Printemps de Bourges 2025 : "Bonsoir les Bourges !" : Michel Polnareff, facétieux et émouvant, a réussi son retour sur scène en France
Mardi, le festival a ouvert ses portes avec un concert mémorable de Michel Polnareff, qui marque le début de sa tournée en France et annonce la sortie prochaine de son album "Un temps pour elles".
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"J'avais des préjugés, mais finalement, j'ai été ému aux larmes. C'est la classe", confie Anthony, 39 ans. Originaire de Bordeaux, il se remémore avec émotion ses 18 ans, écoutant Love Me Please Love Me sur Nostalgie, au volant de sa première Clio.
Le 15 avril 2025, le Printemps de Bourges a ouvert ses portes avec un concert mémorable de Michel Polnareff devant 5 000 personnes, marquant ainsi le début de sa tournée en France et la sortie prochaine de son album, Un temps pour elles.
Une voix unique, tantôt chantée, tantôt parlée
Annoncé pour 21h10, Michel Polnareff, surnommé "l'Amiral", n'est apparu qu'à 21h30 suivant les shows de deux chanteuses talenteuses d'une autre génération, Emma Peters et Barbara Pravi. Qu'importe, le public était là pour lui, prêt à tout pardonner à celui qui lançait en France sa tournée d'adieu, intitulée Ma derrière tournée.
Spontané, Michel Polnareff a débuté le concert par un simple test micro, un "one two one two" qui a suffi à déclencher les applaudissements. Puis, un solo d'orgue a retenti, introduisant Le Bal des Laze, chanson tragique narrant les déboires amoureux d'un damné épris d'une aristocrate. Mystérieux comme toujours, Polnareff, à 80 ans, démontre que sa voix unique, tantôt chantée, tantôt parlée, reste presque intacte, capable de monter dans les aigus comme à ses débuts. Oui, il peut encore monter la voix, et il le prouve.
Le public, d'abord retenu, a peu à peu laissé place à l'émotion. Les mains claquaient, les têtes bougeaient, et certains audacieux se levaient pour applaudir. Caché derrière son piano, Polnareff a salué son public avec sa facétie habituelle : "Bonsoir les Bourges !"
Une heure vingt de tubes
Ensuite, place au karaoké géant, "la chanson à la demande", comme il l'appelle, car un concert de Polnareff, c'est une heure vingt de spectacle, mais surtout une heure vingt de tubes. On ira tous au paradis, Tout pour ma chérie (devenu l'hymne d'un club de foot au Japon où il est presque un dieu vivant)... et le tant attendu Goodbye Marilou est arrivé. Dès les premières notes, le public a ressorti les téléphones et une nuée de flashs a illuminé la salle.
Avec un doigté un peu hésitant, il glisse d'une main sur les touches de son piano à queue Yamaha, accompagné par un excellent rock band. À ce moment-là, il doit atteindre les aigus lors du climax du célèbre Goodbye, soutenu par l'enthousiasme du public qui continue de tenir la note même lorsqu'il s'arrête.
Il aura donc fallu deux chansons et un encouragement de l'Amiral pour que le public se réveille et chante d'une seule voix. Parfois provocateur avec le public, il le taquine : "À Londres, tout le monde était debout et les lumières des téléphones étaient levées, faites-le, j'adore ça."
Il n'en fallait pas plus pour que le public s'exécute. Car l'Amiral, en bon capitaine de navire, dirige un public qui lui obéit au doigt et à l'œil.
Si l'artiste était arrivé discrètement, dissimulé derrière un store noir masquant une entrée difficile, une fois devant son piano l'artiste de 80 ans s'est animé. Et malgré les années, rien n'a vraiment changé. Seul changement, un nouvel attirail... extravagant comme à l'accoutumée : chapeau de paille bleu, veste en faux python, baskets multicolores et barbe de trois jours. Mais rassurez-vous, la panoplie qui a forgé sa légende était bien là : lunettes blanches et boucles d'or.
Certains fans, des "moussaillons" invétérés, ont d'ailleurs joué le jeu. À travers les rangées du W, la plus grande salle du Printemps de Bourges, on pouvait voir émerger des perruques blondes et ses célèbres verres noirs à monture blanche. "On adore, c'est tellement original donc on a mis ça pour venir et c'est un hommage en même temps !", sourit Françoise, 66 ans.
"Il a 80 printemps, mais c'est le premier à Bourges"
Et tous ces fans ont des anecdotes sur leur rencontre avec l'Amiral. Les plus vieux, de la première génération de fans, sont les plus nombreux. Comme Dominique, 75 ans : "J'adorais ! Il détonnait pour l'époque ! Je me souviens de ses fesses dans les rues et de la plume sur son sexe qui avait choqué la France de Pompidou !"
Mais contrairement aux idées reçues, Michel Polnareff a aussi conquis les plus jeunes. Comme Jocelyne qui fait partie d'un groupe de quatre fans, venus des quatre coins de la France pour voir leur idole. Ils ont déjà eu la chance de le revoir il y a quelques jours à Londres. "Je suis tombée fan de lui dans le film Podium (où le sosie de Michel Polnareff est interprété par Jean-Paul Rouve), car il y a un passage de Lettre à France. J'ai acheté ce CD, je l'ai écouté régulièrement et c'est là que j'ai eu une révélation : je suis devenue une véritable fan", confie la quinquagénaire originaire de Moselle.
Les plus jeunes comme Tommy, 23 ans, qui a connu sur le tard l'interprète de Holidays, ne rate pas un concert depuis. "J'ai joué La Poupée qui fait non à la guitare, et après, j'ai aimé son sens de la mélodie, j'adhère à tout ce qu'il fait, même les derniers morceaux."
Ce n'est pas Boris Vedel, patron du Printemps de Bourges, qui dira le contraire. "C'est un honneur pour le festival. C'est un punk, un rebelle et l'un des plus grands mélodistes français. Il a 80 printemps, mais pour nous, c'est le premier à Bourges !"
Car Michel Polnareff, c'est un mythe vivant, connu aussi pour ses frasques et son départ de France pendant près de trente ans. Et la spontanéité qui le caractérise n'a pas pris une ride, comme au moment de présenter ses talentueux musiciens anglo-saxons. "Si on me met pas le prompteur, je peux pas continuer !", assumant que parfois certaines chansons étaient "risquées".
D'aucuns croyaient que le show serait aléatoire, mais le chanteur né en 1944 a assuré. Il a fait mentir les pronostics et a comblé ses fans les plus fidèles qui ont, pour certains, quelques regrets. "C'était incroyable, comme d'habitude, juste super frustrant de pas pouvoir se lever et s'approcher !", confie Stéphanie, 44 ans, fan absolu du chanteur.
Malgré ce bémol, l'Amiral a ravi son public et est parti comme il est venu, sur Lettre à France, ultime morceau lancé à son public par l'éternel exilé.
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