Roger Kasparian expose enfin ses joyaux des sixties à Paris
Dans les années soixante, peu d’artistes musicaux ayant posé le pied sur le sol français ont échappé à l’objectif de Roger Kasparian. Des Who aux Stones et aux Beach Boys, il les a tous photographiés. Ils étaient jeunes, ils débutaient. Comme les Yéyés, son autre sujet de prédilection. Ses milliers de clichés, magnifiques, ont dormi 40 ans dans des cartons. Il expose pour la première fois à Paris.
Les photos de Roger Kasparian, majoritairement en noir et blanc, sont rares. Elles ont la triple qualité d’être à la fois très belles et documentaires, mais aussi totalement inédites. Avec lui on (re)découvre pour la première fois des icônes à l’heure de leurs premiers pas, une lueur d’innocence ou d’abandon dans le regard, quand la carapace n’était pas encore formée.
Elève appliqué de son père photographe opérateur chez Harcourt, Kasparian est à son affaire pour soigner le cadre et la lumière avec une précision maniaque. Quel que soit le décor, en intérieur ou en extérieur, ses clichés sont impeccables et fascinants. Pour toutes ces raisons, mais aussi parce que que son histoire est folle, nous avions longuement interviewé Roger Kasparian avant sa première exposition en mai à Londres, à la Snap Gallery.
Six mois plus tard, alors qu’il expose à Paris après Lyon, comment va ce monsieur de nature discrète et introvertie dont le monde découvre le travail avec 50 ans de retard ? Le 6 novembre, au vernissage parisien à la Velvet Galerie, Roger Kasparian, 75 ans, est apparu en plein forme, se prêtant de bonne grâce au jeu du bain de foule et aux louanges, tout en nous glissant dans un sourire « J’ai l’impression d’assister à mon enterrement ! ».
Selon son découvreur et agent, Alexandre Stanisavljevic, qui se bat depuis deux ans pour lui redonner la place qu’il mérite dans la photo, Roger Kasparian « revit ». « Ce monsieur très réservé est enfin sorti de sa bulle et s’est ouvert au monde. », nous apprend-il. « Mais il est toujours aussi étonné, aussi humble. En fait, son succès le désarçonne. Il ne le comprend pas. Il ne mesure pas l’importance de son travail. »
« Etant arrivé dans le milieu musical par hasard et pas par intérêt pour la musique, il reste très détaché par rapport à tous ces artistes qui hystérisent les foules, il ne perçoit pas l’importance patrimoniale de la culture pop . Il n’a toujours cherché qu’à faire la plus belle photo du monde. Il se trouve que c’était Gainsbourg ou les Beatles… »
A Londres, où son agent l’a emmené voir sa première exposition au mois de mai, Kasparian a rencontré ses premiers admirateurs. Le fils de David Bailey (grand photographe britannique, figure majeure du Vogue des sixties, ancien mari de Catherine Deneuve, qui a inspiré au cinéaste Antonioni la figure du photographe de « Blow Up ») est venu le saluer en personne. « Il nous a dit qu’il tenait absolument à venir pour dire son admiration à Roger », raconte Alexandre Stanisavljevic, impressionné.
L’engouement n’est pas près de retomber. Après avoir traversé le Channel, son œuvre, un trésor de guerre de quelque 5000 photos, pourrait même bientôt franchir l’Atlantique. Une « influente personnalité de la musique », tombée amoureuse de ses clichés, vient spécialement de Los Angeles ces jours-ci évaluer l’importance du fonds photographique en vue d’organiser une belle exposition aux Etats-Unis.
En attendant, un beau livre de 180 photos est annoncé pour avril chez Gründ. Ecrit par Philippe Manœuvre, tombé lui aussi sous le charme, il sera consacré pour un tiers au rock anglo-saxon avec notamment les Who, les Troggs, les Kinks, les Yardbirds, les Beach Boys, les Beatles, Them, Herman Hermits, Procol Harum, Gene Vincent, Chuck Berry, Wanda Jackson et Sandy Shaw.
Les deux autres tiers seront dédiés à la scène française des sixties avec Françoise Hardy, Johnny Hallyday, Jacques Dutronc, Edith Piaf, Ronnie Bird, Eddy Mitchell et tout un pan méconnu et devenu cultissime bien après les faits, comme Annie Philippe ou Hector et les Mediators.
Cette publication pourrait coincider avec la diffusion d’un documentaire télévisé actuellement en préparation.
L’autre bonne nouvelle, c’est que Roger Kasparian va se remettre à la photo de presse. Il doit shooter les jeunes Plastiscines ces jours-ci pour Rock & Folk. L’histoire est-elle un éternel recommencement ? Non, elle ne fait que commencer.
Exposition-vente jusqu'au 30 novembre 2013
Velvet Galerie
11 rue Guénégaud 75006 Paris
Roger Kasparian sera présent à la galerie le dimanche 17 novembre de 15h à 17h
À regarder
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter