Feu! Chatterton de retour avec "L'Oiseleur", un second album capiteux
On les avait quittés à l'automne 2016, à l'issue d'une longue tournée accompagnant leur premier album "Ici le jour (a tout enseveli)", achevée sur un Olympia complet et sous les acclamations de milliers de fans conquis. Les flamboyants Feu! Chatterton n'ont tenu qu'une quinzaine de mois dans l'ombre : les voilà déjà de retour avec un nouvel album, "L'Oiseleur", un 13 titres ciselé, gorgé de tubes.
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Les cinq Feu! n'ont pas pris le temps de souffler
Il nous semble un peu loin aujourd'hui ce "Côte Concorde" d'anthologie qui les a fait connaître avant "La Malinche" et "Fou à lier". Pourtant, le quintet parisien n'a pas traîné, ne s'accordant même pas le droit de souffler depuis la fin de sa tournée à l'automne 2016 – "Ah si, je me rappelle qu'on a pris un week-end à un moment, non ?", s'amuse Clément lors de notre rencontre mi-février.Dès novembre 2016, Arthur (chant) Sébastien (guitare, clavier), Clément (guitare, clavier), Antoine (basse) et Raphaël (batterie) louent un petit appartement dans le 11e arrondissement et se retrouvent à improviser chaque jour tous ensemble devant un ordinateur de 16h à 5h du matin, une phase d'ébauche collective qu'ils adorent.
Puis le chanteur Arthur s'envole quelques temps pour l'Andalousie et Naples, en quête d'ailleurs pour nourrir sa poésie inspirée. Il en revient chargé de souvenirs, de senteurs méditerranéennes, d'images de jardins enchanteurs (l'Alcazar et l'Alhambra), mais aussi de visions de volcan et de lave (Naples, Pompeï). Pendant cette escapade, ses complices restés à Paris avancent sur la musique. A son retour, tous se retrouvent comme par magie au diapason, dans le même état d'esprit.
Leur rock fusionne les genres et les époques
Le résultat est un album très dense, une véritable corne d'abondance pleine à ras bord de propositions, de mélodies, de fantaisie et d'audaces. Des trésors d’inventivité qui se méritent et exigent d'être écoutés et réécoutés avant d'en apprécier toutes les nuances capiteuses. Car il ne faut pas attendre de Feu! Chatterton des tubes instantanés mais des plages intenses, pour certaines obsédantes, dans lesquelles on découvrira encore un détail à la 30e écoute.Faut-il le rappeler ? Feu! Chatterton est constitué de quatre musiciens d'excellence aux goûts variés augmentés d'un chanteur-auteur exalté. Cinq fortes personnalités exigeantes dont chaque chanson fait l'objet de longs débats avant d'en incarner le point de jonction idéal.
A la première écoute de "L’Oiseleur", comme sur le précédent album, Arthur prend toute la lumière. On ne distingue que lui, sa voix magnétique délicieusement voilée et son verbe raffiné. Et puis, au fil des écoutes, le travail de dentelle inouï des quatre musiciens se révèle. A la fois fougueux et délicat, toujours au service de la chanson, leur rock fusionne merveilleusement les genres et les époques, empruntant aussi bien à l’électronique qu’à la chanson française, au hip-hop qu’à la musique de film, au classique comme au jazz.
Une fantaisie à bride abattue, sans règle aucune
"Sur cet album, la règle c'était qu'il n'y en ait aucune", analyse Arthur. "L'idée c'était d'explorer le plus possible pour faire à la fois des choses très rock et très expérimentales." "Nous avons des chemins de composition un peu tortueux", admet cependant Clément. "Certaines chansons ont fait beaucoup d'allers-retours", complète Sébastien. "Nous sommes allés dans plein de directions, et à la fin on a souvent réuni plusieurs morceaux d'environnements différents". D'où cette première impression de richesse et de concentration parfois à la limite du trop-plein.On passe ici de la scansion rap de "L'ivresse" à la cavale cinématique seventies de "Ginger". Puis la douleur lumineuse de "Souvenir" précède les cordes d'un orchestre classique teintées de hip hop de "Tes Yeux Verts" et l'électronique délicate de "Ana". Mais de ces 13 chansons c'est l'envoûtante "Zone Libre" qui démontre le mieux comment le quintet a su s'adonner à toutes ses fantaisies tout en retombant miraculeusement sur ses pattes. Ou comment faire de la pop dansante en mêlant un texte d'Aragon à un formidable capharnaüm d'influences parfaitement maîtrisées (mélopée orientale, notes de synthétiseur, basse qui claque, sirène menaçante).
"L'album n'est constitué que de tensions entre l'envie d'épure et le foisonnement, et entre l'expérimentation et la pop au sein même des morceaux", résume Arthur Teboul.
L'amour, la poésie et la beauté de l'absence
Du côté des paroles, malgré des détours par la nature et le souvenir, le thème central est bien l'amour. Qu'elles aient pour nom "Ginger", "Grace" ou "Ana", Arthur, toujours aussi romantique et lyrique, appelle ses muses "ma tendre amanite", "ma princesse" ou "mon ange" quand il ne les vouvoie pas. Cependant, comme cet album exhale aussi une certaine nostalgie, on l'imagine nourri de quelques ruptures sentimentales dans la vraie vie.Ses textes, qu'il mélange aux voix d'Apollinaire (Souvenir), de Paul Eluard (Le Départ) et d'Aragon (Zone Libre) "résonnaient en nous tous car nous vivions le même genre de choses au même moment", confirme pudiquement Arthur. "En osmose dans la souffrance", ajoute Clément dans un sourire.
Pour autant, rien de plombé ici. Feu! Chatterton se place du côté lumineux de la perte et de l'absence, dans un lâcher-prise plein de sagesse. "Ce qu'on essaye de dire dans cet album c'est plutôt l'acceptation du fait que les choses finissent. Le premier album revêtait peut-être une mélancolie plus bleutée, plus sombre, une façon de se tourner vers le passé avec une pointe de regret. Ce nouvel album est différent, plus lumineux : les choses passent mais on les aura vécues et elles en valaient la peine, elles vivront en nous pour toujours. Cela fait de beaux souvenirs. Et d'autres belles choses sont à venir."
Aujourd'hui, notre club des cinq a surtout hâte de faire péter ces nouveaux hymnes en concert. Et franchement, pour les avoir vus en répétition, on vous promet des étincelles.
"L'Oiseleur" de Feu! Chatterton (Barclay) sort vendredi 9 mars 2018
Feu! Chatterton est en tournée dans toute la France à partir du 16 mars à Nancy, avec une double halte au Bataclan les 9 et 10 avril (voir les dates de la tournée)
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