Tri Yann fait ses adieux à la scène à la Cité des congrès de Nantes après 50 ans de carrière
Les Trois Jean qui depuis 1970 ont œuvré à sortir la musique bretonne de son ghetto disent adieu à leur public à Nantes.
Tri Yann fait samedi 11 septembre à Nantes ses adieux à 50 ans de scène, mettant fin à une carrière à la longévité exceptionnelle pour ce groupe qui a su donner une large audience à la musique bretonne.
Lors de cette ultime prestation scénique, les Trois Jean (qui sont en fait huit sur scène) ont prévu d'inviter d'anciens membres et des amis, comme la chanteuse Bleunwenn et son groupe Vindotalé. Initialement prévu le 28 mars 2020, et déjà complet depuis des mois, ce dernier concert devant 2.000 fans à la Cité des congrès de Nantes a été repoussé à de multiples reprises en raison de la crise sanitaire.
"On finit dans la joie et une sorte de partage", sourit Jean Chocun, 72 ans, l'un des membres fondateurs, tout en reconnaissant : "On aura aussi les yeux humides."
"J'ai peur de penser aux dernières notes qu'on va jouer", confie Jean Chocun. "Ça va être difficile, forcément. Quand on voit les gens qui pleurent devant nous, ça nous entraîne", ajoute le musicien qu'on peut entendre à la guitare, au banjo ou à la mandoline.
"Il faut être raisonnable"
C'est lui qui a convaincu ses comparses Jean-Paul Corbineau, 73 ans, et Jean-Louis Jossic, 74 ans, qu'il était temps de raccrocher. "Physiquement, il y a un moment où il faut être raisonnable", glisse-t-il.
Pour les dernières dates de ce "Kenavo Tour", Jean-Louis Jossic avait d'ailleurs peur "de faire la moitié du concert assis", selon Jean Chocun. Atteint par "un problème neurologique", le chanteur principal de Tri Yann, connu pour ses cheveux blonds décolorés en pétard, souffre de douleurs aux bras et aux jambes. "Un fauteuil est prévu pour lui mais il s'en sert finalement très peu", porté "par l'adrénaline et l'énergie de la scène", raconte Jean Chocun.
Sortir la musique bretonne de son ghetto
Cet ultime spectacle de Nantes marque la fin d'une tournée commencée en décembre 1970 à Plouharnel (Morbihan). Les trois jeunes hommes, qui ne s'appellent pas encore Tri Yann, chantent alors la Pastourelle de Saint Julien Maraichine devant une poignée d'amis.
Jean-Paul Corbineau est acheteur pour un supermarché à Nantes, Jean Chocun assistant administratif à la Compagnie Générale Transatlantique et Jean-Louis Jossic professeur d'histoire-géographie. Ils enchaînent les bals bretons et se font vite appeler les "Tri Yann an Naoned" (les "Trois Jean de Nantes" en breton).
Férus de Bob Dylan ou d'Hugues Auffray, ils s'attachent à sortir la musique bretonne et celtique de son ghetto, pour "en faire quelque chose de plus populaire, de plus ouvert", selon les mots de Jean-Paul Corbineau, guitariste et chanteur, lors d'un entretien avec l'AFP en 2020.
L'Olympia dès 1972
Leur premier album est écoulé en quelques heures et, dès 1972, ils font l'Olympia, en première partie de Juliette Gréco, puis deviennent musiciens professionnels l'année suivante. Après des albums plutôt acoustiques, mêlant reprises de chansons traditionnelles et compositions personnelles, Tri Yann amorce un virage plus rock qui reste l'un de ses signes distinctifs.
Avec plus de 3 millions d'albums vendus, des concerts au Zénith, à Bercy, et même au Stade de France, la renommée des Tri Yann n'est plus à faire. Ils ont chanté en Allemagne, en Suisse, en Belgique, en Tunisie, en Géorgie, en Louisiane ainsi qu'au Québec et au Pays de Galles. En France, ils ont battu le record de longévité des Frères Jacques. "Il n'y a que les Rolling Stones qu'on ne bat pas !", plaisante Jean Chocun.
Si la scène est terminée, le groupe a toujours des projets en cours, comme celui d'un album sur l'histoire de la Bretagne racontée à travers les chansons. Pour le reste, Jean Chocun va consacrer son temps libre à la pêche à pied, Jean-Louis Jossic entend publier ses contes et Jean-Paul Corbineau veut voyager en France et à l'étranger.
À regarder
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
-
Salomé Zourabichvili : "La Russie utilise la Géorgie comme test"
-
Se faire recruter dans l’armée par tirage au sort ?
-
La détresse de Cécile Kohler et Jacques Paris, otages en Iran
-
Le fléau des courses-poursuites à Los Angeles
-
Se soigner risque-t-il de coûter plus cher ?
-
Bac sans calculette : les conseils de Lucas Maths
-
Menace des drones : la France déploie ses armes
-
Un couple sauvé des eaux au Mexique
-
Ces méthodes spectaculaires contre les courses-poursuites
-
Opération anti-drogue : 400 policiers mobilisés à Grenoble
-
En Turquie, une femme sauvée in extremis devant un tramway
-
14 milliards d'impôts en plus, qui va payer ?
-
Gaza : comment désarmer le Hamas ?
-
Menace sur les réseaux : 100 000 euros pour t*er un juge
-
Cédric Jubillar : 30 ans requis contre l'accusé
-
Impôts, retraites, que prévoit le budget 2026 ?
-
Rihanna, reine des streams sans rien faire
-
Que changera la suspension de la réforme des retraites si elle est votée ?
-
Salaire : êtes-vous prêts à jouer la transparence ?
-
Ici, des collégiens dorment à la rue
-
Nouvelle éruption d'un volcan dans l'est de l'Indonésie
-
Cœur artificiel : l'angoisse des greffés Carmat
-
Pourquoi le vote du budget peut te concerner
-
Le nouveau ministre du Travail rouvre les débats sur les retraites
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter