Une fausse chanson d'Adele en hommage à Charlie Kirk, générée par l'IA, circule sur YouTube

L'intelligence artificielle permet facilement aujourd'hui de créer des chansons imitant les voix d'artistes célèbres.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La chanteuse Adele au Caesars Palace, à Las Vegas (États-Unis), en 2024. (DENISE TRUSCELLO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)
La chanteuse Adele au Caesars Palace, à Las Vegas (États-Unis), en 2024. (DENISE TRUSCELLO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

"Merci, Adele, c'est une chanson magnifique", peut-on lire parmi les centaines de commentaires élogieux sous une vidéo YouTube rendant hommage à l'influenceur pro-Trump assassiné Charlie Kirk. Or cette chanson a été générée par l'intelligence artificielle (IA) et n'a rien à voir avec la star britannique. L'IA peut désormais créer des chansons à partir de simples invites textuelles, imitant les voix d'artistes célèbres, souvent à leur insu.

Des hommages similaires faits grâce à l'IA, publiés sur YouTube et attribués à des stars telles qu'Ed Sheeran et Justin Bieber, ont accumulé des millions de vues et des milliers de commentaires.

Dans de nombreux cas, les voix ressemblent peu à celles des artistes originaux, mais de nombreux internautes continuent de croire et de s'intéresser aux faux contenus générés par l'IA qui inondent Internet, rendus possibles par des outils bon marché et largement accessibles.

"Je crains que ce qui rendait internet si cool au départ, à savoir des gens vraiment bizarres et créatifs qui faisaient des choses qui les passionnaient pour le plaisir, ait disparu. Cela a été remplacé par des contenus médiocres créés par des escrocs qui cherchent à gagner de l'argent", a déclaré à l'AFP Alex Mahadevan, de l'institut spécialisé dans les médias Poynter. "Nous sommes en train de devenir des consommateurs passifs de 'contenu' et non plus des citoyens numériques actifs et conscients", a-t-il ajouté.

La politique de YouTube exige des créateurs qu'ils rendent public le recours à l'IA. Mais cette mention n'apparaît généralement pas de manière visible, souvent enfouie dans la description de la vidéo, où elle peut facilement passer inaperçue. Dans ce cas précis du faux hommage d'Adele, apparaît, loin dessous la vidéo YouTube, la mention suivante : "Comment ce contenu a été créé. Contenu modifié ou synthétique : le son ou les images ont été modifiés de manière significative ou générés numériquement."

"La ressemblance d'une personne doit être protégée"

Un nouveau groupe généré par l'IA appelé The Velvet Sundown a sorti des albums et rassemblé plus de 200 000 auditeurs sur un compte Spotify vérifié. Sur les réseaux sociaux, le groupe se décrit comme "ni tout à fait humain, ni tout à fait machine".

Cette tendance soulève des questions épineuses quant à savoir si les ressemblances vocales et visuelles doivent être protégées par les droits d'auteur. "Je pense absolument que la ressemblance d'une personne doit être protégée contre la reproduction dans les outils d'IA. Cela vaut également pour les personnes décédées", a déclaré Alex Mahadevan.

Lucas Hansen, cofondateur de l'ONG CivAI, juge peu probable une interdiction totale, mais dit s'attendre à des restrictions dans le domaine commercial. "Il pourrait également y avoir des restrictions sur la distribution, mais les lois existantes sont beaucoup moins strictes envers les contenus non monétisés", a déclaré Lucas Hansen à l'AFP.

Une lettre ouverte de plus de 200 artistes

En juin, la Recording Industry Association of America a déclaré que les principales maisons de disques avaient poursuivi deux générateurs de musique, dont Suno, pour violation présumée du droit d'auteur.

En 2024, plus de 200 artistes, dont Katy Perry et Nicki Minaj, ont écrit dans une lettre ouverte aux développeurs d'IA et aux plateformes technologiques que les outils d'entraînement sur des chansons existantes "dévalorisent notre travail et nous empêchent d'être rémunérés équitablement". Selon ces artistes, "nous devons nous protéger contre l'utilisation abusive de l'IA qui vole la voix et l'image des artistes professionnels, viole les droits des créateurs et détruit l'écosystème musical".

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