Pour acquérir le plus grand dinosaure jamais mis aux enchères, "il faut un mécène", regrette l'ex-président du Muséum d'histoire naturelle
Surnommé Vulcain, ce spécimen d’apatosaure va être vendu samedi en France, au château de Dampierre-en-Yvelines, dans la cour duquel il trône depuis le début de l’été. Un marché dans lequel les dinosaures s'adjugent parfois pour plusieurs dizaines de millions d'euros.
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Vulcain a pris ses quartiers d'été, début juillet, à Dampierre-en-Yvelines, au sud-ouest de Paris, en attendant sa mise aux enchères samedi 16 novembre. Il est le plus grand squelette de dinosaure jamais proposé à la vente. L'imposant spécimen est long de plus de 20 mètres et composé à 80% des os d'origine, de la tête à la longue queue. Et "ça, c'est très rare, souligne samedi sur franceinfo l'ex-président du Muséum d'histoire naturelle de Paris, Bruno David, parce que souvent après la mort, les os sont dispersés".
De plus, "c'est très intéressant scientifiquement parce que ça permet de reconstituer l'itinéraire de vie et de mort de cet individu", ajoute le naturaliste, spécialisé en paléontologie et en sciences de l’évolution et de la biodiversité. Il y a environ 150 millions d'années, ce géant herbivore, un "apatosaure, qu'on appelait autrefois brontosaure", précise-t-il, arpentait un cadre beaucoup moins sophistiqué que ce château du XVIIe siècle et fréquentait de vastes zones humides. Ce quadrupède emmanché d'un long cou parcourait ce qui est aujourd'hui l'Ouest américain à la recherche de végétation à dévorer, bien avant que Steven Spielberg n'en fasse l'un des emblèmes de son film Jurassic Park.
"Plusieurs espèces de ces brontosaures vivaient sans doute dans ces plaines du Wyoming et ça peut être une nouvelle", avance Bruno David. Mais pour le savoir, "il faut une analyse précise de son squelette, de ses os, voir les différences avec les espèces connues pour savoir si c'est quelque chose qui vient s'ajouter à ce qu'on connaît ou pas. C'est un intérêt scientifique majeur". À travers cette analyse, "on peut savoir s'il a été malade, s'il avait de l'arthrose, s'il avait été attaqué par un allosaure, un grand carnivore de la même époque, ce qu'il a vécu. Et puis on est capable avec des investigations de savoir quel message environnemental il nous amène à travers l'analyse chimique ou géochimique de ses os. Ça permet d'avoir une fenêtre ouverte sur cette époque".
Trois ans de fouilles ont été menés depuis 2018 par une équipe européenne au Wyoming, avant que l'ensemble ne soit restauré dans le sud de la France, pour être présenté au public et finalement vendu au plus offrant. Vulcain est estimé entre 4 et 5 millions d'euros, mais il faudra sans doute débourser beaucoup plus pour l'acquérir. Car les chiffres du marché sont complètement fous : 44,6 millions de dollars pour un stégosaure vendu cet été, 32 millions pour un tyrannosaure vendu en 2020. Impossible pour un musée de se le payer, "en tout cas, pour le Muséum national d'histoire naturelle", déplore Bruno David.
"Il faut passer par des mécènes. Si le mécène en question acquiert le dinosaure et le confie à un musée, c'est formidable. Si c'est pour le mettre dans son salon, c'est beaucoup moins intéressant. Carnegie, à la fin du XIXe-début XXᵉ siècle, avait acquis un diplodocus. Il l'a mis dans le musée de Pittsburgh et il a fait une série de moulages qu'il a confiée au Musée européen, dont un qui est d'ailleurs à Paris". Mais plusieurs spécimens ont disparu de la circulation, regrette le naturaliste, qui souhaiterait "une protection comme pour les restes archéologiques".
Le contrat de vente stipule toutefois que le futur propriétaire devra laisser l'accès aux paléontologues pour étude de ce squelette. "Il y a quand même des limites à l'exercice, pointe Bruno David, qui doute que le propriétaire accepte que les scientifiques empruntent un os ou leur laisse faire des "petits trous dans les os pour récupérer un peu de poussière".
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