Une Maison du slam, lieu de création et de formation, vient d'ouvrir à Tours, une première mondiale

Une Maison du slam a ouvert ses portes mardi 17 juin à Tours, lieu dédié à la création, la formation, la diffusion et la transmission de cette forme de poésie. Il s'agit de la "première" maison du slam au monde, selon ses concepteurs, la Ligue slam et la mairie de Tours.

"C'est l'aboutissement d'un projet porté depuis plusieurs années, ce sera la maison de ceux qui pratiquent et de ceux qui ont envie de découvrir" cette discipline qui consiste à scander des textes, explique, lors de l'inauguration du lieu mi-juin, le co-fondateur de la Ligue slam de France, Laurent Bertrand, alias Mr Zurg. Avec Sylvie Ribes, alias Yopo, ils se produisent au niveau national et international.

Marc Smith, créateur du slam, invité d'honneur

Pour l'ouverture de cette première maison du slam, le duo a convié l'Américain Marc Smith, créateur de la discipline dans les années 1990. Ancien entrepreneur dans le bâtiment, auteur et passionné de poésie, l'homme âgé de 76 ans ne supportait plus les lieux de déclamation et les prestations des poètes qu'il jugeait "ennuyeuses" et "souvent ringardes".

En 1986, il organise alors un tournoi de poésie dans le club de jazz d'un quartier défavorisé de Chicago, le Green Mill. Le slam est né. En France, il faudra attendre 1998 et la sortie du film Slam de Marc Levin, avec Saul Williams, récompensé au Festival de Cannes par une Caméra d'or et à Sundance, pour voir le phénomène s'installer progressivement. Le slam a depuis été mis à l'honneur ces dernières années : en 2024, l'Académie des jeux floraux, plus ancienne société savante d'Europe qui récompense les poètes depuis le XIVe siècle, lui a même décerné un prix spécial l'année dernière, à l'occasion de son 700e anniversaire.

"Rendre les mots plus efficaces et plus percutants"

À Tours, les pratiquants pourront se réunir dans une ancienne ferme, bâtie au XVIe siècle, en pierre de tuffeau qui contraste face à la faculté de droit, dans un jeune quartier d'habitations, de bureaux et d'activités de loisirs. "La Maison du slam est un lieu d'accueil pour ceux qui veulent transmettre des émotions et des sentiments par les mots en les faisant claquer", lance Marc Smith.

Le lieu conservera également les principales archives de la discipline. Le tout est de "rendre les mots plus efficaces et plus percutants", poursuit-il.

Sont prévus notamment des ateliers de slam pour les professionnels et les novices, des conférences ou encore des rencontres avec des vedettes de la discipline. Parmi eux, le champion de France 2024, 4e du championnat d'Europe la même année, Yannick Nédélec.

"Le slam, c'est faire comprendre que la poésie n'est pas réservée à l'élite, que tout le monde peut être poète. Dans une soirée slam, il y a une scène avec des poètes qui s'assument. Et une salle avec des poètes qui s'ignorent. Les textes des slameurs sont extrêmement révélateurs de l'état de notre société", estime l'artiste.

Championnat de France de slam

Les dirigeants de la Ligue slam de France, à l'initiative, avec Grand Corps Malade, de l'action d'éducation artistique et culturelle "Slam à l'école", organisent aussi le championnat de France de slam, dont la finale se tiendra samedi 28 juin au Grand théâtre de Tours. Cette année, Yannick Nédélec entraîne un trio de vingtenaires jusqu'à la finale : Junior, Sagratt et Frip, tous étudiants, participeront à ses côtés.

Très ouverte aux voix contestataires, la discipline avait accueilli des représentants d'Israël et de la Russie lors de la Coupe du monde, organisée en mai dernier à Paris. Les performances s'y faisaient en langue originale, avec traduction simultanée sur grand écran en français et en anglais pour le public.