Reportage "La douleur est inscrite dans chaque trait de mon visage" : à Versailles, les statues sont douées de parole grâce à l'intelligence artificielle

Une douzaine de statues du château de Versailles peuvent désormais répondre directement aux questions que leur posent des visiteurs grâce à un outil d'intelligence artificielle.

Article rédigé par franceinfo
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Les jardins du chateau de Versailles sont peuplés de plus de 800 sculptures. (JOEL LE GALL / MAXPPP)
Les jardins du chateau de Versailles sont peuplés de plus de 800 sculptures. (JOEL LE GALL / MAXPPP)

Des statues qui parlent. C'est désormais possible au château de Versailles, depuis ce mois de juillet, grâce à l'intelligence artificielle d'Open Ai, maison mère de ChatGpt, et l'entreprise française Ask Mona. Plusieurs statues dans le jardin du palais royal prennent vie. Avec son téléphone, le visiteur peut leur poser des questions sur leur signification, leur histoire, leurs sculpteurs. Elles répondent de façon ludique, poétique, drôle même. Une nouvelle manière d'attirer la curiosité, et une première en Europe.

Sur son piédestal, figé dans le marbre, Milon de Crotone se fait attaquer par un lion. En trois clics sur l'application du château de Versailles, on peut pourtant dialoguer avec lui. "C'est merveilleux parce qu'on peut comprendre les œuvres d'une façon inédite, se réjouissent des touristes brésiliennes en pleine conversation avec le légendaire athlète grec. Grâce à l'intelligence artificielle, on les admire différemment. Franchement, j'applaudis."

De l'humour en plusieurs langues

En français, en anglais, en espagnol, douze statues du château comme celle-ci sont questionnées plus de 1 000 fois par jour par les curieux. Contexte, matériaux, sculpteur, ces personnages mythiques répondent à tout, même avec humour : " Dis-moi, Milon de Crotone, il y a un lion qui te mord le postérieur, ça fait mal ?" Réponse de la statue : "La douleur est inscrite dans chaque trait de mon visage."

En contrebas des œuvres, une pancarte discrète indique comment s'y prendre pour converser. De quoi attiser la curiosité de Carmen. "J'ai vu le QR code. Je me suis dit : Voyons ce que ça peut donner", confie-t-elle. La touriste norvégienne s'y est essayée, avec une mise en scène d'animaux en plein combat, et elle semble convaincue : "C'est très soigné. On peut admirer tout en écoutant, continuer d'apprendre en même temps".

Moins de lecture... et d'emplois

Quelques mètres plus loin, Daniel prend la pose devant la silhouette du guerrier Achille. "C'est une super idée, s'émerveille le visiteur espagnol. Dans les musées, on lit beaucoup de choses. C'est parfois plombant. Là, juste avec notre téléphone, on utilise les avancées technologiques à notre avantage."

Reste que l'intelligence artificielle ne plaît pas tout le monde, comme Océane, étudiante en art : "J'ai un avis assez réticent dessus parce que ça prend le travail des guides", déplore-t-elle. Sa mère, Christelle,  préfère en revanche voir les bons côtés : "C'est très ludique pour les enfants et même les adultes. D'ailleurs, je pense que c'est pour tous les âges."

Imaginé avec Open AI et Ask Mona, ce projet est gagnant-gagnant, sans aucun centime engagé. Une vitrine pour les compétences des deux entreprises, une nouvelle attractivité pour le Château. Ses administrateurs souhaitent refaire de Versailles le théâtre d'innovations qu'il était au temps de Louis XIV. "Grâce aux progrès technologiques, aujourd'hui, on visite Versailles tel que c'était dans le passé, vante Emmanuel Lecerf, administrateur général du Château. Le fait de pouvoir dialoguer avec des sculptures qui ont 300, 350 ans d'âge, le fait d'avoir une technologie qui nous permet d'être plus authentiques, ça c'est conforme à l'ADN de Versailles."

Prochainement, huit autres statues se mettront à parler aux visiteurs, et peut-être encore plus l'année prochaine, si le succès se confirme.

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