En Australie, des enfants aborigènes enlevés à leurs parents attaquent le gouvernement en justice
Il n'existe pas de chiffres précis sur le nombre de personnes concernées. Un rapport de 1997 estimait qu'au minimum un Aborigène et un indigène du détroit de Torrès sur dix avaient été enlevés à sa famille.
Des centaines d'Aborigènes de la "génération volée" d'Australie, ces enfants enlevés de force à leur famille au nom de l'assimilation, ont attaqué le 28 avril le gouvernement en justice pour exiger des dédommagements pour le préjudice subi. Le terme "génération volée" désigne des milliers d'enfants autochtones retirés de force à leurs proches, de 1910 jusqu'aux années 1970, pour être placés dans des institutions ou des familles blanches à des fins d'assimilation. Nombre d'entre eux n'ont plus jamais revu leurs parents ou leurs frères et soeurs.
"On ne peut améliorer l'avenir si on ne reconnaît pas le passé"
Tristan Gaven, du cabinet d'avocats Shine Lawyers, a annoncé que celui-ci avait engagé le 28 avril un recours collectif (class action) au nom de près de 800 habitants du Territoire du Nord, estimant que des milliers d'autres seraient légitimes pour rejoindre ce combat.
Dans d'autres États d'Australie, des mécanismes d'indemnisations ont été mis en place. Mais le gouvernement fédéral, qui administrait le Territoire du Nord au moment où ces enlèvements ont eu lieu, n'a jamais fait de même. "Il est responsable d'avoir déchiré des familles aborigènes du Territoire et c'est à lui de faire amende honorable", a dit Tristan Gaven. "On ne peut améliorer l'avenir si on ne reconnaît pas le passé."
C'est le premier recours collectif du genre dans le Territoire du Nord, où vivent 250 000 personnes, dont un tiers d'Aborigènes. Heather Alley, 84 ans, avait neuf ans quand elle fut enlevée à sa mère. Elle affirme que ce traumatisme l'a poursuivi de nombreuses années. "Ils ont effacé des générations entières, comme si elles n'avaient jamais existé", dit-elle. "Je participe à ce recours car je crois que notre histoire doit être racontée."
Un racisme institutionnel
En 1997, un rapport intitulé Ramenez les à la maison et résultant d'une enquête nationale, avait reconnu que les droits de ces enfants avaient été violés et préconisait une série de mesures de soutien. Une des propositions clé de ce rapport - que l'Australie présente des excuses nationales - fut réalisée en 2008.
Mais un quart de siècle plus tard, les victimes dénoncent le racisme institutionnel toujours d'actualité et l'échec des autorités à affronter les problèmes de santé mentale des personnes touchées, même si des financements ont bien été attribués à ses programmes de conseils et au soutien des familles.
Les Aborigènes et indigènes du détroit de Torrès vivent en Australie depuis plus de 40 000 ans et forment la population la plus pauvre et la plus marginalisée du pays. Lors de l'arrivée des colons européens en Australie en 1788, les Aborigènes étaient environ un million. Ils ne représentent plus aujourd'hui que 3% des 25 millions d'Australiens.
À regarder
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter