Dans l'atelier des facteurs d'instruments, des artisans passionnés qui font vivre la musique ancienne

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Article rédigé par France 2 - C. Verove, A. Tribouart, N. El Abid, P. Ngankam - Édité par l'agence 6Medias
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Savez-vous en quoi consiste le métier de facteur instrumental ? Il s'agit d'une personne qui accorde, fabrique ou restaure des instruments de musique selon un savoir-faire et des techniques ancestrales. Un métier en tension que les passionnés tentent de transmettre aux jeunes générations.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.


Dans le village de Boissy-L'Aillerie (Val-d'Oise), au cœur du Vexin, résonne un instrument un peu désuet. Des heures durant, Émile Jobin cherche le son parfait. À 73 ans, l'artisan vibre pour les clavecins : "Ça peut être assez long parce que le bois, on joue avec lui, mais il joue avec nous aussi", explique-t-il en spécialiste.

Pour donner vie à cette harmonie ancienne, c'est une autre symphonie qui se joue. L'artisan coupe, rabote, façonne le coffrage en bois et taille la plume qui viendra pincer chacune des centaines de cordes. "Quand j'étais jeune facteur, au bout de 2-3 ans, je pensais que j'étais pas mal, mais je trouve que j'ai bien mis 25-30 ans à être vraiment au point", souligne-t-il.

En 46 ans, Émile Jobin a réalisé 80 instruments neufs. La musique d'époque reprend vie sous les doigts de ses amis musiciens et de son épouse, Bénédicte. "Il y a des clavecins pour lesquels j'ai un coup de cœur. Ça m'est arrivé de dire : ah, ce clavecin, il sonne, c'est incroyable", confie-t-elle.

Une passion qui continue de se transmettre

À Boissy-L'Aillerie, Émile Jobin n'est pas le seul à nourrir cette passion un peu particulière. À 500 mètres de chez lui, vit un autre fabricant d'instruments anciens. Depuis 40 ans, les deux amis continuent de s'inspirer. Henri Hogin, lui, se passionne pour des objets plus petits mais tout aussi anciens. Il recrée des instruments à vent, ici une flûte du 18e siècle conservée par un musée hollandais. Il va la répliquer au dixième de millimètre près pour retrouver un son d'origine.

"J'aime bien quand un instrument sonne bien. Quand il a vraiment les qualités musicales", explique-t-il. Un savoir-faire au service de la musique qu'à 67 ans, Henri Hogin transmet désormais à Jules Leroy Terquem, son apprenti, originaire du village, évidemment. "Je pense que c'est un métier d'avenir. Ça va plus aller dans ce sens-là, de retrouver des pratiques plus pérennes, plus vivantes et plus proches de la nature", estime le jeune homme. Un enthousiasme qui ravit l'artisan : "Ça me fait plaisir, bien sûr, de transmettre et que tout ce que j'ai construit puisse être poursuivi par d'autres", commente Henri.

De quoi offrir un nouveau souffle à la musique ancienne.

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