est imposé à cause des grandes salles et des orchestres symphoniques, qui obligent les voix à une pression limitant leurs couleurs et leur flexibilité. Les chanteurs, petits et grands, ne le savent que trop.
Un des rôles les plus écrasants du répertoire
Plus qu’une nouvelle « Norma », on entend donc la « Norma » de Bartoli. Les photos du livret, très Anna Magnani contemporaine, imposent non plus une prêtresse gauloise hautaine qui montera au bûcher presque indifférente mais un être de chair et de sang que Bartoli incarne avec une fougue et une force musicale magnifiques. Le duo « Oh ! rimembranza » entre Jo et Bartoli (quel fondu des voix !) rend presque vieillotes Callas et la grande mezzo Ebe Stignani. Seul bémol, un ténor vaillant mais sans éclat, John Osborn, en Pollione. Quand il chante avec Adalgisa, on s’ennuie.
Mais Norma-Bartoli revient vite, car Norma est quasiment de toutes les scènes, ce qui fait d’elle un des rôles les plus écrasants du répertoire. On attend maintenant que Bartoli s’attaque à un autre personnage de chair et (vraiment) de sang : la « Médée » de Cherubini (tiens, un autre grand rôle de Callas). En attendant elle sera Desdémone ( !) dans l’ »Otello » de Rossini à Paris au printemps prochain. Heureux nous !
/2019/04/12/cd.jpg)
Avec Cecilia Bartoli, Sumi Jo, John Osborn, Michele Pertusi
Orchestre "La Scintilla", direction Giovanni Antonini
À regarder
-
"Il faut suspendre la réforme des retraites jusqu'à la présidentielle"
-
M0rt d'une fillette : un nouveau drame du harcèlement ?
-
Nicolas Sarkozy : il connaît sa date d'emprisonnement
-
Comment Discord est devenu un outil de mobilisation politique pour la jeunesse
-
Immense joie sur la Place des Otages à Tel-Aviv
-
Elle défend Billie Eilish et perce sur les réseaux
-
A Auray dans le Morbihan, les cantines sont alimentées par une ferme municipale
-
Une fillette de 9 ans retrouvée morte à son domicile en Moselle
-
Les dates à retenir pour Parcoursup
-
Bientôt des "Kei cars" en Europe ?
-
Commerce en Chine : le pari du gigantisme
-
La déprime automnale est aussi chimique
-
Le prince Wiliam submergé par l’émotion
-
Transports : l’offensive contre les voleurs
-
Les 20 derniers otages vivants du Hamas de retour en Israël
-
Les otages israéliens sont rentrés chez eux
-
Des robots spermatozoïdes pour lutter contre l'infertilité
-
Agressions : le ras-le-bol des maires
-
Chine : une éolienne volante testée à haute altitude
-
Intempéries : la Guadeloupe traversée par la tempête Jerry
-
Smartphones : un gang de voleurs arrêté à Londres
-
Les premiers otages israéliens libérés par le Hamas
-
12 millions de jeunes filles mariées avant 18 ans chaque année
-
Cellule, parloir : les conditions d'incarcération de N. Sarkozy
-
Une finale en or : "C'est une famille qui a gagné"
-
Laurent Nuñez, Jean-Pierre Farandou... La liste des ministres du gouvernement Lecornu II
-
Cookie, burger : le croissant à toutes les sauces
-
Sauvetage spectaculaire : hélitreuillé depuis l'Arc de triomphe
-
Retour de S. Lecornu : peut-il tenir ?
-
"Je ne l'ai pas tuée" : Cédric Jubillar réaffirme son innocence
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter